recensement

“En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. –

Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli..”

(Luc 2, 1-6)

Et donc, il y eut un recensement.

C’est en tout cas ce que nous affirment Luc concernant les circonstances de la naissance de Jésus. C’est d’ailleurs le récit le plus détaillé.

Certains y verront l’indice que Luc est très bien renseigné et aurait reçu des informations précieuses de Marie elle-même ou, en tout cas, de la parenté même de Jésus ou de très proches témoins. D’autres trouveront dans la multiplication des informations données qu’il y a anguille sous roche et interrogeront le zèle de Luc à donner tant de détails, là où les autres évangélistes en donnent si peu. Matthieu mis à part.

La question des dates n’a pas plus d’importance que ça, pour la foi, mais citons-là pour le principe. Donc, d’après Luc, Jésus serait né sous le règne de César Auguste. Autre indication importante, cela eut lieu sous le règne de Hérode le Grand, mentionné par Mathieu, qui est décédé en -4.

On parle d’un “premier” recensement effectué alors que Quirinius était gouverneur en Syrie. D’après les sources que nous possédons, le fameux Quirinius était gouverneur de Judée après le règne d’Archelaüs mort en 6… Ca se complique ! A moins de supposer que le dit Quirinius avait déjà des fonctions dans la région avant d’être légat de Judée. Ou que Luc se trompe en confondant et mélangeant différents évènements et personnages historiques ? Mais alors pourquoi lui qui est si précis prend-il le temps donner tous ces détails ?

Un recensement, disions-nous. Un “premier recensement”.

Les historiens disent qu’il y eut un recensement dans l’Empire romain en – 8 et que celui-ci ou un similaire (entre le temps où c’est décrété et le temps où c’et fait !) vers – 6 sous Hérode le Grand. Quirinius aurait lui aussi procéder à un recensement vers 7 après JC : le même recensement ? un autre recensement? Sur le même secteur administratif ? Un 2ème recensement, un recensement complémentaire ?

Les questions ne manquent pas. Mais alors, pourquoi c’est important ? Il me semble que c’est pour deux raisons.

D’abord, l’attestation historique de l’Incarnation. La foi des premiers chrétiens est centrée sur le mystère pascal et la proclamation que Jésus est Fils de Dieu, au risque que, dans l’imaginaire merveilleux de certains, on en vienne à imaginer un être éthéré, venu tout droit du ciel, issu selon la mentalité de l’époque comme de la “cuisse de Jupiter”. Or Jésus est né et a vécu comme un homme, il a partagé notre humanité comme on dit parfois. Alors de même qu’il est important de proclamer qu’il a été “crucifié sous Ponce Pilate”, attestation historique qui fait partie intégrante de la profession de foi (credo) des chrétiens, il était important de dire qu’il est né sous le règne de l’empereur Auguste, alors qu’Hérode le Grand était monarque était en Judée.

Ensuite, le recensement. Il est bien difficile de savoir quand a eu lieu ce recensement, sur quel mode d’organisation, s’il y en eût un premier, puis un deuxième, etc. Mais au delà de l’historicité, recevons ce que l’on nous donne : Luc affirme qu’il y eut un recensement. La signification théologique est simple : il a été compté parmi les habitants de ce pays. Laissons les pointilleux exercer leur sagacité pour savoir si Joseph avait fait ses démarches administratives avant la naissance ou juste après. Et accueillons cette bonne nouvelle : Jésus qui naquit dans la famille de Joseph et de Marie est compté comme l’un d’entre nous. C’est le sens profond de ce recensement, en tout cas de la raison qui motive Luc à nous le mentionner.

Comprenons bien : il y eût un recensement. “Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa propre ville” nous dit le texte. Et Jésus était de la partie. Dans ce comptage de ce qui fait la famille humaine, Jésus est pris en compte. Il en est.

