Si mes yeux si mes mains
Si ma bouche encor tiède
Si la terre et le ciel
Venaient à me manquer

Si le vent n’allait plus
Porter dans sa nacelle
Mes oiseaux et la part
Infime du secret

Si les tiges de blé
Qui ferment ton visage
N’éclairaient plus la route
Où j’avance à pas lents

Si ce poème enfin
N’était rien qu’un poème
Et non le cri d’un homme
En face de sa nuit

Mon Dieu serait-ce alors
Besoin de tant de larmes.

René-Guy Cadou, le coeur définitif

Source photo : pinterest

Je ne sais pas où je vais, oh ça je l’ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n’irais plus

Aujourd’hui je t’aime, oui mais demain, on ne peut jamais être sûr de rien
On va toujours seul sur la route, je continue coûte que coûte

Et puis une route en croise une autre et puis une autre et encore une autre
Pourvu que la tienne, oh mon amour, croise la mienne tous les jours

Je ne sais pas où je vais, oh ça je l’ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n’irais plus

Je ne sais pas où je vais, oh ça je l’ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n’irais plus

Et oui je suis une cigale, t’inquiète fourmi j’crêve pas la dalle
La musique c’est un bon gagne-pain, où que je sois, je ne manque de rien

Je chante toujours de quoi grailler, de quoi trinquer, de quoi causer
Je m’endors où il fait sommeil et je passe l’été au soleil

Je ne sais pas où je vais, oh ça je l’ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n’irais plus

Un jour ici, l’autre là-bas, la SNCF ne m’aura pas
Et toi qui n’as qu’une seule adresse, ô pauvre, si tu veux, j’ten laisse

Mais échange de bons procédés, si tu veux bien m’héberger
Ben je serai le bienvenu, ben nous serons les bienvenus

Je ne sais pas où je vais, oh ça je l’ai jamais bien su
Mais si jamais je le savais, je crois bien que je n’irais plus

 

Paroles et musique : La rue Kétanou

Source photo : Photo de Devin Mitchell, Photographe

[Claudio Capéo – Un homme debout]

Si je m’endors, me réveillerez-vous ?
Il fait si froid dehors, le ressentez-vous ?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères, je reste un homme debout

Priez pour que je m’en sorte
Priez pour que mieux je me porte
Ne me jetez pas la faute
Ne me fermez pas la porte

Oui je vis, de jour en jour
De squat en squat, un troubadour
Si je chante, c’est pour qu’on m’regarde,
Ne serait-ce qu’un p’tit bonjour
J’vous vois passer, quand j’suis assis
Vous êtes debout, pressés, j’apprécie
Un p’tit regard, un p’tit sourire
Peu prennent le temps, ne font que courir

Si je m’endors, me réveillerez-vous ?
Il fait si froid dehors, le ressentez-vous ?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères, je reste un homme debout

La la la la la la la
La la la la la la la la

Merci bien pour la pièce
En c’moment c’est dur, je confesse
Moi j’veux m’en sortir, je l’atteste
Toujours avoir un toit, une adresse
Si de toi à moi c’est dur, je stresse

Le moral n’est pas toujours bon, le temps presse
Mais bon comment faire, à part l’ivresse comme futur
Et des promesses, en veux-tu ?

Voilà ma vie, j’me suis pris des coups dans la tronche
Sois sûr que si j’tombe par terre tout l’monde passe mais personne ne bronche
Franchement à part les gosses qui m’regardent étrangement
Tout l’monde trouve ça normal que j’fasse la manche
M’en veuillez pas, mais parfois, j’ai qu’une envie abandonner

Si je m’endors me réveillerez-vous ?
Il fait si froid dehors le ressentez-vous ?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout

Priez pour que je m’en sorte
Priez pour que mieux je me porte
Ne me jetez pas la faute
Ne me ferme pas la porte

Si je m’endors me réveillerez-vous ?
Il fait si froid dehors le ressentez-vous ?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout

Si je m’endors me réveillerez-vous ?
Il fait si froid dehors le ressentez-vous ?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout

La la la la la la la…

Je n’ai pas toujours été fan, je le reconnais, mais… C’est parce que je ne comprenais pas. La colère aidant, ou bien la rage, ou bien le désir de vivre ou de survivre, bref, là encore, en fermant les yeux et en laissant résonner en moi les paroles telles qu’elles sont interprétées, je ne peux empêcher des parties de moi dire :

Oui, tu entends ma vie, tu entends?
Tu vas te réveiller un peu, oui !
Qu’est-ce que t’attends pour avancer,
tu t’en fous des autres et de ce qu’ils pensent.
T’es là pour être heureux et tu y as droit.
Alors tant que tu leur enlèves rien – et tu leur enlèves rien !
mais oui vas-y, fonce.
Tu t’en fous du blizzard, tu t’en fous de leurs moqueries, et de leurs conneries.
Ils ne vivent pas à ta place, ils avanceront pas à ta place,
ils ne rendront pas des comptes à ta place.
Alors, p***, avance !

