fenetre

 

 

Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude, refaisant tous les jours les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repère, ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtement ou qui ne parle jamais à un inconnu, celui qui évite la passion, celui qui ne change pas de cap, celui qui ne prend pas de risque pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n’a fui les conseils sensés.
Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique, celui qui ne sait pas rire de lui-même.

Pablo Néruda

 

 

 

[Source…. Loquito, le toujours bien inspiré 🙂 , du 3 oct 2015]

dormeur

L’oiseau du matin chante.

Comment sait-il que l’aurore va poindre, alors que le dragon de la nuit enlace encore le ciel de ses replis glacés et noir ?

Dis-moi, oiseau du matin comment, au travers de la double nuit du ciel et des arbres, il trouva son chemin jusque dans tes rêves, le messager qui surgit de l’Orient ?

Le monde ne pouvait te croire lorsque tu t’es écrié : “Il vient, le soleil, et la nuit n’est plus.”

Ô dormeur, éveille-toi !

Découvre ton front, dans l’attente du premier rayon béni de lumière, et chante avec l’oiseau du matin en joyeuse ferveur.”

Rabindranath Tagore, in L’offrande lyrique.

source image : www.trentonthegreat.com

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Va, et ne pèche plus.

Dans la liturgie de ce dimanche (13 mars) « Va et, désormais, ne pèche plus ».
Je voudrais m’arrêter quelques instants sur cette finale de l’Evangile de la femme adultère.

Parmi les réceptions de cette Parole, il me semble qu’il y a  deux interprétations qui ne sont pas, ou ne sont plus, recevables.

  • La première serait de se dire : ouh la la, tous les gens ils sont méchants, et en plus ils veulent embêter Jésus. Heureusement, il ne tombe pas dans le piège. Il transforme l’indignité publique en une affaire privée et finalement réussit à sauver une pauvre pécheresse. Super Jésus !
  • La deuxième serait de conclure par une justice compassionnelle mal  placée : bon, cocotte,  je t’ai tirée d’affaire. Ils t’ont pas condamnée, et moi non plus, mais quand même t’es une pécheresse, alors que ça te serve de leçon, hein ! Arrête tes activités de pécheresse ! Hum, hum…

Evidemment ces deux interprétations sont possibles, et même nécessaires pour comprendre ce qui se passe, mais il me semble bien que nous sommes invités à aller plus loin. Sinon, pourquoi toute cette histoire pour répéter un message que finalement nous connaissons par cœur : Dieu nous aime au-delà d’une justice rétributive, il nous aime si fort qu’il a le pardon facile… du moment qu’on s’engage à ne plus pécher !

Certes, dans le contexte de l’époque comme dans bien des consciences contemporaines, c’est déjà un énorme progrès. Mais, franchement, ça ne suffit pas. Jésus est bien plus fort que ça !

 

« Va, ne pèche plus ! »  Comment expliquer ce paradoxe entre le constat du péché et la non-condamnation ? D’abord, c’est quoi « pécher » ? Les hébreux qui poussent la femme devant Jésus semblent croire que ça consiste à commettre quelque chose qui est interdit dans la Loi et donc qu’il faut punir, comme les textes le proposent. Donc, ce serait une faute, quelque chose de vilain par nature que, berk, il faut réprimer. Sinon y’a plus d’ordre, plus de repères, où va le monde, quoi !…

« Va, ne pèche plus !»… Elle a donc péché.  Mais pourquoi donc Jésus  qui est venu accomplir la Loi et non pas l’abolir, ne laisse –t-il pas s’appliquer les prescriptions prévues dans la Torah ? Elle a péché ou elle a pas péché ?

« Va ne pèche plus ». Nous-mêmes aujourd’hui, et déjà les hébreux anciens, semblons avoir oublié le sens originel du mot péché.  En hébreu, le terme ‘HaThaH, parfois écrit Chatta’ah,   désigne le fait de rater sa cible, comme un archer rate sa cible.  Le mot grec  amartia  par lequel cela  été traduit, a sensiblement le même sens.  Il y a donc un glissement de sens qui n’est pas correct chez ceux-là même qui parlent la langue hébraïque, ces fameux gardiens de la loi. Et, dommage pour nous,  ce glissement sera encore plus marqué en Occident avec la traduction latine par pecco , peccatore, d’où vient le mot français péché. Parce que pecco veut clairement dire faire un faux pas… ce qui enclenche immédiatement la question de la faute et de la responsabilité qui ne sont pas forcément contenues dans les termes hébreux et grecs !