Je me souviens avoir entendu un jour une homélie de Noël portant sur le fait que ce n’était pas bien de faire un recensement au motif que ce serait interdit dans l’Ancien Testament (2 Samuel 24, 1 Chroniques 21) et que dès sa naissance Jésus sauve ainsi le monde, en contrebalançant l’effet négatif du recensement mauvais par nature. Il me semble que c’est un contresens terrible. Si le recensement du peuple est désigné comme une faute dans l’Ancien Testament, c’est parce qu’il semble comme une usurpation de pouvoir sur les droits de Dieu. Le seul vrai roi d’Israël, c’est Dieu. Vouloir dénombrer le peuple pour lever des impôts ou constituer une armée, apparaît comme un manque de confiance en Dieu. Ce n’est pas le nombre qui fait la force d’Israël, quel qu’il soit. C’est la confiance en Dieu, scellée dans une alliance irrévocable.

Dans la mention qu’en fait Luc, le recensement ordonné par César Auguste ne relève pas de cette catégorie. Il apparaît – au moins dans la manière d’écrire de Luc – d’une neutralité absolue. Peut-être parce que Auguste n’est pas lié par la première Alliance. Surtout, Luc met en avant la démarche humble de Joseph qui s’acquitte sans réserve ni plainte du devoir impérial qui lui revient, occasion de retourner à la ville de ses Pères. Jésus ne vient donc pas remettre en cause le système politique et administratif. Il va naître à l’occasion d’un dénombrement de population. Il va être compté lui aussi parmi les habitants du pays.

La seule différence, c’est que Dieu va, en quelque sorte, annoncer la nouvelle de sa naissance, et ainsi les anges, les bergers, les mages pourront venir reconnaître ce petit homme comme un des leurs. Cette reconnaissance prend la forme d’une révélation, d’une “épiphanie” à travers cet enfant, Dieu révèle son plan de salut pour l’humanité, il réalise sa Promesse. Si l’on regarde bien, il y a des éléments qui ressemblent aux autres théophanies, celle du baptême de Jésus, ou celle de la Transfiguration : un homme nommé Jésus qui, en présence de témoins en humanité, reçoit cette confirmation de Dieu lui-même: “Tu es mon Fils bien aimé, en toi j’ai mis toute ma confiance”.

Ce que l’on peut comprendre ainsi : En ton humanité, je révèle ma splendeur. Sois Homme, pleinement homme, et je montrerai à travers toi que je suis déjà là pour eux. En te recevant, en te voyant, ils auront le chemin.

Donc cette théophanie. Genre littéraire? genre théologique ? Oui sûrement mais pas seulement.

Il y eût un recensement. Et Jésus était compté comme l’un des habitants de l’époque.

Arrêtons de rêver l’évènement de Noël : avec Jésus, Dieu se révèle dans l’humanité. Et dans cette humanité, il fait des merveilles, pas en son extérieur. “Un sauveur nous est né“…et c’est un petit d’homme. Puissions -nous ouvrir nos yeux, notre coeur et nos mains pour le reconnaître en chaque homme que nous croisons et par, notre attente, notre confiance, accueillir, réveiller, encourager la présence de Dieu en chacun.

Source image : themoderngay

Poussin, Le baptême de Jésus

« Et nous, que devons-nous faire ? » (Luc 3,14)

Et nous, aujourd’hui, que devons-nous faire ?
Question qui taraude nos existences. comment bien faire son métier de femmes et d’hommes, de chrétiens? Question abyssale en ces temps qui sont les nôtres. Que faire qui fasse du bien à l’humain? Qui le console, le restaure, le soutienne, lui donne encore espérance et courage. Que faire face à l’incertitude qui inquiète, parfois angoisse nos histoires personnelles comme collectives. Que nous faut-il faire devant la complexité du monde que trop voudraient réduire à des raccourcis aussi saisissants que mensongers ? Nous aimerions parfois qu’une sentence en finisse avec notre inquiétude et imaginer alors trouver le repos en mettant en oeuvre un commandement posé d’en haut et une fois pour toutes. Sans sourciller. Sans réfléchir. Mais non : l’Evangile invite au courage du questionnement.

Véronique Margron, La Vie n° 3367, 10 décembre 2015.

