Voici un magnifique poème de Rûmi mis en musique par Amand Amar pour accompagner le film réalisé par Nacer Khémir dans lequel il raconte un épisode de la vie du grand poète et mystique soufi Rûmi, un des piliers fondateurs du soufisme,  Bab’Aziz, Le Prince qui contemplait son âme (2016).

L’histoire raconte de manière poétique, le périple d’une petite fille, Ishtar, qui accompagne son grand-père, bien vieux et devenu aveugle, Bab’Aziz (Rûmi) dans le désert, sous prétexte de se rendre à une réunion de derviches qui n’a lieu que tous les trente ans.

– (Ishtar) Bab’Aziz, nous allons sûrement nous perdre dans le désert…
– (Bab’Aziz) Ishtar, ceux qui sont en paix avec eux-mêmes ne peuvent perdre leur chemin.

Le film raconte en fait les derniers instants du sage. Pour Bab’Aziz, il s’agit en fait d’aller rejoindre sa tombe, délimitée par un carré de cailloux. Mais le voyage s’avère plein de surprises et de rencontres, occasions pour le vieux sage de distiller son amour de la vie et sa sagesse.

Alors que Bab’Aziz défait son turban et s’assied sur sa propre tombe pour attendre la mort, un jeune homme lui demande pourquoi il est si calme :

La mort est la fin de toute chose” dit le jeune homme en pleurant.
Comment cela peut être la fin de quelque chose quand il n’y a pas de début ? ” répond le vieil homme avec douceur.

La danse des atomes (qu’on appelle souvent le poème des atomes) nous raconte la communion ente toutes choses de l’univers et ce fil ténu et invisible qui fait que tout tient. Tous les atomes dansent. Le soleil, le vent, le désert et les hommes-mêmes. Tous et chacun, nous sommes invités à entrer dans la danse…

La musique a été composée par Armand Amar, d’après des paroles du célèbre mystique persan Rûmi.  Les chanteurs sont Haroun Teboul , puis Salar Aghili .

 

Ô Jour, lève-toi!
Fais resplendir ta Lumière, les atomes dansent.
Grâce à Lui l’Univers danse, les âmes dansent, éperdues d’extase,
libérées du corps et de l’esprit,
Je te murmurerai à l’oreille où les entraîne leur danse.

Tous les atomes dans l’air et dans le désert dansent,
étourdis et ivres dans un rayon de lumière,
comme fous.

Tous ces atomes ne sont pas si différents de nous,
heureux ou malheureux,
hésitants et déconcertés
Nous sommes tous des Êtres dans le rayon de lumière du Bien-Aimé,
au-delà des mots.

Rûmî

 

 

 

Photo : le danseur Roberto Bolle, par Bruce Weber, photo publiée par homotography

 

Dans la série des plus belles chansons que l’humanité ait produites…

Quand l’amour est décrit de telle manière qu’il se donne presque à voir à comprendre, à saisir. Mais c’est juste pour nous inviter à aller plus loin car déjà, plus loin,il nous précède. Mais, tout est clair dans notre monde…pour la première fois de ma vie, je peux voir, je peux sentir, … Tout est déjà là, rien à conquérir. juste accepter et s’abandonner. Tout est clair dans mon coeur…

 

Oh My Love (Oh Mon Amour) – John Lennon

Oh my love for the first time in my life
My eyes are wide open
Oh my lover for the first time in my life
My eyes can see

Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mes yeux sont grands ouverts
Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mes yeux peuvent voir

I see the wind, oh I see the trees
Everything is clear in my heart
I see the clouds, oh I see the sky
Everything is clear in our world

Je vois le vent, oh je vois les arbres
Tout est clair dans mon coeur
Je vois les nuages, oh je vois le ciel
Tout est clair dans notre monde

Oh my love for the first time in my life
My mind is wide open
Oh my lover for the first time in my life
My mind can feel

Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mes yeux sont grands ouverts
Oh mon amour pour la première fois de ma vie
Mon esprit peut ressentir

I feel the sorrow, oh I feel the dreams
Everything is clear in my heart
I feel life, oh I feel love
Everything is clear in our world

Je ressens le chagrin, oh je ressens les rêves
Tout est clair dans mon coeur
Je ressens la vie, oh je ressens l’amour
Tout est clair dans notre monde

 

Trois fois rien à faire pour transposer cette belle chanson en un chant d’amour mystique… Il suffit de se laisser aller à être cette rose, peu de chose, mais destinée à s’épanouir au soleil, à offrir ses couleurs, puis s’effacer pour entrer dans l’éternité… “Pourtant j’étais belle, Oui, j’étais la plus belle Des fleurs de ton jardin…”

