amitié-aelred

 

«Dites-moi, n’est-ce pas avoir déjà part à la béatitude que de s’aimer et de s’entraider ainsi, de s’appuyer sur la douce charité fraternelle pour voler jusqu’aux étincelantes régions de la divine dilection, et, par l’échelle de la charité, tantôt de monter vers l’étreinte du Christ, tantôt de descendre vers l’amour du prochain pour y trouver un délicieux repos ? Si dans cette amitié qui fut la nôtre et que j’ai mentionnée à titre d’exemple, vous remarquez un point à imiter, faites-en votre profit.»

Aelred de Rievaulx

 

Source citation :L’expérience de l’amitié de Aelred de Rielvaux (arccis)

ovation

“Paul et Barnabé (…) désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises
et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur
ces hommes qui avaient mis leur foi en lui.”

(Ac 14, 21b-27)

 

La liturgie de ce dimanche me donne l’occasion de revenir sur l’ecclésiologie à laquelle je faisais allusion dans mon dernier article publié. La version liturgique de ce verset des Actes des Apôtres semble aller à l’inverse de ce que je disais lorsque je parlais des premières communautés qui choisissaient en leur sein des Anciens. En fait, il n’y a pas contradiction.

Car, comme cela arrive assez souvent, la traduction liturgique française peut nous induire en erreur. Dans la version grecque de Act 14,23, c’est le verbe χειροτονέω (cheirotoneo) qui est employé et a été maladroitement traduit par désigner, verbe que l’on retrouve aussi en 2 Co 8,19 :”Nous envoyons avec lui le frère…qui a été choisi (cheirotoneo) par les Eglises pour être notre compagnon de voyage.”

Le verbe grec qui est employé indique clairement qu’il ne s’agit pas d’une désignation au sens d’un acte de nomination unilatérale de la part des Apôtres mais qu’il s’agit d’un vote, d’une élection, semble-t-il à mains levées.

Il faut donc comprendre que les apôtres “firent choisir par un vote (cheirotoneo) des anciens (presbiteros) dans chaque Eglise”

Ce verset confirme donc que c’est bien le modèle qui prévaut dès les premiers temps de l’Eglise, y compris dans les nouvelles communautés qui sont en train de naître en terre païenne. Ici, en Act 14, on nous décrit le zèle missionnaire de Paul et Barnabé, qui, reviennent – nous précise-t-on- à Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie, avant qu’ils ne repartent vers d’autres missions. Il semble donc qu’ils assument momentanément la direction des communautés qu’ils ont créées dans ces villes mais qu’au moment de partir plus loin, il faille désigner des responsables qui pourront assurer la continuité.

Ce qui est remarquable c’est ce double mouvement d’abandon et de continuité.

Continuité parce que c’est bien à leur initiative que se fait la désignation des Anciens. Ainsi se fonde la continuité de l’annonce de l’Evangile reçu et transmis par les Apôtres, c’est pourquoi on dit des premières Eglises qu’elles sont “apostoliques”. Cela veut dire : nées de la rencontre et l’enseignement des Apôtres. Cette continuité est gage que c’est bien la foi au Ressuscité qui est transmise, ce Jésus de Nazareth qui lors de son dernier repas a donné ce commandement nouveau : “c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres.” (Jn 13,34) [Evangile de ce dimanche]

Abandon, au sens désaisissement et confiance, parce que les apôtres ne choisissent pas eux même les Anciens. Ils laissent la communauté se prononcer. Aucun acte de pouvoir ou de puissance de la part des apôtres. Mieux, dans ce court passage,ils ne revendiquent aucune propriété ou paternité sur ces communautés : c’est au Seigneur qu’ils confient les hommes qui ont mis leur foi en lui.

“Après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur…” Autre fait marquant qui montre l’esprit de ces premiers chrétiens : les Apôtres commencent par se purifier, se libérer de toutes influences ou interférences extérieures, grâce au jeûne et à la prière.

Voilà pourquoi je plaidais pour un retour aux sources. Il me semble que notre fonctionnement institutionnel (à nous, ceux de l’Eglise Catholique) a quand même un peu vieilli. Vouloir le maintenir de force, vouloir le réparer ou le re-légitimer, c’est perdre du temps. Alors que, dans cette affaire, l’enjeu est essentiellement d’accompagner et confier au Seigneur ceux qui ont mis leur foi en lui.

