J’veux pas une relation compliquée.
J’veux pas un plan cul non plus.
J’veux pas des “je t’aime” toutes les minutes.
J’veux des baisers volés.
Au coin de mes lèvres.
Des attentions surprenantes mais cachées.
J’veux pas un bouquet de fleur ou une Ferrari.
Qu’est ce que j’en ai à foutre franchement?
L’amour ça s’achète pas.

L’amour c’est les petites conneries du quotidien, qui sont incompréhensibles aux yeux des autres, mais lui il te connaît bien, et ça t’a fait rire, et t’as pensé toute la journée, le sourire au lèvres, à ce crétin.

J’veux un truc spontané, peut être un peu bancal mais vivant.
J’veux des risques, des incertitudes.
J’veux sentir battre mon coeur tellement fort qu’il menacerait d’exploser.
J’veux des rires, des éclats de rires incessants.
J’veux qu’on redevienne des enfants, qu’on redevienne insoumis.
Insouciants.

J’veux un jeu, quelque chose qui peut basculer à tout instant tu vois.
J’veux un truc qui chamboulera ma vie, qui remuera mon coeur.
J’veux une relation complètement dingue qui nique tous les interdits.
Qu’on s’aime et qu’on se dise “amis”.
J’veux trouver quelqu’un qu’a pas froid aux yeux.
J’veux une personne qui aura du courage pour deux.
Parce que moi à part rêver je sais pas faire mieux.
En ce moment.

©Ash, toujours,
tellement vivant,
tellement inspirant,
tellement stimulant
et dérangeant aussi
parce qu’il te pousse
au bout de toi-même.

source texte : blog tumblr de Ash
source photo : Yiorgos Paraskeva

Tu me cherches ? Je suis assis à côté de toi.
Mon épaule est tout contre la tienne.

Tu ne me trouveras ni dans les stupas*,
ni dans les salles des sanctuaires indiens,
ni dans les synagogues, ni dans les cathédrales,
ni dans les messes, ni dans les kirtans*,
ni dans les jambes enroulées autour de ton cou,
ni en ne mangeant que des légumes.

Quand tu me chercheras vraiment,
tu me verras instantanément.
Tu me trouveras dans le plus petit espace du temps.

Kabir dit : disciple, dis-moi, qu’est-ce que Dieu ?
Il est le souffle à l’intérieur du souffle.

Kabir

(*) Le stupa est un édifice religieux bouddhiste, sorte de reliquaire symbolique du corps de Bouddha; le kirtan est un chant dévotionnel indien

Dans ce poème comme dans d’autres que j’ai déjà postés, Kabir, poète indien du XVè siècle, exprime combien la divinité est proche de nous et combien les dévotions peuvent ne nous servir à rien pour le rencontrer si elles nous dispensent de nous ouvrir à l’indicible présence qui est déjà là, tout contre nous, dans le moindre espace infime de temps, pour en pas dire déjà en nous.
Ce Dieu infiniment plus présent à nous que nous-même – dirait saint Augustin, pourquoi aller le chercher ailleurs dans une quête éperdue et vaine ? Avec la grande tradition apophatique, Kabir nous enseigne que sur Dieu on ne peut rien dire, que les mots sont vains parce que toujours en deça de la réalité, et que la rencontre avec la divinité ne peut se faire que par l’expérience d’être présent à soi, plus exactement : à elle en soi.

O Seigneur incréé qui Te servira ?
Chaque fidèle adore le Dieu qu’il se crée ; chaque jour il en reçoit les faveurs.
Aucuns ne le cherchent Lui, le Parfait, le Brahma, l’indivisible Seigneur.
Ils croient en dix Avatars ; mais un Avatar, endurant les conséquences de ses actes, ne peut être l’Esprit infini.
L’Un suprême doit être autre.
Les Yogi, les Sangasi, les Ascètes se disputent entre eux.
Kabir dit : “O, frère, celui qui a vu le rayonnement de son amour, celui-là est sauvé.”

Kabir

Image :

Je n’en ai pas fini avec toi.
J’ai encore des choses à dire.
A te dire
ou à me dire,
c’est tout comme.

Tu es entré dans ma vie,
tu l’as remplie,
bouleversée
et tu es reparti comme ça
l’air de rien.

Avec la promesse
qu’on se retrouverait
qu’on se reverrait
et que tout continuerait.

Je t’ai cru, moi.
Je t’ai attendu.

Je t’ai attendu
même après que tu m’aies insulté
même après ta mauvaise humeur
ou ta colère qui m’indiquaient
que non seulement tu me rejetais
mais que tu rejetais aussi
notre histoire,
une partie de toi,
une partie de nous,
une partie de moi,
oui…

Et cette béance qui reste.

