feu-brasier

La quête de l’amour occupe une grande place dans ma vie. Peut-être est ce que j’y accorde trop d’importance, mais que voulez-vous ? Aimer est dans ma nature d’homme, et je crois sincèrement que, la plus grande chose que l’on puisse apprendre est d’aimer et d’être aimé en retour. L’Être Humain est fait pour cela, d’abord. Même la Parole de Dieu met l’Amour au centre de son message. Bien entendu, il y a mille manières d’aimer, mais cela n’est pas mon propos d’aujourd’hui.

Quand j’aime, j’ai besoin de le dire, de l’écrire, de le montrer et ce, peut-être, au risque d’en faire trop. Emballement, coup de cœur et coup de foudre sont logés à la même enseigne : Auberge de la Passion. Il arrive que le feu soit uniquement intériorisé : sentiments non réciproques, ou volonté de ne pas aller trop vite dans la relation pour ne pas effrayer l’autre, en constituent les raisons majeures. Mais le feu est là, et bien là. Comme le feu grégeois, la flamme brûle en permanence au fond de moi et n’attend qu’un souffle (d’amour) pour se transformer en brasier.

Loquito
(Anotherdaylight, 4 mars 2011)

 

Pentecote

 

J’avais l’intention de parler de la Pentecôte, du don de l’Esprit, honorer cette belle fête chrétienne. Mais je ne le peux pas… Pas à la manière dont je l’envisageais et peut-être ne le pourrai-je jamais plus. Trop de choses se bousculent en moi en ce moment.

Je voulais parler du corps et de l’esprit, ce pauvre amas d’os et de chair, promis à la mort tandis que l’Esprit nous anime et nous conduit à la vie éternelle. Je ne peux pas.

Ce n’est pas que j’ai perdu la foi, oh non ! Ce n’est même pas que mon discours était faux. Mais face au surgissement de l’être, quel discours puis-je tenir?

Ma Pentecôte, je vais vous la raconter, puisqu’elle est en train d’advenir dans ma vie. Que puis-je faire d’autre? Elle est là qui surgit tout à coup et elle ne ressemble à rien de ce qui était prévu. Pourtant je la reconnais bien. Car elle est une force de vie gigantesque qui est en train de jaillir, me bouleverse, me réconforte, me console, me fortifie à la fois. Elle est Paix, Amour, Joie, et plein d’autres choses en même temps et tout ça confondu.

Débordement d’amour.
Jaillissement de vie.
Torrents de compassion.
Je suis submergé,
et c’est bon.

Ah ça prend une drôle de tournure : au départ c’est comme si j’étais submergé par mes propres émotions. Et me voilà à dire ou à penser que je suis bien trop sensible, que ça ne se fait pas d’écouter ses émotions à ce point là et les laisser prendre le pouvoir, mais, mais… ai-je seulement eu le temps de vraiment le penser? Elles sont déjà là, elles m’entraînent avec elles. Je suis comme porté par une vague qui m’enveloppe et me protège, et me berce, et accueille mes larmes si longtemps contenues. Ces émotions n’étaient qu’une goutte d’eau à la surface de la vague qui m’entraîne

Une digue vient de se rompre.
Un mur, des murs, des verrous, que sais-je? qui sautent.
Ca ne fait même pas mal. C’est doux, c’est bon, c’est infini.

Où est-ce ? Je ne sais pas.
Ca surgit d’un fond de moi que je ne sais pas situer physiquement,
mais ça remplit aussi l’espace et le temps,
et me relie à d’autres qui le reçoivent aussi.

C’est immense.
Immensément bon.
Ma raison me dit de faire attention,
que peut-être ça va m’entraîner n’importe où,
ou que, peut-être, ça va s’arrêter et que je me retrouverai perdu et désemparé.
– Mais tais-toi donc ma tête, je ne t’écoute plus !

Il y a ce surgissement primal qui m’emplit et qui est si bon.
Tu comprends, c’est la vie, c’est la Vie qui revient,
la folie, la joie, la fête et la danse !

Mais d’où ça vient ? Je ne sais pas. C’est partout.
Ca vient de moi mais c’est aussi le coeur de mes amis,
mes bien nouveaux amis, c’est vrai.
Ils m’ont touché le coeur, ils ont touché mon être.
Il semble que mon être
attendait un mot, un geste, de vrai amour
pour se réveiller, se libérer, grandir,
venir habiter chez lui.

Et voilà, c’est le moment.

Le plus incroyable, et c’est cela ma Pentecôte,
c’est que nous parlions le même langage,
celui de l’Être.
Tu as vu? Je ne dis même plus celui du coeur.

Ils sont gays ou pas,
ils sont de France, de Suisse, d’Italie, du Canada …
Ils sont ma famille,
Ils m’accueillent comme tels.

Et tous ces débordements
qui m’affolent un peu, je dois bien le reconnaître,
ils les regardent avec gentillesse.
C’est naturel pour eux.

