colere

Saleté de chômage,
Saleté de système !

Ah ce soir, je suis en colère.
Tout est parti d’une conversation futile.
Une personne disait
« Ah , ils sont de plus en plus durs en recrutement,
C’est à peine s’ils ne demandent pas le casier judiciaire de tes parents , maintenant ! »

A partir de là, le ton est monté.

D’abord sur le mot « maintenant ».
Quoi maintenant ?
Pour ceux qui ont subi cela il y a 5, 10 ou 20 ans,
Et qui n’ont pas réussi à remonter la pente,
Ce mot est insultant.
Non, ce n’est pas maintenant,
C’est depuis que la crise dure.
« Maintenant » , c’est le mot de ceux qui étaient encore dans le système
et qui, à leur corps défendant, ignoraient que ces choses-là arrivent.
Maintenant : pour chacun, un maintenant différent.
Il est des maintenant récents
Et il est des maintenant qui durent.
Bienvenue au club !

Et puis, y’en a marre à la fin de ce système,
Et pas seulement de ce système :
Y’en a marre de nos illusions,
De nos attentes
que quelqu’un nous donne un travail,
un revenu,
de la dignité.
Et si je n’ai pas le travail de mes rêves,
Si je n’ai pas le travail de mes diplômes,
Si je n’ai pas le travail de mon expérience,
Si je n’ai pas le travail de ma vie,
Suis-je coupable ?
Suis-je moins respectable ?
Foutaise !

Il y a des ignorants, des aveugles,
Encore complices de ce système qui se déliquifie,
Et qui exercent encore leur petit pouvoir
Au service de ce système.

Aveugles, dis-je, car ils ne savent pas,
Ils ne se rendent pas compte.
Parce que ce système est encore bon pour eux,
Ils estiment qu’il est bon pour tous.
Et même si c’est dérangeant tant de gens sur le carreau,
C’est que, quelque part, ils ont dû le mériter,
N’est-ce pas ?
« Voyez, moi, je suis fidèle, efficace, loyal, adaptable, polyvalente, et tout et tout,
Et rien ne m’arrive, vous voyez ?
Vous voyez pas ? »

Non, je ne vois pas,
On ne voit pas,
Nous ne voyons pas.

Ce système a vécu.

L’ère du salariat de masse a vécu.
L’ère de l’équilibre de l’offre et de la demande a vécu.
L’ère du travail pour tous a vécu.

Que reste-t-il ?
Des hommes,
Des êtres humains,
Qui veulent vivre
Et être respectés.

Bien. Puisque c’est fini,
Passons à l’étape d’après.
Accélérons-la.
C’est terminé le salariat
C’est terminé la fidélité aux entreprises,
C’est terminé la loyauté à des pouvoirs anonymes
Qui permettent l’exaltation des ego.
Oui, terminé.

Passons à autre chose.

( Je l’ai dit : je suis en colère !)

Fratoun, Les Guetteurs, à la boule noire, Paris 2014

“Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur

Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur.”

 

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Moi je me bats pour devenir guetteur…”  Les paroles sont étranges, et la voix plus encore. Mais si vous écoutez bien, ressentirez-vous la sincérité de celui qui chante ces paroles comme il me semble les recevoir  ?

A un journaliste qui demande en quoi ça consiste d’être guetteur (ici), le chanteur, Fratoun, répond presque naïvement mais si bellement : “Parce que être chrétien, c’est être un guetteur, c’est-à-dire attendre le retour de Jésus-Christ annoncé dans la Bible.”  Ailleurs , il explique que c’est un choix de jeunesse (qu’il ne renie pas !), fait avec son frère lorsqu’il a fallu donné un nom à leur premier groupe,  à partir  de ce qui deviendra le chant-phare. Moi, je veux devenir, guetteur