FAUVE ≠ BLIZZARD

Je te demande si tu es une bête féroce ou bien un saint
Mais tu es l’un, et l’autre. Et tellement de choses encore
Tu es infiniment nombreux
Celui qui méprise,
celui qui blesse,
celui qui aime,
celui qui cherche
Et tous les autres ensemble
Trompe-toi, sois imprudent, tout n’est pas fragile
N’attends rien que de toi,
parce que tu es sacré
Parce que tu es en vie
Parce que le plus important n’est pas ce que tu es,
mais ce que tu as choisi d’être

– Oh oh oh qu’est-ce que tu fais? Arrête!
Qu’est-ce qu’il te prend de faire des trucs pareil?
Pourquoi tu te fais du mal comme ça?
Qu’est ce qui ne va pas? Parle-moi, tu sais que tu peux tout me dire
Mais nan mais c’est des conneries tout ça tu le sais
Regarde-moi dans les yeux. Regarde-moi. On s’en branle, c’est pas important
Moi je te trouve magnifique. Depuis la première fois que je t’ai vu
D’ailleurs, je ne m’en suis toujours pas remis
Et puis comment je ferais sans toi moi?
Et puis comment l’univers il ferait sans toi?

Ça ne pourra jamais fonctionner. C’est impossible
Alors faut pas pleurer! Faut pas pleurer
Parce que ça va aller je te le promets, ça va aller
Parce qu’on est de ceux qui guérissent
De ceux qui résistent, de ceux qui croient aux miracles

Pas de ceux qui disent que lorsque les tables bougent
C’est que quelqu’un les pousse du pied
Mais un jour tout ça on n’y pensera même plus
On aura tout oublié, comme si ça n’avait pas existé
En attendant passe tes bras autour de mon cou si tu veux
Pendant que je te répète ces phrases qui nous donnaient de l’élan

Tu te souviens? Tu te souviens?

Tu nous entends le Blizzard? Tu nous entends?
Si tu nous entends, va te faire enculer
Tu pensais que tu allais nous avoir hein?
Tu croyais qu’on avait rien vu?
Surprise connard!

Tu nous entends la Honte? Tu nous entends?
Si tu nous entends fais gaffe quand tu rentres chez toi toute seule le soir
On pourrait avoir envie de te refaire la mâchoire avec des objets en métal
Ou de te laver la tête avec du plomb, qu’est-ce que t’en dis?

Tu nous entends la Tristesse? Tu nous entends?
Si tu nous entends, c’est que toi aussi, tu vas bientôt faire ton sac
Prendre la première à gauche, deuxième à droite, puis encore à gauche et aller niquer ta race
Félicitations! Bravo!

Tu nous entends la Mort? Tu nous entends?
Si tu nous entends sache que tu nous fais pas peur, tu peux tirer tout ce que tu veux
On avance quand même, tu pourras pas nous arrêter
Et on laissera personne derrière, on laissera personne se faire aligner
Tout ça c’est fini!

Tu nous entends la Dignité? Tu nous entends?
Si tu nous entends sache qu’on a un genou à Terre et qu’on est désolés
On est désolés de tout ce qu’on a pu te faire, mais on va changer!
On va devenir des gens biens, tu verras!
Et un jour tu seras fière de nous

Tu nous entends l’Amour? Tu nous entends?
Si tu nous entends, il faut que tu reviennes parce qu’on est prêts maintenant, ça y est
On a déconné c’est vrai mais depuis on a compris
Et là on a les paumes ouvertes avec notre cœur dedans
Il faut que tu le prennes et que tu l’emmènes

Tu nous entends l’Univers? Tu nous entends?
Si tu nous entends, attends-nous! On arrive
On voudrait : tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre
On cherche la porte du nouveau monde pour pouvoir s’y fondre en grand

Tu nous entends toi qui attends? Tu nous entends?
Si tu nous entends souviens toi que t’es pas tout seul. Jamais
On est tellement nombreux à être un peu bancals un peu bizarres
Et dans nos têtes il y a un blizzard
Comme les mystiques losers au grand cœur
Il faut qu’on sonne l’alarme, qu’on se retrouve, qu’on se rejoigne
Qu’on s’embrasse, qu’on soit des milliards de mains sur des milliards d’épaules
Qu’on se répète encore une fois que l’ennui est un crime
Que la vie est un casse du siècle, un putain de piment rouge

Nique ta mère le Blizzard
Nique ta mère le Blizzard

Tout ça c’est fini !