On peut se quetsionner à tout âge. Dans l’image ci-dessus qui représente le baptême du Christ, réalisé par Nicolas Poussin, on voit nettement trois hommes assister au baptême réalisé par le Baptiste. trois hommes, trois âges, trois moments de la vie. Il est toujours temps de se questionner ! Les trois hommes ont en commun que , chacun à leur manière, ils désignent ou regardent non pas directement le Christ mais l’Esprit Saint qui éclaire la scène et donne le sens de cet évènement.

Pour une analyse plus complète, voir l’excellent commentaire de Serge Ceruti sur cette oeuvre, publié sur le site de Prier.com sous le titre un groupe d’hommes au bord de l’eau.

et-nous

Ainsi, les foules, les publicains, les soldats s’en venaient auprès de Jean le baptiste et lui demandaient :  “Et nous, que devons-nous faire?” (Luc 3, 10-18)

Et nous, que devons-nous faire ?

Nous, les hommes attirés par d’autres hommes,
nous qui sommes initiés à la beauté de Dieu par le même genre,
qui nous sommes appelés à la complétude par l’amour du même sexe,
nous qui touchons la vérité de l’Homme par celui qui nous ressemble;
nous qui somme sensibles à la beauté de l’homme, intérieure, extérieure,
nous qui avons notre coeur en émoi, et parfois notre corps aussi, à la vue d’une autre homme,
nous qui sommes sensibles, homo-sensibles,
ou homosexuels, comme ils disent,
que devons nous faire ?

Partage !
“Celui qui a deux vêtements qu’il partage avec celui qui n’en pas,
et celui qui a de quoi manger qu’il fasse de même !”

Fils de la Lumière, tu entres dans l’amour de Dieu par ta connivence avec le même,
et tu illumines de l’intérieur ton identité en laissant advenir cette sensibilité,
ne le garde pas pour toi, ne t’enferme pas sur toi,
partage cet amour avec qui en a besoin, de l’un ou l’autre sexe.

N’exige rien , sois juste.
“N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé.”
Découvrir la beauté de l’amour ne te confère ni pouvoir ni privilège.
Ne revendique pas ta condition, elle est un don du ciel, pas une conquête.
N’exige rien de plus qu’un autre au motif de ta sensibilité, ce serait un non-sens.
Tu n’es pas comptable de l’amour de Dieu, qui donne à foison, comme il l’entend.

Ne fais pas violence…
“Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde.”
Découvrir l’Amour et le savoir si proche et si présent ne doit pas te mener au combat.
La Paix et l’Amour vont ensemble : il n’y a rien à revendiquer, personne à accuser, quand on aime.
L’amour doit t’emmener plus loin que le combat stérile et partisan pour revendiquer Dieu sait quoi.
Si tu as été touché par l’Amour, tu as déjà ta victoire.

Que dois-tu faire ?

D’abord être juste envers Dieu, envers les autres et envers toi-même.
L’amour est plus qu’un don de Dieu, il est Dieu lui-même.

Si tu es touché par l’Amour, il est temps de te préparer à le recevoir en plénitude.
Car il vient, et il saura partager le grain de la paille.
Le grain pour le grenier, la paille pour le feu qui ne s’éteint pas.

Il vient le Seigneur, pour baptiser dans le feu et l’Esprit.

Il est temps d’aller plus loin dans l’Amour,
un amour qui passe la forme et le genre,
un amour qui va te restaure dans ta dignité première
de fils désiré et bien aimé du Père.

Seras-tu prêt?

Z – 14/12/2015

Businessman with crown sitting at desk

Jésus répondit :
« C’est toi-même qui dis que je suis roi.
Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.

Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »

(Jn 18,37)

 

 

“Je suis né et venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité”

 

Jeu de mot imperceptible en français sur le fait d’être roi. Certaines traductions préfèrent faire dire à Jésus : “tu l’as dit, je suis roi”, et cela est correct aussi. Mais de quelle royauté parle-t-on ?  Sinon celle de la sagesse perdue pour les rois de la terre et retrouvée en Jésus. Celle que l’on retrouve aussi dans le règne-modèle du roi Salomon.

La sagesse-vérité,
la sagesse fondement,
la sagesse qui révèle
d’où l’on vient et où l’on va
sans erreur possible sur la trajectoire.

