J’ai un gros problème
Je ne sais pas où sont les gens qui sont comme moi

Alors, probablement, ça devient encore plus compliqué
De rencontrer celui qui pourrait être l’homme de ma vie

C’est assez paradoxal je ne crois pas qu’on doive se ressembler
pour s’aimer mais non plus qu’on doive être trop différents

Je ne suis pas intéressé par les lieux qui ne seraient
que masculins que gays ou que chrétiens

Et encore moins la conjonction des trois
Mais alors où sont les gens qui sont comme moi

Cherchant l’amour, la tendresse, le partage
Sans s’enfermer dans aucune catégorie

Les gens assez matures pour assumer leur histoire
Sans s’y enfermer ni y enfermer l’autre

Les gens qui seraient ouverts et curieux de découvrir
Que la rencontre tout à la fois façonne émerveille et ouvre l’avenir

Et le présent.

Je n’ai pas un gros problème à trouver des communautés déjà constituées
Juste celui de croiser la route de la personne qui m’attendrait déjà

Je fuis les communautés, je fuis l’uniformité, je fuis les particularismes
Tout ce qui enferme dans un seul modèle et prive des autres

Je veux m’éveiller chaque matin en m’émerveillant de la vie
Qui renouvelle son invitation à se nourrir de l’inconnu

Je ne conçois pas l’existence autrement qu’une grande aventure
Dans laquelle chaque pas est nouveau et rend meilleur

Et ces pas ça m’arrive oui bien souvent
De souhaiter ne pas les faire seul

Il me semble qu’il y a quelqu’un quelque part
Qui serait comme moi il suffit d’une seule personne

Une personne avec qui ce serait évident et facile peut-être
De s’émerveiller sans cesse et de cheminer ensemble

Découvrant – non, expérimentant – chaque jour
Que cheminer vers l’autre c’est cheminer vers soi

Et se préoccupant seulement chacun du bonheur de l’autre
Comme un cadeau qui renouvelle l’amour en permanence

Que c’est le sens de l’amour humain
(que c’est l’essence de l’amour humain).

Z- 5 juillet 2025

Source image : trouvé sur tumblr (auteur inconnu)

M’aimes-tu ?

Et toi-Seigneur, m’aimes-tu ?
M’aimes-tu plus que ceux -là ?
D’un amour singulier, autre et plein ?

Si longtemps que je marche après toi,
Que je m’efforce de t’écouter, de recevoir
Et de traduire dans ma vie tes enseignements.

Et vois : ma pauvre vie d’homme,
Habité d’une grande espérance,
Celle que tu serais mon ami et mon sauveur.

Vois ma pauvre vie d’homme,
Pas si heureux que ça,
En proie à de multiples contradictions.

Mon ami… mon compagnon de route.
Fidèle, loyal, toujours présent et disponible
Sur un chemin dont on n’a pas dit qu’il serait facile.

Mon sauveur… celui qui me libère
De tous mes conditionnements, mes peurs,
Mais aussi de tous les préjugés et paroles définitives.

Je sais bien que tu m’aimes, Seigneur.
Même si les mots s’enfuient quand il faut l’exposer.
Tu es la source de tout ce qui est vivant en moi.

Peut-être faut-il pour comprendre ce mystère
Que je distingue Jésus mon ami
Et le Christ, celui qui sauve.

Bien sur, c’est le même, un seul Jésus-Christ.
Mais Jésus, c’est cet homme qui a parcouru
La route des hommes et les a rencontrés.

Le Christ, celui qui était avant que le monde soit,
Cet élan vital qui traverse tout homme dans l’ignorance
Et que Jésus Premier né des Fils de Dieu accueille complètement.

« Je l’ai dit : Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous !
Pourtant, vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez !
Lève-toi, Dieu, juge la terre, car toutes les nations t’appartiennent.
» (Ps 81, 6-8)

Vous êtes des dieux et pourtant vous mourrez.
Vous êtes des dieux et vous êtes faits pour la vie
Si vous accueillez la justice de Dieu en vos coeurs.

La justice de Dieu, c’est la paix et la miséricorde.
C’est la vie pour tous ceux qui reviennent à lui
On pourrait dire : qui se reçoivent de lui.

Alors je sais bien que tu m’aimes mon Seigneur.
Tu es venu pour moi, pour tous,
éclairer le chemin une fois pour toutes.

Tu te fais mon ami, un ami exigeant et doux à la fois.
Tu me conduis vers la vie, vers moi-même,
Et c’est tout comme. C’est ta manière d’aimer.

Z – 28 juin 2025

Source image : Représentation du Sacré Coeur, 32×48, acrylique sur papier, par Giovanni Muccitelli

Il est mort, il est parti.
Deux ans déjà et je ne l’ai pas vu.
Il est parti sans un bruit
comme il était venu.