« Va ne pèche plus »… Donc, si on entendait : « Va et ne rate plus ta cible ».  Ouverture très intéressante. La femme est alors renvoyée à elle –même, hors tout jugement et condamnation. Jésus lui dit simplement : fais ce pour quoi tu es faite. Ton cœur, ton être, te disent la mesure. Et la mesure, elle est de répondre à cet appel à être qui sourd en toi, y répondre sans commettre le mal envers autrui.

Oui, je sais que Jésus ne dit pas tout ça textuellement, mais  comme Dieu ne se contredit pas, s’il faut assumer l’héritage de la Torah, il faut bien lui trouver un sens dans les paroles de Jésus.

« Va, ne pèche plus…» Ne rate pas ta cible, tu es faite pour le bonheur, un vrai  bonheur. Pas pour en prendre des miettes, ici ou là, dans la vie des autres. Ecoute attentivement l’appel de Dieu en toi, l’appel de la Vie.  La question n’est finalement pas celle de l’adultère mais celle de ta vérité, et aussi celle de ne pas faire de mal à autrui pour ne pas blesser leur vérité. Je parle  bien de vérité, pas du sentiment fugace de sincérité. Quelle est fondamentalement ta cible, ce pour quoi tu es faite ? Le sachant, tu pourras faire un, toi, ton arc, ta flèche et la cible, ainsi que l’explique  Karl Graf Durkheim relatant parfois son initiation aux arts japonais.

« Va, ne pèche plus.. » La mesure est en toi, pour peu que tu sois lucide sur toi-même et un tantinet disponible. Ce pourquoi, ce n’est pas aux autres de te condamner. C’est tellement facile de pointer les soi-disant erreurs ou écarts des autres pour ne pas regarder le mal en soi. Le mal, c’est l’aveuglement qui coupe de soi-même et tue l’autre.

Si nous reprenons maintenant l’autre parole de Jésus, prononcée à l’égard de ceux qui lui amènent la femme, en quoi consiste-elle ? Il les renvoie à eux-mêmes. Il les remet, eux aussi,  dans la bonne direction qui est d’écouter son cœur en vérité. En ce sens, il me semble que Jésus n’est pas du tout piégé par cette situation. Peut-être est-il las ou attristé mais cela aussi est une libre interprétation car rien dans le texte ne permet de connaître les sentiments du Maître. Jésus, il est égal à lui-même. Il ne réagit pas à la pression, il est tout entier uni à son Père, et c’est très calmement qu’il peut renvoyer chacun à ausculter sa vérité. N’es-tu pas pécheur toi-même ? Ne rates –tu pas régulièrement la cible de ce pour quoi tu es fait ? Te conduis-tu toujours en être créé à l’image et à la ressemblance de ton Dieu ? N’es-tu pas en train de rater ta cible, là, en t’occupant de celle des autres ?  Que celui qui n’a jamais raté sa cible, que celui qui n’a jamais péché, lui jette la première pierre, si c’est ça votre vérité !

« Va, ne pèche plus ». Ce n’est pas une condamnation même a postériori.  Ni avec sursis, ni avec absoute. Nous sommes dans un autre registre qui est plutôt de l’ordre de : « écoute ton coeur, écoute ton être, et va dans cette direction, fais ce que tu as à faire. » Quel formidable encouragement, quelle formidable preuve de confiance !

