http://freeartisticphotos.com

J’avais un ami
(J.F. Porry / J.F. Porry – G. Salesses)

 

Vous vous demandez pourquoi j’ai du chagrin
Pourquoi je ne vais pas très bien
Vous voulez savoir pourquoi, souvent le soir
Je sens grandir mon désespoir.
Mon triste secret, je vais vous le confier,
Vous dire ce qui me fait pleurer

J’avais un ami
Et il est parti

Quand plus rien n’allait, c’est lui que j’appelais
Et toujours il savait trouver
Les mots justes qu’il fallait pour me consoler
Et pour me faire tout oublier

Quand il était auprès de moi, je savais
Que rien ne pouvait m’arriver

J’avais un ami
Et il est parti

On s’était connu tous les deux quand on avait à peine dix ans
Sa maison était juste à côté de la maison de mes parents
On ne s’était jamais, jamais, jamais vraiment séparés depuis
Mais aujourd’hui, je me retrouve bien trop seule car il est parti

Mon triste secret, je vais vous le confier,
Vous dire ce qui me fait pleurer

J’avais un ami
Et il est parti

Vous vous demandez pourquoi j’ai du chagrin
Pourquoi je ne vais pas très bien
Vous voulez savoir pourquoi, souvent le soir
Je sens grandir mon désespoir

Mon triste secret, je vais vous le confier,
Vous dire ce qui me fait pleurer

J’avais un ami
Et il est parti
x 4

 

<iframe width=”420″ height=”315″ src=”https://www.youtube.com/embed/yuVa9hJmtFc” frameborder=”0″ allowfullscreen></iframe>

(P) 1995 AB Productions / (C) 1995 Panorama
[chanson interprétée par Dorothée]
Hélas, l’interprétation ne sert pas beaucoup les paroles, mais, bon, pour les aficionados…

langue

[source photo: http://www.taringa.net ]

 

Cette photo, c’est exactement ce que j’ai vu ce jour là.

 

J’étais dans  un train de retour de Lisieux,

je revenais de pèlerinage,

et je lisais “Histoire d’une âme”

– Ca ne s’invente pas ! –

 

Le train était un tortillard qui se traînait

et s’arrêtait en différentes gares.

Il était archibondé, mais il restait encore une place assise

juste en face moi.

A un arrêt, un jeune homme est monté.

Blond , élancé, traits fins,

jeans délavé et ouvert au dessus des genoux.

Il s’est avancé et est venu s’asseoir en face de moi.

 

Je l’ai regardé s’asseoir,

en le dévisageant.

Oui, je l’ai trouvé beau.

 

Je ne me lassais pas de le regarder.

Quelque chose me le rendait proche.

Je sentais qu’il avait souffert

et qu’il était maintenant apaisé,

qu’il avait fait des choix

et qu’il ignorait encore

à quel point il était aimé.

 

Je crois qu’en le regardant ainsi,

je l’aimais.

En tout  cas, un amour

qui n’était pas de moi

me traversait

et allait jusqu’à lui.

 

J’avais arrêté de lire,

je le regardais.

Je dévisageais ses traits , son corps,

Oui, je le trouvais beau.

 

Bien sûr , nos regards se sont croisés.

A plusieurs reprises.

Il ne pouvait pas ne pas sentir

que je le dévisageais.

Mais dans ce train bondé,

tout se passait en silence,

dans une apparente indifférence.

 

A un moment,

balancé par le mouvement du train,

il s’est endormi.

Ses paupières se sont affaissées,

son souffle s’est fait moins rapide.

Il dormait.

Et il était beau.

 

Je le regardai maintenant

sans détourner les yeux,

Je sentais un lien avec lui

mais indéfinissable.

 

Je crois que j’ai prié pour lui.

Je crois que j’ai remercié Dieu

pour son existence.

 

Les minutes ont passé.

Plusieurs dizaines de minutes.

Sur un sursaut, il s’est réveillé,

les joues empourprées d’un afflux de sang soudain,

la bouche pâteuse de s’être asséchée ,

les yeux dans les nuages

mais qui s’ouvrent directement sur moi.

 

Nous nous regardons.

Droit dans les yeux,

doucement.

 

Je sais au fond de moi que c’est étrange

de soutenir ainsi le regard d’un inconnu;

mais je n’en éprouve pas de gêne.

Je sens confusément que cela me  trouble

mais je ne peux pas détourner le regard

car il y a quelque chose de plus puissant.

 

Il baisse les yeux, s’étire, se reprend.

Puis, son regard s’offre à nouveau à moi.

Je le contemple.

Oui, il est beau,

mais pas seulement d’une beauté physique.

Son être est beau, je le sens, je le sais.

je suis subjugué par plus puissant que moi.

 

C’est à c e moment-là,

qu’en soutenant mon regard fixement,

sans agressivité, avec beaucoup de douceur,

il entrouvre les lèvres,

il sort sa langue,

la passe sur ses lèvres,

la tend vers moi.

 

Je soutiens son regard,

je reçois son hommage.

Quelque chose en moi éveille du désir,

mais je sais que ce n’est pas ce que je porte en ce moment.

Je lui souris.

Et c’est moi qui baisse le regard,

et plonge vers mon livre

que je n’arrive pas à lire,

tandis que je prends enfin conscience

que je suis troublé.

 

Quand, quelques minutes plus tard,je relève les yeux,

il regarde ailleurs.

Je ne croiserai plus ses yeux bleus, profonds et limpides.

 

A ce moment, je comprends

que ce ne sont pas ses yeux qui sont profonds et limpides.

c’est son âme, c’est son être.

Et, Dieu sait pourquoi,

il m’a été donné d’en être le témoin, ou l’acteur même si je ne sais pas comment.

 

Au terminus,

nous nous frôlons lorsque nous nous levons.

Chacun reste sur sa réserve.

Nous ne prononçons aucun mot.

Nous récupérons nos bagages, descendons.

Je l’aperçois remonter le quai à grandes enjambées,

devant moi, à portée d’un mot, d’un geste.

Un instant, je pense le suivre, le héler, je ne sais quoi..

mais, eh pour quoi faire ? quoi dire ?

 

Alors je le laisse aller.

 

Je ne sais pas qui est ce garçon.

Je ne sais pas ce que nous sommes venus nous donner,

l’un à l’autre, en ce court moment.

 

Je reste avec  ce trouble en moi qui m’inquiète…

La peur d’un désir non contrôlé,

la sexualité qui s’éveille.

 

Et avec ce sentiment de beauté.

Comme un cadeau qui m’est fait ,

un cadeau inaccessible,

une promesse pour demain

ou pour après.

 

Cette beauté, Seigneur,

cette harmonie des coeurs,

ce lien entre nous,

au delà de toute convenance,

au delà de toute limite,

Oui, il me construit,

oui , il m’éblouit,

oui je le reçois comme une promesse de bonheur

à vivre ensemble.

 

Quand, comment, je ne sais pas.

Toi, tu sais ,mon Dieu.

Et même sil reste en mon coeur

comme une trace d’inachevé,

cela dévoile comme une promesse d’amour infini.

Pas encore et déjà là.

 

Blessure et Beauté à la fois.

Beauté tellement belle,

que je ne peux dire que merci.

 

Zabulon