Cette béance
que je ne sais pas combler
que je n’arrive pas à passer
que je ne peux pas laisser passer…

Cette béance
qui s’invite dans ma vie
même quand je ne le sais pas
même quand je ne le veux pas.

Je t’ai attendu
au delà du raisonnable,
au delà de l’espérance.
Ca semblait si loin
de ce que je savais de toi,
de ta loyauté, de ta fidélité,
de tes valeurs,
de tout toi…

Notre amitié,
elle aurait donc si peu compté
pour toi ?

Je peux comprendre
que tu sois fâché
de la confusion
entre amitié et amour,
entre complicité et affection,
entre tendresse et désir,
mais de là à me rejeter,
et si longtemps ?

Tu as bouleversé ma vie.
Même après tout ce temps,
et tout ce mal,
je n’arrive pas à t’en vouloir.

Tu m’as fait touché le ciel.
Ou plus
exactement
peut-être,
en ta présence je l’ai touché.

Mais non,
ce n’est même pas ça :
Le ciel
est descendu
jusqu’à nous,
Il a surgi de nous
et s’est rencontré
lui-même,
s’est réveillé
et émerveillé
en chacun de nous.

Mais je ne le savais pas.
Je ne savais pas
que ça existait
ce genre de choses-là.

Je ne savais pas
qu’on pouvait faire
ce genre d’expérience
mystyco-amico-amoureuse,
je ne savais pas
que ça existait.

Personne ne m’avait dit.
Encore aujourd’hui
personne ne sait me dire.
Je dois me débrouiller seul.

Et, bien sûr,
que j’étais parfois saisi
d’inquiétude
face à cette chose nouvelle,
cette confusion intérieure
que je percevais parfois
et sur laquelle je ne savais pas mettre de mots.
Mais il me suffisait d’être avec toi.

Très bien. Mais je n’en ai pas fini avec toi.
Je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert.
Je le dirai, le proclamerai
que l’amour existe
et qu’il est d’une beauté incommensurable,
d’une beauté telle
que même si tu ne le touches qu’une seconde
cela remplit ta vie
et efface toute autre chose.

Je le dirai
que je t’ai rencontré
et que tu m’as ouvert à l’amour
plus grand que nous,
plus grand que toi,
plus grand que moi,
comme une connexion
à une autre dimension
qui nous dépasse,
qui nous traverse
et nous entraîne.

Et cette béance qui reste
quand tout à coup il semble s’effacer,
comme nous abandonner, m’abandonner…

Cette béance
face à ce vide tout à coup
après qu’on ait goûté la présence
et cette sorte de…
plénitude.

Ca aussi, je le dirai.

Alors,
d’accord,
suis ton chemin
– et je te souhaite qu’il soit heureux !

Et je vais suivre le mien.

Je vais m’enfouir au fond de moi
et rejoindre la plainte lancinante
que tu ne soies pas là.

Je vais trouver cet endroit
où je pleure encore
ta main qui me tient
ton cœur tout donné
ton respir qui se mêle au mien.

Et je vais y puiser
le souffle qui nous traversait
pour continuer à avancer
et faire de ce lien
qui nous rassemblait

une force pour autrui,
une force pour le monde,

une force un peu pour moi
aussi.

Z- 24/02/2025

Photo : Niels Visser sur son compte instagram

Tu as voulu
l’adresse de mon logement
d’étudiant
et,
chaque semaine,
tu as pris l’habitude
de m’envoyer
quelques mots
par la poste.

Rien d’important.
Quelques banalités
qui disaient cependant
que tu pensais à moi.

Je m’y suis habitué.
Sauf à une chose
qui m’a surpris
dès la première fois.

Avant de signer de ton prénom
tu écrivais :
“Bisous”.

Et moi,
dans mon univers,
des garçons
qui se connaissent à peine,
même s’ils sont amis,
ne se font pas
de bisous.

Un jour,
tu l’as vraiment fait,
ce bisou,
en posant tes lèvres sur ma joue.
Rapidement,
mais clairement,
et le regard amusé.

Va savoir pourquoi
tu m’envoyais des bisous
avec quelques mots griffonnés
à la hâte,
apparemment
sans importance…

Moi, je tombais amoureux.

Z- 23/02/2025

Photo : Lucas et Marcus Dobre sur pxfuel

Il s’en est passé des choses depuis la création de ce blog.
Il s’en est passé….
Tellement !

Suis-je toujours chrétien ?
Oui, assurément. Je ne pourrais pas ne pas l’être.
Ce bonhomme Jésus, il me parle encore, il me fait encore grandir en humanité.
Je n’ai pas trouvé mieux que lui pour m’inspirer, me conduire et m’accompagner sur mon propre chemin d’humanité.