C’est le plus étonnant, d’ailleurs.
Le naturel avec lequel ils reçoivent
ce que nous appelons sensibilité
et qui est en fait l’accueil tranquille
de la puissance de Vie
déposée en chacun de nous.

Mon coeur est touché,
mon être se réveille.
Je baisse les bras, je laisse les armes.
Je ne veux que ça.
Toute ma vie, j’ai attendu ça, je crois.

Où cela m’entraîne-t-il,
De quoi demain sera-t-il fait ?
Je ne sais pas.
Je ne veux pas savoir.

Pour l’instant, je veux juste continuer
à sentir le Vent gonfler mes voiles,
ouvrir toutes les portes et les fenêtres de ma maison intérieure
et rejoindre le vent des amis
qui ont déjà le coeur ouvert
et m’invitent dans leur danse
déjà commencée.

C’est la fête de la Vie.

Bienheureux amis !

Z  – 14 mai 2016

Quand arriva le jour de la Pentecôte,
au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.

Soudain un bruit survint du ciel
comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis
en fut remplie tout entière.

Alors leur apparurent des langues
qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.

Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

(Actes des Apôtres, 2, 1-4)

un ami extraordinaire

J’ai un ami extraordinaire
et son nom est… Non, ça, c’est notre secret.

J’ai un ami extraordinaire,
il se reconnaîtra ou pas, en lisant ces lignes.

J’ai un ami extraordinaire,
car notre relation est virtuelle.

Ah, ça ! ça doit faire sourire,
Que peut-il bien venir de bon du virtuel?

Eh bien, c’est oublier que le coeur des hommes,
lui, n’est pas virtuel.

Derrière chaque ami virtuel, il y a un homme, un coeur, une vie.

Certes, le plus souvent cela est complètement superficiel.
Mais, il n’empêche, j’affirme haut et fort
que j’ai un ami extraordinaire;

Notre relation n’est que virtuelle,
mais il a une sensibilité qui m’a touché,
et il en est de même pour lui.

Cela pose plein de questions,
sur la définition de l’amitié,
la possibilité de confusions,
illusions ou manipulations.

Mais cela demeure:
J’ai un ami extraordinaire.

Nous ne nous parlons pas souvent,
et c’est toujours en mots mesurés.
A vrai dire, il n’aime pas beaucoup se disperser en parlottes
comme je le ferais facilement.
Mais chaque mot, chaque intervention, est posée, sentie, ajustée.
Chaque échange nous révèle,
nous fait naître et grandir.

Pourquoi dis-je que c’est un ami?

Parce que sa sensibilité répond à la mienne,
sans nous connaître, nous sentons les mêmes choses
et nous complétons aisément.
Pas de longs discours, pas de longues démonstrations.
Nous nous comprenons,
nous nous apprécions,
nous nous savons présents l’un à l’autre
sans qu’il y ait besoin d’en rajouter.

Il est attentif à ce que j’écris,
je suis attentif à ce qu’il écrit.
Le petit mot doux, gentil et qui fait avancer.
Toujours juste.
Il dit la même chose de moi, me semble-t-il.

C’est un ami extraordinaire.

Peut-être ne nous rencontrerons nous jamais,
peut-être que si.
Ca ne semble pas avoir une grande importance.

Mais si nous nous rencontrons un jour,
j’aimerais qu’il n’y ait pas beaucoup de mots.
J’aimerais que nous plongions nos regards l’un dans l’autre,
doucement, tranquillement, sans peur ni honte,
nous qui n’avons rien à nous cacher
et pas besoin de mots pour le dire.

Peut-être se tenir les yeux fermés,
mains dans les mains,
pour ne rien gâcher de cette rencontre.

Ou peut-être pas.
Il est possible que cet ami
soit gêné dans l’expression de ses sentiments.

Et goûter, goûter seulement,
la Présence.

Ce sera comme nos échanges virtuels,
ce sera comme notre amitié présente,
en plus grand peut-être
et en tout autant éphémère
puisqu’il faudra bien se séparer et se quitter.

Ce sera peut-être très court, et même très furtif,
car nous sommes différents.
Moi porté sur l’intensité relationnelle du moment,
Lui sur la relation ouverte et partagée à tous.

Mais cette présence,
ce coeur à coeur,
cette douceur partagée,
c’est cela qui est l’ordinaire de l’amitié vraie.

Si rare n’est-ce pas
que je dois bien le confesser :

J’ai un ami extraordinaire !

Zabulon – 7 mai 2016

chaque-ami

Il n’y a pas deux amis de pareil. Chacun a un cadeau pour nous. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’un seul ami puisse nous donner tout ce dont nous avons besoin.

L’un d’eux peut nous offrir son affection, un autre peut nous stimuler intellectuellement, un autre fortifier notre âme. Plus nous sommes capables d’accepter les cadeaux que nos amis ont à nous donner, plus nous serons capable de donner à d’autres nos propres cadeaux. Et l’amitié partagée créera une merveilleuse tapisserie d’amour.