——-

Et pour ceux qui préfèrent le live :

Quel dommage que je découvre Fauve au moment où le groupe a décidé de passer à autre chose (voir Brett Cherry

revolte

Fauve – “de ceux”

Ah ! le vent de la révolte adolescente !
Avec ses excès.
Avec ses idéaux.
Ma vie, je te retrouve.
Mon souffle.
Mon sang.

Régression
ou refondation ?

Et la Poésie,
Art révolutionnaire,
Vent de révolte
intérieure,
Elan de survie,
Souffle de vie,
A jamais

Z- 3 dec 2016

[Une pensée spéciale à toi, qui te reconnaîtras, qui m’as introduit à Fauve. Tu sais des choses que je ne sais pas.]

FAUVE – “De ceux”

Nous sommes de ceux qu’on n’remarque pas
Des fantômes, des transparents, des moyens
Nous sommes de ceux qui n’rentrent pas en ligne de compte
Nous sommes de ceux qu’on choisit par défaut

Nous sommes de ceux qui ont la peau terne, les traits tirés,
Le regard éteint, des visages pâles, des teints gris
Nous sommes de ceux qui s’délavent de jour en jour
Nous sommes de ceux qui ont du mal à s’entendre penser

Nous sommes de ceux qui s’maîtrisent difficilement
Nous sommes de ceux qui mettent mal à l’aise en public
Nous sommes de ceux qui dérapent dans les escaliers des bibliothèques
Nous sommes de ceux qui dansent de façon embarrassante

Nous sommes de ceux qui font l’amour en deux temps
Nous sommes de ceux qui s’y prennent à l’envers avec les autres
Nous sommes de ceux sur lesquels on n’parie jamais
Nous sommes de ceux qui savent plus raisonner d’façon logique

Nous sommes de ceux qui ont tout fait comme il faut mais qui arrivent pas
Des ratés modernes, des semi défaites, des victoires sans panache
Nous sommes de ceux qui n’tiennent pas la pression
Nous sommes de ceux qui s’font balayer à répétition

Nous sommes de ceux qui s’font assister
Des baltringues, des éclopés, des faibles
Nous sommes de ceux qui prennent des trucs pour t’nir le coup
Nous sommes de ceux qui savent pas dire non,
Qui connaissent pas la rébellion, qui soutiennent pas les regards
Nous sommes de ceux qui sont à bout

Et pourtant…

Nous sommes de ceux qui n’renoncent pas
Des chiens enragés, des teigneux, des acharnés
Nous sommes de ceux qui comptent bien devenir capables de tout encaisser
Nous sommes de ceux qui établissent des stratégies dans l’obscurité
Pour reprendre la main, jouer selon leurs propres règles et forcer le destin

Nous sommes de ceux qui en ont assez de leur propre férocité
Des requins tigres en bout de course, des voyous qui demandent pardon, des apprentis repentis
Nous sommes de ceux qui veulent à tout prix tabasser leur part d’ombre et faire taire leur sales travers

Nous sommes de ceux qui cherchent à rejoindre les rangs des lions,
Des maquisards, des résistants, des sentiments
Nous sommes de ceux qui roulent pour eux et pour leur périmètre
Nous sommes de ceux qui pissent encore dans la douche mais qui espèrent réussir un jour à pisser droit

Nous sommes de ceux qui cherchent à désarmer la mort à coup d’grenades lacrymo
Pour l’effrayer et la maintenir à distance
Nous sommes de ceux qui espèrent croiser la vie un soir, au détour d’une avenue,
Pour la séduire, la ramener et lui faire l’amour de façon brûlante

Nous sommes de ceux qui ont les yeux écarquillés en continu
Des ahuris, des ébahis qui guettent les comètes, les planètes et les épiphanies
Nous sommes de ceux qui cherchent à déterrer ce qui est enfoui
Tout ce qui est caché et qui n’demande qu’à être sorti

Nous sommes de ceux qui veulent rétablir le contact avec ceux qui sont partis trop tôt
Parce qu’ils savaient pas qu’ y avait une fin cachée
Nous sommes de ceux qui continueront à courir, comme si ils étaient poursuivis par les balles
Qui desserreront jamais les mâchoires sauf pour sortir les crocs