Mon amie la rose

On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l’a dit ce matin

A l’aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille

Pourtant j’étais très belle
Oui, j’étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin

On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l’a dit ce matin

Vois le dieu qui m’a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon cœur est presque nu
J’ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus

Tu m’admirais hier
Et je serai poussière
Pour toujours demain

On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Est morte ce matin
La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j’ai vu
Eblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait

Crois celui qui peut croire
Moi, j’ai besoin d’espoir
Sinon je ne suis rien

Ou bien si peu de chose
C’est mon amie la rose
Qui l’a dit hier matin

 

Paroles/Musique : Cecile Caulier / Jacques Lacome

 

Photo : Carlos Blank photographié par Pedro Lollet pour Summer Diary Project, Caracas – Venezuela

James Charles

Une page de Bible vaut-elle une vie? Cette question ne vient pas de moi. Elle se trouve dans la belle chanson “The village” que Wrabel vient de dédier aux personnes transsexuelles pour exprimer la douleur de leur chemin à devenir qui ils/elles sont vraiment, en marge de la société, envers et contre toute apparence et convenance, souvent et presque toujours dans l’incompréhension et parfois le rejet de leurs proches. Le village, c’est donc la société en général, mais pas la société de masse, anonyme et multiculturelle. Non, le village, c’est le bourg dans lequel on vit, avec sa famille, ses voisins, ses camarades de classe ou de travail, les gens qu’on croise tous les matins en allant chercher son pain, promener son chien ou en se rendant à l’office religieux.

Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer d’être comme leur genre, leur sexe, leur apparence semblent dire qui ils ou elles sont, quitte à prier pour changer, à supplier Dieu, à appeler à l’aide, à se désespérer aussi puisqu’il ne répond pas à cette prière… Il en faut de la force et du courage pour comprendre que la libération ne peut être que dans l’acceptation de ce qu’on est. Et dans le combat pour que ce soit, alors qu’on aurait tellement voulu que cela soit naturel et facile, comme une plume qui vole dans le vent,une feuille qui se pose sur le sol, une araignée d’eau qui glisse avec douceur sur l’eau…

Alors, oui, je l’avoue, je suis touché particulièrement par le deuxième couplet de cette chanson dans lequel Wrabel exprime en gros le message suivant : Je vais à l’office le dimanche, ça devrait être un jour de paix, mais non, je suis un pécheur, je vais aller en enfer. Et des millions de fois j’ai dit les prières avec et comme les autres… C’est comme un mensonge bien enfoui dans la conscience des gens de foi, des disciples… Une condamnation silencieuse ou pas qui fait mourir à petit feu d’une male mort. Qn dirait que, sous prétexte de respecter la foi qu’on croit recevoir de la Bible, une page de la Bible ne vaut pas une vie…

Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans le village !

The village / Le village
par Wrabel

No, your mom don’t get it
And your dad don’t get it
Uncle John don’t get it
And you can’t tell grandma ’cause her heart can’t take it
And she might not make it
They say, “don’t dare, don’t you even go there. Cutting off your long hair. You do as you’re told.”
Tell you, “wake up, go put on your makeup. This is just a phase you’re gonna outgrow.”

Non, ta mère ne l’entend pas
Et ton père ne l’entend pas
Oncle John ne l’entend pas
Et tu ne peux pas le dire à grand-mère car son cœur ne peut pas le prendre
Et elle pourrait ne pas y résister
Ils disent: “Ne t’y aventure pas, n’y va même pas. Coupe tes longs cheveux. Tu fais ce qu’on t’on te dit.”
Répète-toi, “réveille-toi, mets ton maquillage. Ce n’est qu’une phase que tu vas dépasser”.

There’s something wrong in the village
In the village, oh
They stare in the village
In the village, oh
There’s nothing wrong with you
It’s true, it’s true
There’s something wrong with the village
With the village
There’s something wrong with the village

Il y a quelque chose qui ne va pas avec le village
Dans le village, oh
Ils ont le regard fixe dans le village
Dans le village, oh
Il n’y a rien de mal avec toi
C’est vrai, c’est vrai
Il y a quelque chose qui ne va pas avec le village
Avec le village
Il y a quelque chose qui ne va pas avec le village

Feel the rumors follow you from Monday all the way to Friday dinner
You got one day of shelter, then it’s Sunday hell to pay, you young lost sinner
Well I’ve been there, sitting in that same chair
Whispering that same prayer half a million times
It’s a lie though
Buried in disciples
One page of the Bible isn’t worth a life