Henri Nouwen

[Source texte français (complété) : Louise Bréault]

—–

No two friends are the same. Each has his or her own gift for us. When we expect one friend to have all we need, we will always be hypercritical, never completely happy with what he or she does have.
One friend may offer us affection, another may stimulate our minds, another may strengthen our souls. The more able we are to receive the different gifts our friends have to give us, the more able we will be to offer our own unique but limited gifts. Thus, friendships create a beautiful tapestry of love.

[Source texte anglais : henrinouwen.org]

—–

No hay dos amigos iguales. Cada uno tiene su propio regalo para nosotros. Si esperamos que un amigo esté en posesión de todo cuanto necesitamos, seremos siempre hipercríticos y no estaremos nunca satisfechos de lo que se tiene.

Un amigo puede ofrecernos afecto, otro proporcionarnos estímulos intelectuales, un tercero, fortalecer nuestra alma. Cuanto más capaces seamos de recibir las distintas dádivas que cada amigo tiene para darnos, más capaces seremos nosotros de ofrecerles la nuestra propia, única, pero limitada. Así, las amistades pueden crear un bello tapiz de amor.

[Source texte espagnol : henrinouwenblog.blogspot.fr via cristianosgay]

signatureNouwen

Freddy-Keith-02

 

« Mais qu’est-ce que je vais faire de toi ? »

C’est ce que me dit un ami, gentiment. Dans sa bouche, c’est une manière de dire sa tranquille exaspération devant mes attentes et mes frasques en tout genre.

Il le dit d’une manière amusée. Aucune méchanceté dans ses propos, ni dans le ton. Pas une once de négativité. Non, ce que je perçois c’est comme de l’amusement. Et c’est bien ce qui l’a traversé et ce qu’il a transmis.

Pourquoi, alors, suis-je touché plus que je ne devrais par cette boutade ?

Ce n’est pas qu’elle me rappelle des reproches et réprimandes, rien qui renvoie à l’enfance… Encore que, si, peut-être.

Ce que je ressens, dans un premier temps, c’est le soulagement et la joie, une profonde joie intérieure, de compter pour quelqu’un, d’être quelqu’un pour lui, cet ami. Enfin une réciprocité. Enfin être aimé, enfin être reconnu, enfin exister. Si tu demandes ce que tu vas faire de moi, c’est donc que vas faire quelque chose de moi, c’est donc que je suis important pour toi, même un petit peu.

Et, si cela t’amuse et que tu m’adresses cette parole, c’est que tu me parles, c’est que tu m’associes à cette question et à son solutionnement. Quelque chose de la relation, d’une relation entre toi et moi, douce et tranquille, qui est là, qui tient. Nous allons donc vers l’avenir ensemble?

Et plus loin encore pourtant, oui, cet appel de l’enfance, cette prise de conscience que mon enfant intérieur est touché, ravi, séduit. Tu sais, cet enfant blessé, cet enfant déconsidéré, qu’on ne regardait pas, à qui on ne marquait pas de marques de tendresse ou, pire, si on le faisait, c’était pour les reprendre immédiatement en donnant des signes contraires. Cet enfant abandonné, en quelque sorte, à qui on n’a pas dit, pas assez, qu’on l’aimait.

« Qu’est-ce que je vais bien faire de toi ? » C’est bête, hein, cette question. C’est celle que j’aurais voulu entendre, percevoir, vivre lorsque c’était le temps de l’enfance. Et c’est toi, mon ami qui me la sort, comme ça, avec un naturel déconcertant qui me prend, immédiatement, aux entrailles.
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Tu n’en sauras rien car je ne me sens pas capable de te dire tout cela. C’est très intime quand même, et je sais que tu n’aimes pas ce genre d’intimité.

Me voilà avec cette drôle de flèche qui me transperce et me réveille. Droit au but, droit au cœur. Et ça ne fait même pas mal. Elle s’est frayée un chemin vers quelque chose d’enfoui très profondément et me le ramène doucement, provoquant une multitude de micro prises de conscience et encore plus de réajustements inconscients.

C’est quoi ce mystère qui me rend si sensible à des choses que d’autres ne perçoivent pas ? J’ai le cœur à nu ; Dieu merci, personne ne le voit !

J’ai un secret : la blessure qui m’a rendu fragile et hypersensible est aussi ma force. Car je ne puis douter un instant que ce qui me révèle et me restaure ainsi dans ma dignité intérieure, d’une manière si indicible qu’elle n’en est pas humaine, vient de Dieu lui-même.

La voix de l’ami – ses paroles, le ton de la voix, la vraie amitié qu’il y a dedans, et même l’amusement, bref tout son contenu – la voix de l’ami, dis-je, c’est la voix de la vie, c’est la voix du Seigneur qui me parle, me touche, m’atteint : “Mais qu’est-ce que je vais faire de toi ?”

Car tu vas faire quelque chose, c’est ce que cela veut dire. Et toi, tu fais toutes choses nouvelles.

Zabulon – 3 mai 2016

 


Source photo : Freddy Keith, modèle américain, Next Models, Los Angeles.