Dans le monde du soi, pourquoi se met-on, justement, à vivre pour autre chose que soi ? Je veux comprendre parce que moi aussi j’ai cherché. Si Dieu existe, pourquoi ne se révèle-t-Il pas aussi à ceux qui Le guettent? Quelle iniquité… J’ai cherché, mais je ne l’ai pas trouvé. Alors, ils doivent dire, ceux qui savent, et devinent cette présence à leurs côtés. Où L’ont-ils rencontré ? Ils ne connaissent pas leur chance.

Pierre Adrian, Des âmes simples.

Photo : Michel Giliberti


®Sylvain Rabouille

 

– Comment te trouver ?
– Tu ne me trouveras pas. Tu m’as déjà trouvé.
– Mais où es-tu ? Je ne te vois pas, je ne te sens pas
– Vraiment ?
– Sinon… cette sensation que tu es là tout proche, ce désir de te toucher ou être touché par toi.
– Tu vois.
– Mais tu es toujours ailleurs…
– Non. C’est toi qui es ailleurs. Moi, je suis là.
– Alors pourquoi suis-je empêtré par tout ce moi-même qui m’empêche de te voir ?
– Tu l’as dit : parce que tu es empêtré. Lâche…
– Mais…
– Quoi ?
– Mais… S’il n’y avait rien…
– Ah ! La voilà la vraie question de la foi. Celle de la confiance. Soit tu lâches encore un peu de toi. En fait, tout. Et tu avances. Soit tu restes sur le pas de la porte à voir de la lumière entre les jointures, à observer la fête de loin sans t’y laisser inviter.
– Ca paraît si simple et c’est si dur. D’avancer.
– Oui parce que tu te trompes de perspective. Comme souvent, tu considères les choses à l’envers comme dans un miroir, ou comme dans un négatif photographique et tu prends ce que tu vois pour la réalité.
– Je ne comprends pas.
– Essaie d’inverser les verbes de ta dernière phrase : Ca paraît si simple et c’est si dur. Ca donnerait quoi ?
– Ca donne : c’est si simple et ça paraît si dur.
– Voilà qui est juste. C’est exactement cela. Ca “paraît” dur, mais ce n’est qu’une illusion. C’est en fait simple ; il suffit d’être là avec moi. Il n’y a pas d’autre chemin. Arrêter les choses à l’envers, arrêter d’inverser les perspectives. Rentrer en toi pour me trouver plutôt que me chercher à l’extérieur. Toujours plus loin et plus profondément en toi. Donc, en lâchant tes pseudo-sécurités extérieures auquel tu te retiens comme au bastingage d’un bateau qui est en train de couler. Mais plonge ! Rejoins-moi !
– Ce truc-là, d’inverser les mots… C’est un des signes de dyslexie.
– Eh bien, prends-en leçon : pour beaucoup, ce qui empêche d’avancer, c’est cette sorte de dyslexie spirituelle.

Zabulon – 2 septembre 2017

Source image : oeuvre de Sylvain Rabouille, en vente sur son site ainsi que de nombreux autres sujets : sbrartisteblog.wordpress.com

ronny-garcia-photography_the-shipwrecked-ii

 

Je n’en veux à personne
Mais, Dieu, que j’en ai bavé

Je n’en veux à personne
Mais comme cela a duré

Je n’étais que souffrance
Et je ne le savais pas

Je n’étais que souffrance
Cela ne se voyait pas

Tout semblait si futile
A mesure que j’avançais

Tout semblait si futile
Mon édifice s’écroulait

Dans le temps immobile
En moi des choses bougeaient

Dans le temps immobile
Enfin je me retrouvais

Et voilà que tu resurgis
Dieu de mon enfance

(Voilà que)
Tu me ramènes à la vie
Dieu de mon enfance

Il fallait tant de temps
Pour mener tous ces combats

Il fallait tant de temps
Pour que j’assure mon pas

Tu surgis de mon enfance
Toi qui m’as donné la vie

Tu me redonnes confiance
Tu es le Seigneur de la Vie.

Z- 15/10/2016

Source photo : Ronny Garcia Photography

feu-brasier

La quête de l’amour occupe une grande place dans ma vie. Peut-être est ce que j’y accorde trop d’importance, mais que voulez-vous ? Aimer est dans ma nature d’homme, et je crois sincèrement que, la plus grande chose que l’on puisse apprendre est d’aimer et d’être aimé en retour. L’Être Humain est fait pour cela, d’abord. Même la Parole de Dieu met l’Amour au centre de son message. Bien entendu, il y a mille manières d’aimer, mais cela n’est pas mon propos d’aujourd’hui.