Suis-je encore catholique ?
Oui, puisque c’est ainsi. Puisque c’est le fruit de mon histoire.
Mais ça n’a tellement plus beaucoup d’importance…
L’institution et les hommes qui font l’institution sont décevants.
Le message, la perle précieuse qu’est cette révélation d’être aimé inconditionnellement
et d’avoir le droit et le devoir d’être là, tel que je suis, où que j’en sois,
oui, cela demeure, quoi qu’il en soit de l’institution et de ses limites.
Ce message, ce témoignage qui vient de la grande tradition apostolique,
cette expérience inouïe faite par les contemporains d’un certain Jésus
et qui a pu parvenir jusqu’à moi.

Et de l’homosexualité, l’homosensibilité ?
Ouh là ! Que de chemin parcouru !
Chemin d’acceptation d’abord.
Quoi qu’en dise l’institution ou ceux qui se réclament d’elle,
je n’ai pas vu que Jésus et le Dieu de Jésus me rejetassent sur ce seul motif
– ni aucun motif d’ailleurs.
Je peux être chrétien et homosensible. Quoi dire de plus ?
Si Dieu ne me rejette pas, quelle est donc cette bizarrerie que des hommes qui se réclament de lui le fassent ?
Chemin d’ouverture ensuite.
Cette acceptation ne vaut pas que pour moi, elle vaut pour tous les blessés et réprouvés de la terre.
Il n’y a pas un humain qui ne soit racheté, consolé, invité à se joindre à la fête des retrouvailles.

Mais alors la fidélité, la conjugalité, la paternité, etc. etc. ?
Je ne sais pas… Est-ce un sujet spécifiquement lié à l’orientation sexuelle ?
Y a—t-il un autre devoir premier que celui de survivre et de s’épanouir ?
De se développer comme tout être vivant, spécialement le végétal qui le fait sans affect
– les brins d’herbe, les plantes, les arbres –
qui se laisse aspirer par le soleil et monte vers la lumière ?

En soi, l’homosexualité n’est pas un sujet.
Seulement celui de se respecter soi-même, d’être respecté par les autres
et d’aller vers la meilleure version de soi-même.

Dans l’idéal,
je n’ai pas besoin d’affectivité.
Pas besoin de lien préférentiel, pas besoin de sexualité.
Mais c’est dans l’idéal. A la résurrection, dit Jésus.
Quand bien même une femme aurait sept maris successifs issus de la même fratrie,
elle ne sera la possession d’aucun d’entre eux dans le royaume du ciel.
Au ciel, on est comme des anges.
Libérés des contingences affectives, sentimentales sexuelles,
qui sont liées à notre finitude, notre condition humaine,
une création faite de limites que nous peinons à intégrer.

Là,
sur le moment,
alors que je ne suis pas au ciel,
engoncé dans mes limites humaines
dans mes blessures subies, dans mes manques d’amour,
le risque (la tentation ?) est grand de perdre mon chemin,
de me dérouter du seul bien qui vaille :
me trouver moi-même
et, trouvant l’être de mon être,
de me laisser conduire
par le maître, l’essence, l’origine, l’énergie
-prenez le terme que vous voulez –
de toute vie.

En attendant,
je survis,
je subis,
je crie,
je pleure,
je m’adapte,
me sur-adapte.
Je cherche
de l’approbation,
de l’assurance
de l’estime,
de la consolation,
de l’affection,
de la reconnaissance,
de la complétude
aussi,
à la mesure
où je me sens incomplet
où il me manque
quelque chose
que l’autre aurait
et que je n’ai pas.
Et il se peut
que je n’en sois pas toujours
totalement
conscient.

Bref,
je vis dans un monde limité,
j’ai besoin de tendresse,
d’amour et d’amitié.
Et si,
dans cette vie humaine limitée,
je ne l’ai pas reçu en suffisance
notamment pendant l’enfance
– ce qui est le cas de la plupart d’entre nous –
je le cherche éperdument
comme un besoin vital,
fondamental,
dans tous les actes de ma vie.

Où j’en suis, alors ?

A ça :
savoir que j’ai besoin de tendresse
tout en sachant
que celle dont je rêve
n’existe pas sur terre
mais que des bras humains
qui seraient bienveillants et compatissants
pourraient me confirmer
et m’encourager dans mon aspiration
à l’amour sans limité,
comme un signe d’inachevé
qui montre le chemin
vers la plénitude.
.
Peut-être,
le temps de la finitude,
le bien que nous pouvons recevoir les uns des autres
n’a-t-il d’autre sens
que de figurer ce bien de tous à tous
et de nous aider à patienter.

Z – 15/02/2025

Source photo : Unsplash