Quant aux paroles , elle peuvent paraître naïves, surannées. C’est qu’elles sont extraites de la Bible, dans une traduction qui n’est pas vraiment liturgique. Ca fait même penser à certaines traductions fantaisistes qu’on voit dans les églises évangéliques. Mais, Fratoun se réclame de l’Eglise Catholique.  Certes, il a fréquenté la très charismatique paroisse Sainte Cécile de Boulogne-Billancourt, avec son curé-gourou controversé, tellement sûr de parler en direct avec le Saint Esprit, mais bon… peut-être cela l’a-t-il influencé, toujours est-il qu’il s’en est affranchi.  Non, il faut le reconnaître, il puise à sa propre source, celle de sa foi, celle de sa prière. Il joue avec les mots, en détourne le sens, les emploie à frais nouveaux. Dans Soundsystem (2012), jouant sur les mots de manière complètement décomplexée, il se dit  par exemple illuminati, illuminé par l’Esprit Saint. D’ailleurs, à la journaliste de KTO qui le présente comme leader d’un groupe de reggae catholique, il la reprend gentiment : reggae chrétien, et même reggae tout court.

Car si Dieu parle à Fratoun, c’est par la musique et spécialement le reggae, pour lequel il est terriblement doué.  La musique, la beauté, Dieu. Voilà tout.

Du reggae, on retrouve d’ailleurs les accents politiques et contestataires que Fratoun assume tranquillement. Dans beaucoup de ses chansons, l’auteur-interprète revendique sans complexe une critique de la société avec des accents révolutionnaires : Soudsystem, à nouveau, mais aussi Zion by bus, morceau étonnant, où il faut rejoindre Sion – Comprendre Jérusalem – par la route. Par la route? Donc Zion by bus.

Il a un charme, ce Fratoun, vraiment. Vraiment ! Même si la théologie est légère, il y a ces accents de vérité quand il chante ” Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

Et puis, il y a ce morceau d’anthologie que je vous laisse chercher et découvrir sur internet ( bon,je vous aide , c’est ici, à la minute 37,25, quand il interprète Redemption Dub devant Chico, fondateur des Gipsy King). Tellement de beauté, d’abandon, de générosité dans son interprétation de cette chanson ! C’est qu’il est vrai, Fratoun, c’est qu’il prie quand il chante. Pudiquement la journaliste relève qu’il était presque en transe, et lui il répond gentiment qu’il préfère fermer les yeux pour mieux intérioriser ce qu’il chante.

Dialogue de dupes ? Non. Il est vrai, Fratoun, il n’a pas une théologie exacte, mais il vibre à l’unisson de la vérité ressentie. Et c’est cela qui est le plus beau. Même pas les mots qu’il chante (bien que très très intéressants, notamment pour leur dimension politique, illustration de l’implication concrète de la foi dans la société), mais la manière dont il les chante… Euh, non, même pas ça. Plutôt, la manière dont il est connecté. Ce jeune homme prie. Ce jeune a été touché par la grâce et, même maladroitement il rend ce qu’il a reçu. Tellement simplement et tellement bellement. Avec Fratoun, il y a une vérité au delà des mots. Peu importe qu’on soit d’accord avec les mots, il y a ce lien à Dieu.

Quand je l’écoute,  ou quand je le vois chanter avec cette profondeur dans l’émission sur KTO, je vibre à l’unisson. Je l’avoue, je tombe amoureux. Je ne suis pas sûr que ce soit de lui, je tombe amoureux de celui dont il est l’amoureux et au service de qui il s’est mis. Bah, j’imagine bien que chacun ne le ressentira pas de la même manière. Les goûts et les couleurs , n’est-ce pas ? Mais, ces accents de vérité, saurez-vous les reconnaître ?

Fratoun, merci. Tu es guetteur d’un libérateur, il est ton Sauveur, ton Rédempteur. Tu es guetteur, oui, guetteur d’un libérateur !

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Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

N’ayez pas peur, a dit le Seigneur,
évangélisez, faites connaître ma bonté.
Il va revenir, je veux le bénir
chaque jour de ma vie faire connaître son esprit.
Quitte la violence va vers la prudence,
il y a une grande abondance dans la maison du juste.

Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

Illuminé, j’attends la bonté, illuminé, j’attends l’éternité.
J’attends Jésus Christ, j’attends le Saint Esprit,
viens Ô mon Dieu, viens prendre toute ma vie.
Cette vie je te la donne car je veux qu’tu la façonnes,
bien qu’on ait croqué la pomme, il nous fait don de sa personne,

Je veux te chanter te louer et veiller sans m’arrêter,
guetter sans jamais douter l’heure de ton arrivée (bis)

Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Moi je me bats pour devenir guetteur, attendre la lueur, mon sauveur

Je veux faire partie de cette maison du cœur,
celle qui nous rassemble nous fait devenir des guetteurs.
Certains confondent foi et religion,
pourquoi ne pas se retrouver dans les racines de l’ascension ?
L’unité dans la lumière,
preuve d’un combat fondé sur le roc et la pierre.
Mais aujourd’hui la maison s’est fissurée,
beaucoup de combattants se sont enfuis exilés.
Si nous sommes frères pourquoi ne pas s’aimer
et si l’ont s’aime pourquoi ne pas être dans l’unité ?
Certains vont avancer, d’autres vont reculer,
mais nous allons enfin combattre du même coté.
Une armée dispersée ne fait jamais beaucoup d’éclat ;
comment le général peut-il guider ses soldats ?
Il faut franchir le pas, la société n’attend pas,
un petit pas d’homme mais un grand pas pour la foi (bis)

Alors bats toi pour devenir guetteur, attendre l’heure, la lueur
Alors bats toi pour devenir guetteur, attendre ton sauveur, ton rédempteur.

Paroles & Musique : François-Joseph Ambroselli.
Arrangements : Les Guetteurs
(c) 2014 Rejoyce Musique.

first-love

Premier amour
par Jennifer Franklin

Le garçon auprès de moi
N’est pas toi mais il
M’est familier dans toutes

Les choses importantes de la vie.
Je passe ma vie
A te trouver encore

Et encore et encore –
Te poursuivant
de mon amour. Et tout

m’y ramenant ?
Affigés par ma
sensibilité, ils me laissent

avec ma musique intérieure.
Je t’aimais avant.
Je t’ai toujours aimé.

Source : closetprofessor.blogspot.fr

baignade dans la rivière

Ils sont cinq ou six jeunes hommes.
Tous beaux.
Ils s’amusent dans l’eau
Et par cette chaleur d’été, on les comprend.

Je les regarde.
Oui ils sont beaux.
Ils s’entendent bien, visiblement.
Probablement tous originaires du même village.
Ils se connaissent depuis l’enfance,
Ils ont appris à vivre ensemble
Ils sont différents mais savent se respecter.

Je les observe du haut de ma cinquantaine,
Et les envie d’une certaine manière.
En tout cas, je me souviens.
Combien j’étais seul, sans amis,
Non pas que je n’en veuille pas,
Mais la vie en avait décidé autrement.
J’aurais aimé avoir leur insouciance,
Connaître cette expérience de vivre au jour le jour,
D’être ensemble tout naturellement, si naturellement,
Et de vivre l’instant présent sans penser, sans soucis.

Ils ne savent pas leur bonheur
De pouvoir partager ainsi leur être avec simplicité
Et qui plus est dans un cadre naturel magnifique.
Ils n’ont pas conscience, peut-être, que cela peut manquer.

Pour ma part, j’y suis soudain attentif
Et me dis que ce qui m’a manqué est peut-être ma plus grande force.
Je ne l’ai pas eu, sinon par miettes éphémères et fugitives,
Alors je sais à quel point cela est précieux.
Il me semble que chaque fois que j’en ai eu l’occasion,
Je l’ai encouragé dans la vie des autres.

Ils sont cinq ou six jeunes hommes
Tous beaux,
Ils s’amusent dans l’eau.

J’aimerais être l’un d’entre eux
A la vérité, je suis à la fois
L’un d’entre eux
Et le lien entre eux
Qui les relie à l’univers.

Je suis le seul à le savoir.

Zabulon