Tu sens que les rumeurs te suivent du lundi jusqu’au vendredi soir
Tu as gagné un jour d’asile, et c’est dimanche, l’enfer à payer, toi, jeune pécheur perdu
Eh bien, je suis allé là-bas, m’assoir dans cette même chaise
Chuchotant cette même prière un demi-million de fois
C’est un mensonge
Enfoui dans les disciples
Une page de la Bible ne vaut pas une vie

There’s something wrong in the village
In the village, oh
They stare in the village
In the village, oh
There’s nothing wrong with you
It’s true, it’s true
There’s something wrong with the village
With the village
There’s something wrong with the village

Il y a quelque chose qui ne va pas avec le village
Dans le village, oh
Ils ont le regard fixe dans le village
Dans le village, oh
Il n’y a rien de mal avec toi
C’est vrai, c’est vrai
Il y a quelque chose qui ne va pas avec le village
Avec le village
Il y a quelque chose qui ne va pas avec le village

Photo : James Charles, cover-boy pour Maybelline

Faut-il encore tomber amoureux? C’est le thème de la chanson “Falling for you”, écrite et chantée par Jem.

Je suis tombé sur cette chanson alors que j’en cherchais une autre du même titre – j’en reparlerai – et face à la beauté et à la simplicité de l’interprétation de Jem, je me suis allé à penser à cette question de l’espoir que l’amour se rencontre enfin après de multiples déconvenues. C’est un thème récurrent dans les chansons comme sur les forums gays. Sans qu’ils en aient l’exclusivité, bien sûr, car ce thème est universel. Mais il y a pourtant une fragilité, une fêlure qui peut rendre douloureux l’amour chez les personnes homosensibles.

Déjà, il a souvent été si difficile d’admettre qu’on était attiré par des personnes du même genre, il a été si difficile de se le dire à soi-même, puis de le dire à quelqu’un d’autre, et que ce quelqu’un soit celui qu’on aime…

Comment décrire cette fragilité? D’abord, dans un certain nombre de cas, les premiers émois sont vécus dans la confusion entre amitié et attirance sentimentale et/ou physique. C’est bête, mais on n’imagine pas tomber amoureux de son ami…tant qu’on n’a pas compris que cette amitié-là n’est quand même pas tout à fait comme les autres. Et puis, quand vient le courage de dévoiler son amour à l’autre, il arrive qu’il n’y ait pas de réponse, voire qu’il y ait une réponse de rejet, de dégoût, de rupture de l’amitié. Particulièrement quand l’autre aimé est hétérosexuel et rejette ou ne comprend pas l’homosexualité. Un peu comme si cet autre se sentait trahi qu’on l’ait laissé devenir ami alors qu’on se révèle amoureux. Comme si cela se contrôlait ! La volonté n’y est pas pour grand chose.

Alors, c’est la course vers l’amour. vers l’amour et ses désillusions progressives. Y a-t-il quelqu’un quelque part que j’aime et qui m’aime? Quelqu’un qui m’accepterait tel que je suis? Sans conditions, sans marchandages, sans complaisance, et aussi sans dépendance? Comme c’est compliqué. Car, qu’on le veuille ou non, on s’enferre dans une recherche d’amour conditionné : celui d’un gay par un gay. Celui de quelqu’un de blessé qui espère rencontre un amour normal avec quelqu’un de pas trop caboché par la vie, et inconsciemment – souvent – quelqu’un qui pansera sa blessure.

La course vers l’amour idéal… après le temps perdu à se trouver soi-même. Et pourtant l’amour existe. Il existe forcément ! Mais où, dans quels bras, dans quel coeur ? Quel est celui qui m’acceptera tel que je suis et auprès de qui je me sentirai comme revivre parce que grandi, éveillé, complet, heureux, heureux du bonheur même de le voir lui-même heureux de s’éveiller et s’épanouit en ma présence?

Ca peut sembler simple pour un hétéro. Il me semble que cela l’est bien moins pour les personnes attirées par le même genre.