Quand j’aime, j’ai besoin de le dire, de l’écrire, de le montrer et ce, peut-être, au risque d’en faire trop. Emballement, coup de cœur et coup de foudre sont logés à la même enseigne : Auberge de la Passion. Il arrive que le feu soit uniquement intériorisé : sentiments non réciproques, ou volonté de ne pas aller trop vite dans la relation pour ne pas effrayer l’autre, en constituent les raisons majeures. Mais le feu est là, et bien là. Comme le feu grégeois, la flamme brûle en permanence au fond de moi et n’attend qu’un souffle (d’amour) pour se transformer en brasier.

Loquito
(Anotherdaylight, 4 mars 2011)

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Homosexualité, une autre lecture du Catéchisme

La sexualité hétéro ou homosexuelle affecte tous les aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de son âme. Elle concerne particulièrement l’affectivité, la capacité d’aimer et de procréer, et d’une manière plus générale, l’aptitude à nouer des liens de communion avec autrui (CÉC, 2332). Il revient à chacun, hétéro ou homo, homme et femme, de reconnaître et d’accepter son identité sexuelle (CÉC, 2333). Tous les baptisés sont appelés à l’usage modéré des facultés sexuelles selon leur état de vie et l’orientation foncière (CÉC, 2348); certains d’entre eux choisissent même la chasteté.

L’homosexualité désigne l’attirance exclusive ou prédominante envers les personnes du même sexe. Sa genèse psychique demeure largement inexpliquée (CÉC, 2357). Il existe une véritable structure homosexuée, non choisie volontairement, peut-être innée, mais plus probablement acquise dans la toute petite enfance (X. Thévenot, Repères éthiques, p.89). Ni les homosexuels ni les hétérosexuels ne sont personnellement responsables de leur orientation. Personne ne la choisit; chacun la constate en soi (CÉC, 2358).

Quant à la Bible, elle parle toujours d’actes homosexuels pratiqués par des personnes hétérosexuelles. Pour les auteurs sacrés, toute l’humanité est hétérosexuelle. Ainsi, pour agir selon la nature, il faut un comportement hétérosexuel. Or, nous savons maintenant que nos sociétés développées comptent environ 90% d’hétéros et quelques 10% d’homosexuels.

Toute forme de discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la couleur, la condition sociale, la langue, la religion, ajoutons l’orientation sexuelle, doit être considérée comme contraire au dessein de Dieu (CÉC, 1935). Il faut donc respecter les droits inaliénables de chaque personne, hétéro ou homosexuelle, sans manquer au devoir de promouvoir et de protéger l’union matrimoniale et l’union civile. D’ailleurs l’union civile ne dévalorise en rien le mariage hétéro; elle en souligne plutôt toute la spécificité.

Un certain nombre d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles foncières – et les Corrigenda au CÉC (1997) rappellent aux traducteurs que l’adjectif foncier n’est pas équivalent de inné. Or, à cause de l’homophobie et d’une discrimination injuste à leur égard, leur orientation sexuelle constitue pour plusieurs une épreuve. Mais les mentalités évoluent et passent progressivement de l’intolérance à l’acceptation. En arriverons-nous au point où il sera indifférent, dans la vie sociale, qu’une personne soit hétéro ou homosexuelle ? Rappelons seulement que le 28 juillet 2002, 800,000 personnes participaient à la messe célébrée par Jean-Paul II aux JMJ de Toronto, et que le dimanche suivant, 4 août 2002, une foule tout aussi nombreuse assistait au défilé de la Fierté gaie dans les rues de Montréal…

La Bible condamne les relations homosexuelles entre personnes hétérosexuelles… mais elle ne dit rien des personnes homosexuelles qui ont des relations en conformité avec leur orientation. Que dire alors ? Ne faut-il pas demander la même chose à tout le monde ? Si une personne hétéro veut vivre dans le célibat, elle peut faire ce choix en toute liberté. Si elle désire un compagnon ou une compagne de vie, elle peut se marier et vivre dans l’amour et la fidélité. De même, une personne homosexuelle, qui veut vivre dans le célibat, peut en toute liberté prendre cette voie. Ne se sent-elle pas appelée au célibat, elle peut s’orienter vers l’union civile et vivre dans l’amour et la fidélité. Il est déconseillé aux uns comme aux autres de papillonner. L’amour, la fidélité, le respect, le partage, le dévouement, le don de soi, l’engagement à l’égard d’un compagnon ou d’une compagne humanisent et enrichissent toute relation.