Z – 23/4/2016

Justin-Bieber-officiant

En ce moment, circule sur les réseaux sociaux un texte intitulé Un curé sur catalogue. Fort beau texte, joliment écrit, prenant. Je ne peux pas m’empêcher de me laisser entraîner: c’est beau, c’est dynamique, c’est plein de sens et de générosité.

On nous dit que le texte a été écrit par une mère de famille, sœur de deux prêtres et qu’il paru initialement sur le Blog du padre, précision qui n’apporte rien au texte. Est-ce que le grand âge d’une dame, aussi respectable soit-elle, et le fait que des membres de sa famille se soient engagés dans l’Eglise, lui donnent plus de poids ou de légitimité? C’est sûr, je n’aime pas cet argument.

Bon, le texte est beau et je me laisse entraîner, je l’ai déjà dit. Et pourtant, au total, je suis gêné. Je sens qu’il y a quelque chose qui cloche mais, dans un premier temps, je ne sais pas quoi.

Je relis donc le texte, attentif d’abord à ce qui me séduit. Et là, c’est facile, cette verve, ce côté redresseur de torts, empreint à la fois d’humilité et de courage, ce côté vieux scout, en fait… Ah ça me rappelle des souvenirs ! Combien d’auteurs je pourrais appeler à la rescousse avec ce sens de la formule comme un étendard qui claque, qui fait de sa fragilité une force, avec un zeste d’assurance, de certitude, d’insolence, peut-être.

La fin surtout, sur le modèle de la célèbre prière de Mère Teresa de Calcutta sur la vie, claque au vent :

« Le prêtre s’use quand il ne sert pas » : demandons lui les sacrements.
Le prêtre est faible : servons-le !
Le prêtre est pêcheur : aidons-le !
Le prêtre est consacré : respectons-le !
Le prêtre est notre frère en Christ, aimons-le… en Christ !
Les ouailles sont perdues : éclairons-les… avec le Christ !
Les ouailles sont en manque : montrons-leur le Christ !
Les ouailles sont pauvres : offrons-leur le Christ !
Les ouailles sont absentes : apportons leur le Christ !
Lui qui luit le jour et la nuit !
Dieu seul suffit !

Mais bon,je ne suis pas convaincu, je dois l’avouer. Alors, pourquoi ? Oui, pourquoi… Eh bien, il me semble que c’est parce que l’arrière fond de ce beau texte repose sur une ecclésiologie qui me paraît d’un autre temps. Car, finalement, même si le texte veut servir à réconcilier prêtres et laïcs par un double discours : aux uns, les prêtres sont faibles, n’abusez pas ; aux autres, ne vous prenez pas pour des super-héros et ne vous tournez pas en ridicules, n’abusez pas ! – eh bien, même en faisant cela, ce texte reste d’un autre temps.

Quelle conception de l’Eglise soutient-il inconsciemment? Quelle conception du prêtre ? Quelle conception du peuple de Dieu? Quelle conception de l’invitation du Christ à se convertir et à changer de vie?

Dans les premiers temps de l’Eglise, la communauté choisissait l’un des siens pour l’aider à s’organiser et à prier, à ordonner tout ça. D’où le mot ordination. Ca n’était pas un privilège, ça n’était pas le signe d’une élection divine, c’était d’abord l’appel de la communauté chrétienne à l’un des siens pour la servir.

Bien sûr, il y avait des précautions à prendre. Ce n’était pas le premier venu qui était choisi. On prenait un ancien, quelqu’un qui avait vécu et avait de l’expérience, quelqu’un de sage et de prudent, quelqu’un qui n’entrait pas dans les conflits d’intérêt et savait se faire apôtre de la paix et du partage.

Maintenant, je sais ce qui me gêne dans le texte dont je parle : c’est que, même en invitant chacun à être raisonnable pour que ça marche bien, il s’appuie sur une conception du prêtre que je ne partage pas et qui semble aujourd’hui de plus en plus passée. Un prêtre, serviteur de l’institution et dont le principal travail serait de faire venir du monde dans sa paroisse et d’administrer les sacrements ne m’intéresse pas. Car cette attitude ne me parle pas, ou plus, du Seigneur Jésus.