Il y en a un autre à qui Jésus dira cela. Un peu plus directement, sous la forme de « fais ce que tu as à faire », et ce sera Judas.  Grand mystère que cette amitié trahie par un homme qui n’écoute pas bien son cœur et qui projette sur les gens, les évènements et Jésus lui-même des aspirations qui ne viennent pas de lui. Nous sommes tous faibles, tous capables d’abandon, lâcheté, trahison face à l’ampleur de la tâche. Aussi cela doit-il nous conduire à l’humilité. Je ne sais pas pour mon frère ce qui convient pour lui. Je ne peux pas le savoir puisque j’ai bien du mal à savoir pour moi-même. Mais  ce que je sais, c’est que dans la vie de mon frère, il y a quelque chose de Dieu, une étincelle divine, qui l’éclaire et me parle. Ses combats, ses luttes, ses chutes, ses débats intérieurs  ne sont pas sans laisser  percevoir la présence de Dieu dans sa vie, même quand il ne le sait pas lui-même.

Alors, le condamner ?  Alors que, sans le savoir, il me parle de l’amour de Dieu pour lui… et donc pour moi ?

Pas possible.

[Libre commentaire, vu du pays de Zabulon 🙂]

fils-perdu

Le temps passe…
Je suis au milieu d’une tempête qui n’en finit pas et que je sais pourtant nécessaire.
Ca secoue de partout, c’est douloureux parfois.
Et ce sentiment inépuisable d’être perdu…
Ne pas savoir, où aller, quoi faire, quoi décider.
Je suis partagé entre deux extrêmes :
Tout abandonner, tout lâcher – laisser faire –
Et me battre, lutter envers et contre tout
– mais je ne sais pas contre quoi et contre qui.
Je ne vais pas me battre contre moi-même, quand même,
Alors que je sens bien que l’enjeu est, au contraire, de me retrouver.

C’est bizarre cette impression d’être comme un fils prodigue
Qui a quitté la maison, dilapidé ses biens, essayé plein de choses,
Fier de mener sa vie, confiant, optimiste, terriblement irréaliste aussi,
Et qui se retrouve sans rien, sinon la faculté de revenir en lui,
Et de se rappeler ce qu’il a quitté, ce qu’il a perdu.
Non pas une richesse matérielle, mais un amour qui le constituait,
Un amour qui sécurisait, un amour qui vitalisait,
Un amour qui sourçait tranquillement
Et le structurait en son être.

Je ne suis pas si vieux que ça,
Et pourtant je n’en finis pas de revisiter l’enfance et l’adolescence.
Comme si quelque chose m’attendait là-bas,
Que j’ai oublié ou perdu.
Et ce quelque chose, il se pourrait bien que ce soit quelqu’un.
La part de moi, irréductible, encore pure
Qui aspirait à la vie, au bonheur.

Comment replonge-t-on dans ses sources ,
Comment y revient-on ?
Le fis perdu médite en son cœur et se prépare.
C’est peut-être le sens de ce qui m’agite.
Qu’on l’appelle tempête ou désert.
Je vais donc revenir,
Demander pardon à mon Père de m’être enfui si loin de lui,
De n’avoir cru qu’à mes propres forces,
D’avoir cru pouvoir vivre hors de ce qui m’origine.

Il y a dans mon enfance et mon adolescence,
Cet appétit de vivre,
Cette soif de découvrir,
Ce bonheur de donner et recevoir,
Cette insouciance même,
Qui rendaient présent l’instant présent.

Comment fait-on pour retrouver le chemin ?
J’ai parcouru tellement de routes depuis.
Comment fait-on pour retrouver le chemin ?

Mon être, réveille-toi.
Même si je t’ai malmené un peu parfois,
Si je t’ai oublié ou, pire, caché et fait taire,
Mon être, réveille–toi.
Car c’est toi qui sais le chemin.
La vérité, c’est que je suis perdu sans toi.
Et j’avais bien besoin de cette leçon.
Mon être, toi qui reçois la vie divine chaque jour,
Pardonne-moi et reprends place en moi.
C’est toi qui sais le chemin de l’Être.

Zabulon – 13/03/2016

 

 

Source image : Ryan by tehhuskeh (deviantart)

Benjamin Peltonen_1

YOUNG AND RESTLESS (Jeunes et turbulents)

par Benjamin Peltonen

 

Un peu de fraîcheur avec Benjamin Peltonen, un jeune artiste finlandais. Fraîcheur de la jeunesse, fraîcheur de l’adolescence, fraîcheur des grands idéaux et des rebellions contre tout establishment qui voudrait dire ou imposer comment il faudrait se comporter.