Il est vrai que la relation homosexuelle ne conduira pas à la procréation, mais il ne faut pas oublier que les relations hétérosexuelles ne sont fécondes qu’à moins de 1% et qu’elles sont toujours, du moins en principe, source de plaisir. (En effet, si des conjoints ont une relation par semaine et qu’ils donnent naissance à un enfant durant l’année, leurs relations conjugales ont été fécondes à 2%. S’ils n’ont pas d’enfant l’année suivante, leur taux de fécondité retombe à 1%. S’ils ont cinq enfants en dix ans, leur fécondité n’est qu’à 1% et va descendre sous la barre du 1% jusqu’à la fin de leur vie conjugale). La fécondité des personnes homosexuelles ressemblera à celle des époux auquels Dieu le Père n’a pas donné d’avoir d’enfants. Ils peuvent, eux aussi, avoir une vie pleine de sens, humainement et chrétiennement, et rayonner d’une fécondité de charité, d’accueil, de dévouement, de créativité et de bienveillance (CÉC, 1654). J’applique au couple de même sexe ce qui est dit des époux sans enfants. Tant les époux sans enfants que les personnes engagées dans l’union civile peuvent remplir des services exigeants à l’égard d’autrui (CÉC, 2379). J’applique encore au couple de même sexe ce qui est dit des époux sans enfants.

Certains, hétéro ou homosexuels, ne se marient pas en vue de prendre soin de leurs parents ou de leurs frères et sœurs, de s’adonner plus exclusivement à une profession ou pour d’autres motifs honorables, comme la vie consacrée ou le ministère sacerdotal au service de la communauté. Ils peuvent contribuer grandement, même sans enfants, au bien de la famille humaine (CÉC, 2231).

Que dire à une personne homosexuelle qui veut vivre en couple ? Si elle est vraiment homosexuelle par une sorte d’instinct inné, avec une attirance exclusive ou prédominante pour son sexe, et si elle désire se rapprocher graduellement de la perfection chrétienne sans se sentir appelé au célibat, il faut lui déconseiller le mariage hétérosexuel et l’inviter plutôt à continuer cette relation faite d’amour, de fidélité et de don de soi. Agissant ainsi, elle ne dénie nullement à la personne humaine sa nature transcendante et sa vocation surnaturelle. Elle ne vise en aucune façon à mettre en danger les droits de la famille, mais estime que tout être humain – hétéro ou homosexuel – a la même identité fondamentale en tant que créature; il est enfant de Dieu et héritier de la vie éternelle. Si l’amour est la vocation fondamentale et innée de tout être humain (CÉC, 2392), peut-on interdire à une personne homosexuelle d’aimer dans le sens de son orientation? Peut-on concevoir un amour fidèle et durable entre deux amis comme entre deux époux ?

La sexualité parfaite n’existe pas. Chacun est affecté dans sa vie sexuée – même la plus «conforme» – de carences plus ou moins importantes (X. Thévenot, op.cit. p.88). L’Église peut avoir une attitude respect, de compassion et de délicatesse, assortie d’une grande bienveillance, à l’égard de tous les «amis» qui ne se sentent pas appelés au célibat et qui désirent vivre avec un compagnon dans l’amour mutuel et la fidélité. Un tel engagement vaut d’être soutenu.

Que conclure au plan pastoral ? Vivement l’union civile ! Oui, pour les personnes qui présentent des tendances homosexuelles foncières et exclusives, désirent cheminer dans l’amour et la fidélité, choisissent de s’aimer au mieux et se sentent incapables de supporter une vie solitaire. Proposons-leur de tendre à la stabilité, à la générosité et au don de soi, en tenant compte de leur orientation, et souhaitons-leur d’être heureuses. Laissons le jugement sur les personnes à la justice et à la miséricorde de Dieu.

Et nenni au papillonnage sexuel ! «Vu la fragilité de la nature humaine, il n’est pas vrai que, pour les âmes, le chemin le plus étroit soit toujours le plus sûr» (S. Alphonse). »

Note : CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique + N° paragraphe

 

Père Roger Poudrier, franciscain, in Miséricorde, 2005

13 réflexions sur “Homosexualité, une autre lecture du Catéchisme”

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Publié le 3 janvier 2013 sur le site de Loquito, désactivé par son auteur, anotherdaylight.wordpress.com