En d’autres temps, déjà, le pape Paul VI avait prévenu que ce monde n’avait pas besoin de donneurs de leçons mais de témoins de la lumière. Pas besoin d’être prêtre pour cela, pas besoin de vouloir concilier les deux comme si le ministère de prêtre rendait plus proche de Dieu. Le prêtre n’est pas d’abord un spécialiste de Dieu ou un élu. Il est un serviteur de la communauté. Cela veut dire qu’il l’aime, qu’il l’écoute, qu’il la cajole, qu’il la sert. Pour respecter l’esprit des temps apostoliques, probablement faudrait-il aussi qu’il en soit issu, qu’il la connaisse de l’intérieur, cette communauté. Et évidemment, vu la raréfaction des troupes dans les paroisses et la tendance à ce qu’une seule ligne ne reste, monolithique et vieille France, on est un peu mal barrés…

Et pourtant… Et pourtant, ici ou là, Dieu parle encore à des coeurs purs. Certains seront prêtres, d’autres  non, mais l’amour du Seigneur brûle en leurs coeurs. Ils ne sont pas à leur propre service, ils ne sont pas, non plus, au service d’une autorité supérieure, ils ne sont pas au service d’une conception de Dieu, la leur ou celle qu’ils ont apprise. Ils sont au service du Dieu qui est déjà là et qui vient à eux à travers l’autre.

Ces gens-là n’apportent rien, ils accueillent Dieu. Ils se laissent surprendre. Ils n’ont pas peur. Ils savent s’émerveiller de chaque rencontre. Et leur posture, leur gratuité, leur bienveillance, faites d’accueil, de douceur et de miséricorde… me parlent de mon Seigneur.

Source photo : Photo de Justin Bieber publiée le 1er Mars 2016 sur sa page facebook. Je sais que c’est un peu provoc’ mais je la trouve marrante cette photo. On dirait un prêtre en train d’officier, avec une chasuble violette, couleur carême. Et c’est Bieber en tournée. Si ça pouvait en dérider certains… 🙂

entre-ses-bras

Voici un extrait d’un très beau livre de Stephen Grosz, Les Examens de conscience, dans lequel l’auteur raconte l’essentiel de ce qu’il a découvert de l’être humain dans son métier de psychanalyste, à travers de courtes histoires de vie dont il nous aide à découvrir le sens profond.

L’histoire qui suit, intitulée « Bien chez soi » raconte le questionnement d’un homme déjà âgé (70 ans passés), marié, qui découvre son homosexualité et se demande ce qu’il doit faire : se séparer de sa femme ou pas, etc.  Dans l’extrait que je voudrais partager, parce qu’il me touche très certainement,  l’homme concerné s’aperçoit du lien entre le bienfait extraordinaire qu’il ressent à être avec son ami et le  besoin profond et non assouvi du petit garçon qu’il a été et demeure toujours, ne serait-ce que sous la présence de l’enfant intérieur.

 

Il m’a décrit un dimanche après-midi qu’il avait passé au lit, dans les bras d’un ami.

– On était dans sa chambre, on a écouté un disque. Arès avoir fait l’amour, je ne l’ai pas lâché et il a continué à me serrer contre lui. On est restés comme ça presque tout l’après-midi, jusqu’à ce que j’aie eu envie de me lever. Jamais je n’avais ressenti ça.
– Et vous n’êtes pas prêt à y renoncer.
– Je ne pense pas que je puisse y renoncer.
– Pourquoi maintenant ?

Il n’en était pas sûr. Peut-être que… [il décrit une série d’évènements familiaux  qui engage sa responsabilité de père et d’époux]

– Je sais que ça a l’air égoïste, mais, aujourd’hui, j’ai besoin de sentir que quelqu’un m’aime, et pas qu’on s’occupe de moi par devoir.

Pendant quelques minutes, nous n’avons plus parlé.

– C’est terrible, mais je me suis senti soulagé lorsque mon père est mort. Il était horrible. (…) En fait, il avait des colères subites, qui retombaient aussi vite, mais, même quand c’était terminé, je continuais à être affolé pendant longtemps. On le voyait venir quand il allait exploser et, pour autant, il n’y avait aucun moyen de l’apaiser.

Le pire, ce n’était pas cela, mais le manque d’intérêt que son père éprouvait pour lui.

– Le principal souvenir que j’ai de lui, c’est quand il partait pour son cabinet, avant que j’aille à l’école. Je me sentais un poids pour lui. Je crois qu’il n’avait qu’une hâte : se débarrasser de moi.

Tandis qu’il parlait, je repensais à la scène qu’il m’avait décrite, au plaisir qu’il avait pris à être dans les bras d’un homme, cet ami, immobile, calme et tout contre lui, le bonheur d’être tenu aussi longtemps qu’il en avait eu envie. Je lui ai alors demandé si le fait d’être dans les bras d’un homme lui faisait un effet si fort parce que cela annulait le rejet dont il avait souffert de la part de son père.