Il était arrivé
je ne sais pas comment
dans le cercle de ceux
qui suivent mes publications.

Ile me parlait
par messagerie privée,
il me parlait de son grand amour,
l’amour de sa vie,
qui s’en était allé
quelques années plus tôt,
et dont il était inconsolable.

Souvent il réagissait
à ce que je publiais,
cela le faisait pleurer, disait-il,
cela le touchait.

Même éloigné de moi,
par son histoire, par son âge,
géographiquement aussi,
il était pourtant présent,
amical, disponible, bienveillant.

Maintenant que tu es parti
sans un bruit que j’entende,
je me demande si de me lire
t’a consolé et fait du bien
ou si cela a précipité ton départ.

Plus d’une fois, tu t’es penché sur mon histoire,
sur mes malheurs, mes misères,
ces évènements qui ont fait
que j’ai souffert de ne pas être aimé
et ai eu du mal à m’accepter comme gay.
Et toi, tu pleurais avec moi
les larmes que je n’avais pas su sortir.

Ces pleurs, ce coeur si sensible
tourné vers un autre que toi,
cette manière de t’identifier à mes sentiments
en me laissant libre de mes mouvements,
c’était comme un encouragement,
le témoignage que moi aussi
je peux aimer et être aimé,
comme tu l’as été de Mike,
ton compagnon de vie,
ton amoureux de toujours
dont tu me confiais admiratif
qu’il était infiniment pudique.

Tu es parti, l’ami,
tu es parti sans prévenir,
tu es parti le retrouver, c’est sûr,
et je n’ai même pas eu le temps
de te dire merci, Guy.

Bon voyage, l’ami.
A la revoyure, qui sait ?
Bon voyage, Guy.

Z – 16/06/2025

Mystère de l’existence humaine.
Cette propension à chercher à l’extérieur
ce qui est à l’intérieur.

C’est vrai qu’à l’extérieur
tout me renvoie à la beauté de l’univers.
Sa beauté mais aussi sa transcendance
ou son immanence.
Le souffle, l’élan vital, l’énergie
qui traverse tout cela
et qui fait que tout m’est donné,
tout parle de moi
et entretient la sensation
sinon d’être partie d’un tout
celle de ressentir
qu’une sagesse éternelle
supporte chacun de ces éléments
d’une manière qui me traverse aussi.

Je puis la ressentir aussi
en m’ouvrant à la merveille que je suis
et en contemplant les potentialités
qui ne demandent qu’à se déployer.

Deux dangers.
Celui de l’idolâtrie de soi-même
tel Narcisse se mirant dans le miroir d’une source d’eau claire
et se noyant dans sa propre image.
Celui de l’idolâtrie de la nature
tel Orphée saisissant la sève des arbres, le rythme des saisons,
mais s’échouant sur la mort de l’être aimé.

Tout parle. Tout transpire. Tout vit.
J’ai besoin de ce miroir qu’est la beauté extérieure
pour savoir que je porte la même en moi
et suis invité à la laisser se déployer.

Mais l’extérieur reste extérieur.
Il n’a d’autre utilité que me révéler à moi-même
et me ramener à l’élan de la création
qui ne s’origine pas en moi.

Narcisse. Orphée.
Deux erreurs dramatiques d’interprétation
de l’existence humaine.
Je ne me fonde pas moi-même.
Je ne fonds pas dans la ressemblance.

Mystère de l’existence humaine.
Cette propension à chercher à l’extérieur
ce qui est à l’intérieur.

Z – 11/06/2025

source photo : internet

Avant, ils ont peur.
Après, ils ont toute audace.

Avant, ils se terrent.
Après, ils s’affichent en plein jour.

Avant, ils ont honte peut-être ?
Après, ils sont fiers.

Que s’est-il passé ?
Ils ne cherchent plus une force
qui viendrait de l’extérieur.
Ils n’attendent plus une confirmation
qu’ils étaient sur le bon chemin
quand ils se mis à suivre
ce Jésus de Nazareth.
Ils n’attendent plus de validation,
ils sont la validation.

Pentecôte.

Esprit qui surgit du fond de l’être.
Source, fontaine et fleuve intarissable
sans lequel je ne peux exister.
Il suffisait que le canal soit à nouveau ouvert.
Jésus, chemin, vérité et vie.
Ce canal-là
qui fait que si c’est vrai
en lui et pour lui,
c’est vrai en toi et pour toi aussi.

Mystère de l’existence humaine.
Cette propension à chercher à l’extérieur
ce qui est à l’intérieur.

Z – 8 juin 2025

source photo : Misa Patinszki, modèle à New Madison