Un jour, peut-être,
tu diras que tu te sens bien avec moi.
Tu poseras ta main sur moi,
ou tu me souriras
d’une manière étrange et nouvelle pour moi,
ou ce sera un bisou plus appuyé que d’habitude,
ou autre chose dont tu me feras la surprise.
Et je saurai.
Je saurai que tu veux bien de moi dans ta vie.
Pour le moment,
Je me force à ne pas le vouloir.
Je ne veux rien choisir,
rien imaginer, rien espérer,
pour ne pas être déçu
ou rejeté ou abandonné.
Je ne veux pas que mon coeur chavire
et me retrouver dans cette situation
où je serais l’amoureux qui soupire
en vain auprès de l’ami,
ni dans celle de l’amoureux éconduit
qui ne saurait plus retrouver
le chemin de la sérénité.
La différence entre l’amitié,
la complicité et le sentiment amoureux
semblent si ténues. A quoi ça tient?
Je sais
à quel point le besoin de tendresse
peut illusionner de l’intérieur,
combien le désir d’être aimé
peut tromper et faire franchir
des barrières illusoires,
et qu’un coeur pressé de se donner
peut projeter et hâter des choses
au risque de se faire mal.
Mais voilà, juste aujourd’hui,
là, maintenant,
je sais au moins une chose :
Je suis bien avec toi.
Z.
—-
Un petit texte sur la difficulté à distinguer entre l’amitié et l’amour. Pour distinguer les deux, on introduit en général la notion de désir. Là où l’amitié se contente de la présence et la connaissance de l’autre tel qu’il est, l’amour voudrait se recevoir et se donner. Ce qui suppose également une érotisation de la relation. En réalité, cela n’est pas si simple. Le besoin de tendresse, à recevoir ou à donner, vient tout fausser. La tendresse non reçue suffisamment, dans l’enfance probablement, va rejaillir plus tard, et, en quelque sorte, demander son dû, passé l’âge de l’érotisation adolescente. Devenu adulte, la question devient alors: comment distinguer le besoin de tendresse et le sentiment amoureux ? En théorie, c’est simple ; en expérienciel, c’est pas si simple.
Photo : Josh O’Connor et Alec Secareanu,dans Seule la terre (2017)
Ce texte m’a fait couler les larmes sur mes joues, c’est tellement vrai, cette soif d’amour, de tendresse … et cela va en s’accroissant avec l’âge … d’autant plus lorsqu’on à vécu un grand amour durant près d’un demi siècle … et qu’on se retrouve tout seul … Merci Z
Guy de Valk Articles récents…3/ Deuxième Chapitre – Mon Adolescence
Amour, amitié, désir, érotisation, tendresse, donner, recevoir, se donner, se recevoir, sentiments… Que les frontières sont ténues entre les uns et les autres. Et qu’en est-il de l’amour qu’on nomme Agapé ? Il est amour, sans être désir.
Il y a des amitiés, quelquefois amoureuses, de fortes complicités, sans désir, des communions entre deux êtres bien plus fortes que tout, et des désirs intenses qui n’ont rien à voir avec l’amour.
L’amour et l’amitié ne seraient-ils pas des sentiments, juste à des degrés différents ? S’y greffe alors du désir, ou pas. Rien n’est automatique, rien n’est obligatoire chez l’être humain.
De l’amour et de l’amitié peut naître du désir. Du désir et de son incarnation peuvent naître de l’amitié et/ou de l’amour.
Trop de catégories, trop de casse-têtes inutiles.
Vivre, avec son coeur, son corps, son esprit. Vivre, tout simplement.
Hello At N’go. Je suis d’accord avec tout ce que tu dis. Vivre, tout simplement, quand il ne s’agit que de soi, après tout, c’est pas si compliqué…. Mais quand la relation à l’autre est engagée, ce qui est complexe, c’est cette alchimie qui permettra aux uns aux autres de vivre en s’accordant harmonieusement sur leurs désirs, même inconscients. Pour ce qui est de l’agape, il s’agit d’un autre amour, désintéressé vis-à-vis de l’autre ou des autres et donc sans désir. Désintéressé, ce qui suppose être libre de ses propres besoins et attachements, ce qui somme toute est très rare. Aelred de Rielvaux s’efforce de clarifier cette question, à mon sens, sans y parvenir réellement. Dans les Ecritures, l’agape est plutôt employé pour désigner l’amour de Dieu, l’amour déposé en Christ, l’amour qui va de concert avec la foie et la charité. Et au rang des agapetos (biens-aimés), Jésus en premier lieu, le bien aimé du Père (Mt 3,17 ; Mc 1, 11; Lc 3, 22) et les nombreuses occurences employées par St Paul pour s’adresser à ses frères “bien aimés”… Ceux qui sont aimés dans l’amour du Seigneur. Sans intérêt, sans désir, sans possessivité, aimés pour eux-mêmes comme Dieu les aime.
Plus prosaïquement, dans ce petit texte, je ne parlais clairement pas de l’agape…mais du besoin de tendresse qui peut faire confondre amitié et amour humain, ou désir d’amour humain.
Et en complément.. c’est l’agapé qui est le sujet du fameux hymne à l’amour de St Paul en Corinthiens 13 :
(4)… agapè est patiente,
l’agapè est serviable,
elle n’est pas envieuse ;
agapè ne se vante pas,
elle ne s’enfle pas d’orgueil,
(5) elle ne fait rien de malhonnête,
elle ne cherche pas son intérêt,
elle ne s’irrite pas,
elle ne médite pas le mal,
(6) elle ne se réjouit pas de l’injustice,
mais elle se réjouit de la vérité ;
(7) elle pardonne tout, elle croit tout,
elle espère tout,
elle supporte tout. …
(8) … L’agapè ne succombe jamais.
Extrait tiré d’un intéressant commentaire qu’on trouvera ici : http://biblique.blogspirit.com/archive/2009/01/19/agape-amour.html