– J’ai l’impression que, quand mon père me regardait, il n’aimait pas ce qu’il voyait. Cet après-midi-là, j’ai ressenti exactement le contraire. Je me suis senti bien.

Nous sommes restés silencieux un moment, puis il m’a dit :

– Je suppose que mon histoire n’est pas tellement courante. Il ne doit pas y en avoir beaucoup, parmi ceux qui viennent vous voir, des hommes qui changent d’orientation comme ça, maintenant, à mon âge. Mais voilà…

Il a fait un petit geste, en levant les paumes de ses mains vers le haut.

– Mais voilà…

 

Stephen Grosz, Les Examens de conscience, Slatkine & Cie, extraits des pp 95-97

qui-me-separera

Pas le temps de faire une grande éxégèse, mais comment ne pas relever les paroles si consolantes de la liturgie de ce jour, pour toute personne qui a entendu l’appel du Seigneur? Précisons quand même, je parle de l’appel à se laisser aimer.

Prenons le récit des Actes des Apôtres. Ce n’est pas l’application, même scrupuleuse, des rites ou des normes qui fait que l’on est sauvé.  C’est le lien indéfectible au Seigneur Jésus. Ce qui fait que la Promesse de la vie éternelle est faite à quiconque veut la recevoir en vérité, sans marchandage mesquin sur le respect des lois, le mérite, la préséance ou toute autre motivation venue de l’orgueil d’un ego qui n’a pas encore baissé les armes face à l’offre inconditionnelle d’un amour lui aussi inconditionnel.

Alors, oui, le salut peut être offert aux peuples, aux nations, à tous et chacun de toute culture,de toute origine. Et c’est l’esprit en paix, que  Paul et Barnabé peuvent partir en secouant la poussière de leurs sandales (obéissant en cela à une préconisation du Seigneur lui-même, rapportée dans les Evangiles), non sans laisser quiconque a reçu la promesse de la vie éternelle ( i.e. ceux qui peuvent, ceux qui sont disponibles) dans la joie. Car la Bonne Nouvelle de la proximité du Seigneur est joyeuse !

 Quand les Juifs virent les foules,
ils s’enflammèrent de jalousie ;
ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient.
Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance :
« C’est à vous d’abord
qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu.
Puisque vous la rejetez
et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle,
eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes.
C’est le commandement que le Seigneur nous a donné :
J’ai fait de toi la lumière des nations
pour que, grâce à toi,
le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. 
»
En entendant cela, les païens étaient dans la joie
et rendaient gloire à la parole du Seigneur

(Ac 13, 14.43-52)

Les textes de l’Apocalypse et de l’Evangile du jour sont, du coup, très évocateurs de la liberté des enfants de Dieu du moment qu’ils sont unis au Seigneur. Ce que le Seigneur a uni ne pourra pas être défait. “Nous sommes uns” dit Jésus,  comme “le Père et moi, nous sommes uns.”

Moi, Jean, j’ai vu :
et voici une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,
vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
(…)
l’Agneau qui se tient au milieu du Trône
sera leur pasteur
pour les conduire aux sources des eaux de la vie.
Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.

(Ap 7, 9.14b-17)

Seul critère : l’attachement au Christ. Plus encore que la confiance, l’adhésion, le choix du Christ. Il est précisé dans le’extrait de l’Apocalypse que le Seigneur rassemblera ses brebis et qu’il n’en perdra aucune, aucun de ceux qui se sont attachés à lui  – quelque soit sa condition, semble-t-il  ; le Seigneur a mission de les emmener à son Père. Quand cela arrivera-t-il?  Après la mort? Dès maintenant? Question  intéressante, pleine de sens et d’ouverture à laquelle il n’est pas répondu et que nous n’explorerons pas aujourd’hui.

En ce temps-là, Jésus déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle :
jamais elles ne périront,
et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données,
est plus grand que tout,
et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »

(Jn 10, 27-30)

Mais retenons cette notion d’attachement. Quand mon  coeur est brûlant en vérité de la rencontre du Seigneur, quand mon être  s’est ouvert à l’Être grâce à la rencontre d’autrui, quand  la beauté de l’autre – à son corps défendant parfois – vient réveiller la beauté de l’Être en moi et me révéler qu’il m’appelle,  quand l’autre a réveillé quelque chose de divin en moi, comme l’invite à m’ouvrir toujours plus, je pose la question : même si cette relation est de nature homosensible (et encore, qu’est-ce que ça veut dire quand on en est là !), qui pourra me séparer du Seigneur?

Z.