Alors, faut-il encore tomber amoureux? Oui, bien sûr ! Et se rapprocher du grand Amour autant qu’on le peut. C’est-à-dire de Celui qui fait qu’on s’oublie soi-même dans une relation qui nous éveille et nous construit réciproquement. Peut-être, faudra-t-il s’y reprendre à plusieurs fois. Peut-être, oui. Le temps de se désengager de ses blessures d’enfant, de ses désirs d’affection infinie qu’on voudrait recevoir de l’autre en voulant lui faire porter une responsabilité qui n’est pas la sienne, quand bien même il le voudrait et promettrait monts et merveilles. Il faut d’abord apprendre à s’aimer soi-même, retrouver en soi cette tranquillité qui fait que j’ai le droit d’être et d’exister tel que je suis sans attendre l’approbation d’un autre. L’amour humain ne consiste pas à attendre et espérer de l’autre qu’il compense les manques d’assurance et d’affection venus des fins fonds de notre histoire. Ce chemin est voué à l’échec. Même pas par idéalisme, juste parce qu’il ne prend pas la réalité en compte, la réalité de qui on est.

“Tomber amoureux”, l’expression est belle. Elle évoque une sorte de lâcher prise, de mouvement d’abandon vers l’autre, d’acceptation de m’en remettre à lui. Sortir de soi. Accepter d’être sans défense et me recevoir de l’autre. J’ai dit : accepter d’être et me recevoir de l’autre. Oui, il faut les deux. D’autant que, pour que cela marche, il faut que ce soit réciproque. Ce serait tellement compliqué d’aimer quelqu’un qui ne sait pas qui il est. Il y a tellement de risques de quiproquos et de blessures nouvelles à venir.

C’est tout le drame de cette belle chanson :

Je sens que je tombe amoureux de toi
Mais je suis effrayé de me laisser aller
Je suis effrayé parce que mon cœur a été tellement blessé
C’est vrai que je suis devenu sceptique
Combien de couples s’aiment vraiment
Je voudrais avoir une boule de cristal
Pour me montrer si ça en vaut la peine

Jem – Falling for You / Tomber amoureux de toi

Said there’d be no going back
Promised myself I’d never be that sad
Maybe that’s why you’ve come along
To show me, it’s not always bad

Coz I can feel it, baby
I feel like I’m falling for you
But I’m scared to, let go
I’m scared coz my heart has been hurt so

It’s true I’ve become a skeptic
How many couples really love
Just wish I had a crystal ball
To show me, if it’s worth it all

Coz I can feel it, baby
I feel like I’m falling for you
But I’m scared to, let go
I’m scared coz my heart has been hurt so

Yeah I can feel it, baby
I feel like I’m falling for you
But I’m scared to, let go
I’m scared coz my heart has been hurt so

And I’ve got to be sure
Coz it’s been so long
And I cannot take the pain again
If it all goes wrong

Coz I can feel it, baby
I feel like I’m falling for you
But I’m scared to, let go
I’m scared coz my heart has been hurt so

Yeah I can feel it, baby
I feel like I’m falling for you
But I’m scared to, let go
I’m scared coz my heart has been hurt so

I want you so much
I need you so much
I want you so much
I need you so much

(Believe me my love
Believe me my love)

 

J’ai dit qu’il n’y aurait pas de retour en arrière
Je me suis promis de ne jamais être triste comme ça
Peut-être est-ce pour ça que tu es venu
Pour me montrer que ça n’est pas toujours mauvais

Parce que je le sens, bébé
Je me sens comme si je tombais amoureuse de toi
Mais je suis effrayée de me laisser aller
Je suis effrayé parce que mon cœur a été tellement blessé

C’est vrai que je suis devenue sceptique
Combien de couples s’aiment vraiment
Je voudrais avoir une boule de cristal
Pour me montrer si ça en vaut la peine

Parce que je le sens bébé
Je me sens comme si je tombais amoureuse de toi
Mais je suis effrayée de me laisser aller
Je suis effrayée parce que mon cœur a été tellement blessé

Ouais je le sens bébé
Je me sens comme si je tombais amoureuse de toi
Mais je suis effrayée de me laisser aller
Je suis effrayée parce que mon cœur a été tellement blessé

Et je dois être sûre
Parce que ça a été si long
Et je ne peux souffrir à nouveau
Si tout se passe mal

Parce que je le sens bébé
Je me sens comme si je tombais amoureuse de toi
Mais je suis effrayée de me laisser aller
Je suis effrayée parce que mon cœur a été tellement blessé

Ouais je le sens bébé
Je me sens comme si je tombais amoureuse de toi
Mais je suis effrayée de me laisser aller
Je suis effrayée parce que mon cœur a été tellement blessé

Je te veux tellement
J’ai tellement besoin de toi
Je te veux tellement
J’ai tellement besoin de toi

(crois-moi, mon amour
crois-moi, mon amour)

Source photo : Joey Graceffa et Daniel Christopher Preda