Oui, je me souviens.  De ces grands élans, de ces grands enthousiasmes, de ces promesse faites à soi-même – éventuellement à sa bande de potes – selon lesquelles , avec nous ce serait différent, que le monde allait changer, qu’il serait plus beau.

A quiconque me dirait ” c’étaient des rêves”, je répondrais encore aujourd’hui : ” Non, ce n’étaient pas des rêves, c’étaient des intuitions.” Car ces élans ne venaient pas de l’extérieur, ils surgissaient de l’intérieur et emplissaient l’espace, le coeur, les tripes, les pensées; Ils étaient authentique, ils étaient la vie. Ce qui faisait que j’étais jeune et “agité”.  Restless, littéralement : sans repos, en vie, bougeant tout le temps, parce qu’il y avait tant de choses à faire, et notre appétit de vivre était si grand !

Et aujourd’hui alors?  Y a-t-il encore quelque chose qui vit là dedans ?  ou ne suis-je qu’un vieux viking fatigué qui lève la main vers le soleil ?

We’re survivors
Dodge lightning
Eat and run, eat and run
Team vikings
Hands are rising
To the sun, to the sun 

When all the work is up
Who gives a f?
We just got paid
And we forget about our troubles
While we play the fool
And go for days and days

 

It’s going down tonight
We’ll do it the way we like
We’re playing hard, alright
Young and restless

 

High on a hill
Swing by
Skyhigh into we die
We’re looking up, alright
Young and restless

 

She’s a fast driver, yeah
Yeah, on the highway
Where I go I don’t know
Free riders, yeah
Lights on the line and
I may never make it home

 

When all the work is up
Who gives a f?
We just got paid
And we forget about the troubles
While we play the fool
And go for days and days

 

It’s going down tonight
We’ll do it the way we like
We’re playing hard, alright
Young and restless

 

High on a hill
Swing by
Skyhigh into we die
We’re looking up, alright
Young and restless

 

No slowing down
Where we go
Where we go now
No slowing down
Where we go
We go
(X3)

 

It’s going down tonight
We’ll do it the way we like
We’re playing hard, alright
Young and restless

 

High on a hill
Swing by
Skyhigh into we die
We’re looking up, alright
Young and restless

 

Nous sommes des survivants
esquivant la foudre
Manger et courir, manger et courir
Une bande de vikings
Les mains levées
Vers le soleil, vers le soleil. 

Quand le travail est accompli
Qui s’en préoccupe ?
Nous sommes seulement payés
et nous oublions nos problèmes
jouant à faire les idiots
pour des jours et des jours.

 

Ca va changer ce soir,
Nous allons le faire comme on aime,
Nous amuser vraiment, d’accord,
Jeunes et turbulents

 

Au sommet d’une colline
Nous balançant
Sous le ciel où nous mourons
Nous lèverons les yeux, vraiment,
Jeunes et turbulents

 

C’est une conductrice rapide, yeah,
Oui , sur la grand’route
Où je vais, je ne sais pas
Profiteurs (voyageurs sans payer), yeah,
Les lumières sur le chemin
Peut-être je ne pourrais jamais faire ça à la maison.

 

Quand le travail est accompli
Qui s’en préoccupe ?
Nous sommes seulement payés
et nous oublions nos problèmes
jouant à faire les idiots
pour des jours et des jours.

 

Ca va changer ce soir,
Nous allons le faire comme on aime,
Nous amuser vraiment, d’accord,
Jeunes et turbulents

 

Au sommet d’une colline
Nous balançant
Sous le ciel où nous mourons
Nous lèverons les yeux, vraiment,
Jeunes et turbulents

 

Pas de ralentissement
Là où nous allons
Là où nous allons maintenant
Pas de ralentissement
Là où nous allons
nous allons.
(X 3)

 

Ca va changer ce soir,
Nous allons le faire comme on aime,
Nous amuser vraiment, d’accord,
Jeunes et turbulents

 

Au sommet d’une colline
Nous balançant
Sous le ciel où nous mourons
Nous lèverons les yeux, vraiment,
Jeunes et turbulents