Je suis roi (Basileus), pas un roi de pouvoir, un roi de de fondement. (‘Basileus‘  vient de ‘Basis‘, qui désigne souvent “les pieds”, c’est-à-dire à la fois ce avec quoi on marche et ce sur quoi on s’appuie, ce qui fonde, ce qui est sûr et fait aller de l’avant)

Je suis roi,
pas un roi de pacotille,
pas un roi qui gouverne à la surface des choses,
pas un roi imbu de son importance parce qu’il tient des êtres et des choses sous sa domination.

Je suis,
assis en ma base, posé en ma base.

Je sais d’où je viens, et où je vais.
Cela seul compte : la Vérité de ce que je suis,

La vérité d’où je viens, de qui je viens,

Et ultimement à qui je dois révérence.

Je suis né et venu dans le monde,
pour cela :

Cette vérité,

Qui est en moi,
Qui est en toi.

Ton origine et ta destination,

Ne te perds pas en chemin !

 

Z –  22/11/2015

 

Isseyemiyake20015_MEN_2015AW_03

Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat
et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues,
et les places d’honneur dans les dîners.

(Marc 12,38)

 

Vêtement d’apparat, vêtement d’apparence…

Décidément ! L’aveugle lâche son manteau pour se laisser propulser à Jésus, les scribes eux revêtent « un vêtement d’apparat ». Ne vous y trompez pas, dit Jésus, dans cette longue tirade sur l’hypocrisie et les impasses auxquelles mène le fait de miser sur l’apparence.

 

L’apparence est trompeuse pour soi : on finit par y croire, c’est tellement plus facile et agréable d’adhérer à l’image idéale de soi ; mais elle est aussi trompeuse pour les autres. Cela paraît encore plus grave lorsqu’on est chargé de donner l’exemple et d’accompagner ou conduire les autres à Dieu. D’où probablement ce jugement sévère de Jésus à l’encontre de ceux qui se promènent en « vêtement d’apparats et aiment le salutations sur les places publiques » (Mc 12,38).

 

Etymologie grecque 

Le mot grec qui a été traduit par « vêtement d’apparat » est stole, il désigne les longues robes que les prêtres, rois  et toute personne d’importance portent à l’occasion de l’exercice de sa fonction, pour en montrer la dignité. Mais c’est aussi le terme qui a donné en français le mot « étole », étant entendu qu’il ne s’agit pas à l’origine d’une bande de tissu en forme d’écharpe mais d’un grand habit qui recouvre, attaché ou pas, et qui indique la dignité de la fonction qui est exercée. Il faut imaginer que les étoles liturgiques primitives ressemblaient davantage à des chasubles qu’aux étoles actuelles des prêtres et diacres.

 

Poursuivons. Ce qui est intéressant, c’est que stole vient du verbe stello qui, en grec, a plusieurs sens. Polysémie très riche dans laquelle nous n’allons pas choisir :

  • D’un côté, il renvoie à l’idée d’ajuster, arranger, mettre de l’ordre, s’équiper ou se préparer. Mettre cette robe, c’est donc afficher clairement une fonction, se préparer et s’arranger pour exercer cette fonction. C’est le sens de l’étole liturgique.
  • D’un autre côté, le mot est employé pour désigner une mise à distance, une séparation. En 2 Th3, 6 Paul recommande de s’éloigner (stello) de tout frère qui mène une vie désordonnée et n’applique pas les règles ou conseils reçus.

En 2 Co 8, 20, c’est le mot que Paul emploie pour signifier qu’il se met à part des collectes d’argent qu’il a à gérer. On le traduit habituellement par « nous agissons ainsi afin d’éviter que… ». Bel exemple qui montre la polysémie active du verbe stello, polysémie évidemment intraduisible par un mot à mot : à la fois “agir, s’arranger, prendre des mesures pour”, et “se mettre à distance, se séparer, s’éloigner”.

