Il y a une lumière
qui brûle dans mon
cœur,

Mais les mots manquent,
je ne peux pas le
dire.

Je t’aime, je le sais
clairement,

Mais comment le dire
reste inhabituel
pour moi.

Ton sourire qui
illumine mon cœur,

Ton regard qui
illumine mon monde.

Mais quand je me tiens
devant toi, silencieux,

Est-ce que je perds courage,
pourquoi ?

La peur que tu ne partages pas
la même chose,

Que tu brises mon cœur
en morceaux.

Mais sans mots,
cela reste caché,

Mon cœur qui aime,
dans une douleur silencieuse.

Peut-être un regard,
un doux sourire,

Un signe
qui parle d’amour.

Parce que parfois
l’apparence en dit plus,

Comme des mots qui
soupèsent le cœur.

Mais un jour,
plein de courage,

Je parlerai, ça fera
du bien.

Je vais te dire ce qu’il y a
au fond de moi,

Mon cœur, il ne bat que
pour toi.

Flo

Source : texte/image : Florian Teurer

J’t’écris aujourd’hui juste parce que.
Parce que j’ai l’cœur su’l bord des lèvres
Pis qu’j’ai envie d’le cracher sur un papier.
Parce que j’ai l’amour su’l bout d’la langue
Comme un mot qu’j’arrive pas à m’rappeler.
Ça fait trop longtemps que j’garde ç’que j’ressens caché
Dans l’fond d’ma gorge.
Mais maintenant j’ai besoin d’t’en parler
Parce que j’suis tired d’jouer à cache-cache avec mes émotions.
Ç’pour ça que j’t’écris aujourd’hui. Juste parce que.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.
Parce que ça fait des mois qu’mon cœur m’appelle
Mais qu’j’ai peur de répondre.
Parce que ça fait des semaines que ma tête essaie d’me parler
Mais que j’la comprends pas.
On communique pas dans la même langue, elle pis moi.
J’parle bien l’français, mais j’parle pas l’Amour.
« Je t’aime », c’est sept lettres que j’prononce mal.
J’préfère que mon crayon te l’dise à ma place.
T’façon, j’écris plus clair que j’parle.
C’est mes paroles qui sortent en pattes-de-mouche
Pas ma calligraphie.
Ç’pour ça que j’t’écris aujourd’hui.
Juste parce que ça m’chatouille en arrière du nombril
Quand t’es là.
Parce que j’pogne des chocs électriques en d’dans
Quand j’entends ton nom.
Parce que l’sang qui m’coulait dans les veines a été remplacé
Par un poison vibrant.
C’est l’effet qu’tu m’fais.
Ç’pour ça que j’t’écris.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.
Parce que j’avais pas réalisé tout ça avant aujourd’hui.
P’t’être parce qu’on dit qu’l’amour rend aveugle.
Mais moi j’crois pas à ça.
J’pense juste que c’est dur de l’reconnaître quand y passe.
Une chance que je l’ai vu avant qu’y s’en aille.
Bref, aujourd’hui j’en profite pour t’écrire une lettre
Mais ma main qu’est gauche compose des phrases
Que j’arrive pas à déchiffrer.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.
J’aimerais ça qu’tu me l’enseignes,
Ç’t’une langue que j’voudrais parler.
J’te demande pas la mer à boire
J’veux seulement qu’tu m’aimes un peu demain.
Pis après, si t’es capable
Promets-moi chaque jour de m’aimer un peu l’lendemain.
Ça serait bien.
Ç’pour ça que j’t’ai écrit aujourd’hui.
Juste pour ça.
Juste parce que.
Parce que j’parle pas encore l’Amour.

©Ash

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Ce souffle, cette force, ce dynamisme
qui entraîne en avant, nous invitant
à traverser toutes les émotions
en un instant et réveiller le vivant
en nous.

