J’ai encore rêvé de toi.
C’est pas ta faute,
C’est pas la mienne non plus.
Mais c’est comme ça.
Le réveil a sonné
plus tôt que d’habitude
pour que je sois à l’heure
à ce foutu rendez-vous.
Et quand il a sonné,
tu étais là.
J’étais dans tes bras
tu m’enlaçais tendrement
et tu me murmurais
des mots doux.
Nous étions nus,
je crois,
peau contre peau.
Seulement ça :
peau contre peau
sans désir érotique,
enfin, je crois.
En tout cas,
pas au moment
où le réveil à sonné.

Mais
qu’est-ce que tu fais là
encore ?
C’est pas fini nous deux ?
Je t’aime, tu m’as aimé,
-. jamais physiquement –
tu m’as jeté, j’ai survécu.
J’ai eu du mal
mais je suis passé à autre chose, non ?
Qu’est-ce que tu fais -là
mon amour de toujours ?

Tu as fait ta vie.
Tu t’es marié, tu as divorcé
Tu as eu tes enfants,
ta vie bien huilée
de je ne sais pas quoi
et je ne veux pas savoir.
Qu’est-ce que tu fous là ?
Laisse-moi partir,
J’ai le droit d’être heureux moi aussi.
je peux pas tout le temps t’attendre,
je ne veux plus t’attendre.
Ce que tu es devenu,
si ça se trouve,
je ne l’aime même pas.
Si t’es devenu un hétéro bobo
qui juge les autres,
ça m’intéresse pas.
Si tu te caches encore
que t’étais tombé amoureux de moi
et que tu as eu peur,
et que tu m’as jeté,
abandonné,
alors que moi je t’attendais,
tais-toi, va-t-en.
Je peux plus t’attendre.
Je veux plus t’attendre.

Où est-il le gentil garçon
qui me fera oublier
qu’un jour je t’ai rencontré
et que mon cœur , ma vie, se sont ouverts
aux dimensions de l’univers
et que je n’arrive plus,
que je ne suis jamais arrivé,
à revenir à la réalité
qui est
que je ne sais pas qui je pourrais rencontrer d’autre que toi,
qui pourrait me trouver intéressant à part toi,
et que je ne crois même pas
qu’il y a quelqu’un quelque part qui pourrait s’intéresser à moi.
Tu m’as blessé,
tu m’as anéanti
et tu ne le sais pas,
bien sûr.
Tu ne le sauras jamais d’ailleurs,
j’ai pas envie de régler des comptes
avec toi,
je pourrais pas ;
j’aurais trop envie de sauter dans tes bras
et que tu me murmures des mots doux.
Peut-être on serait nus d’ailleurs
et on goûterait ce moment
sans aucune gêne.

Va-t-en, je te dis.
tu m’empêches de vivre maintenant.
Va-t-en.
Un jour on se retrouvera,
au ciel sûrement
et on rira de tout ça,
ou on comprendra,
ou on fera l’amour,
je sais pas,
mais
c’est plus le moment maintenant.
Va-t-en
s’il te plaît.

Z – 20 mai 2025

Photo : Photo prise par l’excellent photographe Georges Platt Lynes (1907-1955).