Outre ce passage, dans le Nouveau Testament, le terme stole est utilisé pour désigner la robe dont on revêt le fils prodigue qui rentre chez lui (Lc 15,22) , c’est également le vêtement du jeune homme qui reçoit, au tombeau vide,  les visiteuses du matin de la Résurrection (Mc 16,5). Et surtout, il revint cinq fois dans l’Apocalypse pour désigner les robes blanches revêtues par les uns et les autres, ou lavées du sang de l’agneau (Ap 6,11 ; Ap 7,9; Ap 7, 13; Ap 7,14 ; Ap 22, 14).  Stole désigne donc un habit insigne. On est revêtu de la beauté et de la dignité de Dieu. Depuis la Résurrection, revêtu d’un vêtement resplendissant, blanchi dans le sang de l’agneau.  Qu’ils sont de piètres singes, ces scribes qui paradent sur les places publiques croyant  être devenus importants parce qu’ils se réclament, par leurs habits et leurs manières, d’une dignité qui n’est pas la leur.

 

vet-blanc-ysl

Revêtir la stole, c’est rendre Dieu présent à tous

Revenons à stole, notre vêtement d’apparat. Il s’agit donc d’une grande robe que l’on revêt parce qu’on va exercer une fonction sacrée, elle indique non pas tant la dignité de la personne qui l’exerce que celle de la fonction exercée. Mais alors, il ne faudrait pas que le porteur de la stole en vienne à vouloir capter la dignité de cet habit pour lui. Ce serait une tromperie. Une tromperie d’autant plus dangereuse que ce seraient ses faiblesse humaines qui seraient alors mises en avant et comme « sacralisées », alors que revêtir la robe veut au contraire montrer que le porteur s’efface derrière la dignité, la pureté, de la fonction.

Revêtir cette robe sépare aussi, elle met à distance. Mais encore faut-il bien comprendre. Il ne s’agit pas d’une mise à distance du commun des mortels par rapport à celui qui porte la robe. Cela n’aurait pas de sens. Si l’on tient le premier sens qui est celui de revêtir une dignité qui ne nous appartient pas, c’est pour justement montrer que le Tout Autre, Celui de qui on ne peut s’approcher qu’avec crainte et tremblement, se rend proche. Se rend proche de tout un chacun.

Revêtir la stole, c’est rendre Dieu présent à tous.

Voilà pourquoi Jésus est si dur avec ceux qui, loin de rapprocher le peuple de Dieu, contribuent à l’en éloigner. Ils sont une caricature de la relation que Dieu veut avoir avec son peuple. Ils ont détourné le sens de leur fonction. Portant la stole, ils étaient censés manifester la présence de Dieu au milieu de son peuple, et au lieu de cela, par des comportements hautains, pétris d’ego, ils découragent le peuple.

vetement-apparat

 

Encore une affaire de vêtement…

 

Bref, encore une affaire de vêtement. Non pas que Jésus fasse ici l’apologie de la nudité ou du naturisme. Mais entendons bien le message : le vêtement trompeur peut illusionner autrui et le conduire à l’erreur. C’est à la fois une perte de temps et une question pour notre responsabilité.

 

Ne pas être vrai avec soi-même, s’illusionner sur le mérite que l’on a ou que l’on n’a pas, se croire purifié par le revêt d’une fonction si noble soit-elle, c’est aussi une erreur. Bien plus grave, à vrai dire, puisqu’elle est intérieure, intime, et qu’elle fausse notre relation au Seigneur. Comment allons –nous le reconnaître quand il viendra, si dans nos fatras quotidiens, nous avons cru déjà être méritants et arrivés ?

 

Sous ton vêtement, tu es qui?

 

Ailleurs, Jésus recommande de se méfier de « l’argent trompeur ». Ici, en quelque sorte, il recommande la même chose avec le vêtement qui éloigne de Dieu : méfiez-vous du vêtement trompeur, ou, plus exactement, de votre manière de le porter de manière trompeuse.

Finalement, la question est toujours la même : sous ton vêtement, sous ton apparence, tu es qui vraiment ? Ou peut-être faudrait-il préciser : tu es à qui ? A toi-même, tes désirs de grandeur, ton apparat, ta propriété privée? Ou, es-tu libre et disponible pour ton Seigneur?

 

Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat
et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues,
et les places d’honneur dans les dîners.

(Marc 12,38)

 

 

Z- 8/11/2015