Ash, poète au souffle incomparable.
Ash, l’écorché, le blessé, le vivant,
soigneur des âmes
à son corps défendant.
Z.
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Photo : Adam Jakubowski photographié par Marcin Rychly, Silver District #8

L’homme nu

Je me suis retrouvé
nu
tel que j’étais
quand je suis né
À travers les ans
j’ai tenté
de me couvrir
de mille vêtements
et je n’y suis pas
parvenu
À quoi sert
un homme
nu ?
À rien.

Alberto Moravia,
L’homme nu et autres poèmes, Flammarion, 2021

Illustration : oeuvre de Kirill Faadeyev

Jericho Brown, un talentueux poète afro-américain gay vient de recevoir le prix Pulitzer 2O2O de poésie. Son recueil de poésie, The New Testament, est une lecture très personnelle des textes bibliques, inspirée de sa triple identité : chrétien, noir et gay.

Dans son psaume 150 (Psalm 150), que je reproduis ci-dessous, il compare l’amour à une célébration qui est bien plus qu’un acte sexuel et il interpelle Dieu à la fois pour lui offrir cet amour qui fait vivre et pour lui signifier ce combat permanent entre la honte d’être gay et le sentiment de la vie ressentie à travers cet amour. Et le combat continue, jamais terminé, qui voudrait tirer vers le bas, alors que la vie – à travers l’amour vécu et partagé – résiste encore !

Jericho Brown – Psalm 150


Some folks fool themselves into believing,
But I know what I know once, at the height
Of hopeless touching, my man and I hold
Our breaths, certain we can stop time or maybe

Eliminate it from our lives, which are shorter
Since we learned to make love for each other
Rather than doing it to each other. As for praise
And worship, I prefer the latter. Only memory

Makes us kneel, silent and still. Hear me?
Thunder scares. Lightning lets us see. Then,
Heads covered, we wait for rain. Dear Lord,
Let me watch for his arrival and hang my head

And shake it like a man who’s lost and lived.
Something keeps trying, but I’m not killed yet.

 

Certaines personnes se trompent dans leur croyance,
Mais je sais au moins ce que je sais, au plus fort
D’un contact sans espoir, quand mon homme et moi retenons
Nos respirations, certains de pouvoir arrêter le temps ou peut-être

De le supprimer de nos vies, qui sont plus courtes
Depuis qu’on a appris à se faire l’amour
Plutôt que de le faire l’un à l’autre. Comme une louange
Et une célébration, je préfère cette dernière. Son seul souvenir

Nous fait nous agenouiller, silencieux et immobiles. Tu m’entends?
Le tonnerre fait peur. Les éclairs nous permettent de voir. Alors,
Les têtes couvertes, nous attendons la pluie. Cher Seigneur,
Laisse-moi assister à ton arrivée et la tête basse

La secouer comme un homme qui est perdu et a vécu.
Quelque chose continue de m’éprouver, mais je ne suis pas encore fini.

Jericho Brown, “Psalm 150” from The New Testament.
Copyright © 2014 by Jericho Brown. Reprinted by permission of Copper Canyon Press.
Source: The New Testament (Copper Canyon Press, 2014)

Dans le fichier ci-dessous, James Brown lit lui-même “Psalm 150” :

Je lui ai dit

Il avait l’air triste
Le visage pâle
Comme grisé par l’endroit d’où il venait.
Il m’a demandé comme ça
Ce que je faisais
Dans la vie
Je lui ai dit
La vérité
J’ai répondu simplement
Je réalise mes rêves
Il m’a dit que s’il réfléchissait bien
Il en avait quelques uns
Lui aussi.
Je lui ai dit
De foncer
Il m’a dit
Ok
Mais viens avec moi
Je lui ai dit
Je suis déjà sur mon chemin.
Il a souri
Et il est parti.©

Ash

Source texte Ash : jesuisunoiseaulibre-i-am-ash.tumblr.com – 14 sept 2018
Source image : Timur Simakov