qui-me-separera

Pas le temps de faire une grande éxégèse, mais comment ne pas relever les paroles si consolantes de la liturgie de ce jour, pour toute personne qui a entendu l’appel du Seigneur? Précisons quand même, je parle de l’appel à se laisser aimer.

Prenons le récit des Actes des Apôtres. Ce n’est pas l’application, même scrupuleuse, des rites ou des normes qui fait que l’on est sauvé.  C’est le lien indéfectible au Seigneur Jésus. Ce qui fait que la Promesse de la vie éternelle est faite à quiconque veut la recevoir en vérité, sans marchandage mesquin sur le respect des lois, le mérite, la préséance ou toute autre motivation venue de l’orgueil d’un ego qui n’a pas encore baissé les armes face à l’offre inconditionnelle d’un amour lui aussi inconditionnel.

Alors, oui, le salut peut être offert aux peuples, aux nations, à tous et chacun de toute culture,de toute origine. Et c’est l’esprit en paix, que  Paul et Barnabé peuvent partir en secouant la poussière de leurs sandales (obéissant en cela à une préconisation du Seigneur lui-même, rapportée dans les Evangiles), non sans laisser quiconque a reçu la promesse de la vie éternelle ( i.e. ceux qui peuvent, ceux qui sont disponibles) dans la joie. Car la Bonne Nouvelle de la proximité du Seigneur est joyeuse !

 Quand les Juifs virent les foules,
ils s’enflammèrent de jalousie ;
ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient.
Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance :
« C’est à vous d’abord
qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu.
Puisque vous la rejetez
et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle,
eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes.
C’est le commandement que le Seigneur nous a donné :
J’ai fait de toi la lumière des nations
pour que, grâce à toi,
le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. 
»
En entendant cela, les païens étaient dans la joie
et rendaient gloire à la parole du Seigneur

(Ac 13, 14.43-52)

Les textes de l’Apocalypse et de l’Evangile du jour sont, du coup, très évocateurs de la liberté des enfants de Dieu du moment qu’ils sont unis au Seigneur. Ce que le Seigneur a uni ne pourra pas être défait. “Nous sommes uns” dit Jésus,  comme “le Père et moi, nous sommes uns.”

Moi, Jean, j’ai vu :
et voici une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer,
une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.
Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,
vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.
(…)
l’Agneau qui se tient au milieu du Trône
sera leur pasteur
pour les conduire aux sources des eaux de la vie.
Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.

(Ap 7, 9.14b-17)

Seul critère : l’attachement au Christ. Plus encore que la confiance, l’adhésion, le choix du Christ. Il est précisé dans le’extrait de l’Apocalypse que le Seigneur rassemblera ses brebis et qu’il n’en perdra aucune, aucun de ceux qui se sont attachés à lui  – quelque soit sa condition, semble-t-il  ; le Seigneur a mission de les emmener à son Père. Quand cela arrivera-t-il?  Après la mort? Dès maintenant? Question  intéressante, pleine de sens et d’ouverture à laquelle il n’est pas répondu et que nous n’explorerons pas aujourd’hui.

En ce temps-là, Jésus déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle :
jamais elles ne périront,
et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données,
est plus grand que tout,
et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »

(Jn 10, 27-30)

Mais retenons cette notion d’attachement. Quand mon  coeur est brûlant en vérité de la rencontre du Seigneur, quand mon être  s’est ouvert à l’Être grâce à la rencontre d’autrui, quand  la beauté de l’autre – à son corps défendant parfois – vient réveiller la beauté de l’Être en moi et me révéler qu’il m’appelle,  quand l’autre a réveillé quelque chose de divin en moi, comme l’invite à m’ouvrir toujours plus, je pose la question : même si cette relation est de nature homosensible (et encore, qu’est-ce que ça veut dire quand on en est là !), qui pourra me séparer du Seigneur?

Z.

Traditional Japanese tattoo

Intéressante exposition sur le tatouage intitulée « Tatoueurs tatoués » à visiter au Musée du Quai Branly du 1er au 18 janvier 2015.

Arrêtons-nous un instant sur le tatouage japonais.

Dans l’imaginaire contemporain, il évoque souvent l’art et le signe d’appartenance des triades et autres mafias japonaises. C’est en fait un anachronisme terrible puisque le corps tatoué semble avoir toujours existé au Japon.
Il est présent dans les tribus qui habitaient l’île de – 30 000 à – 300 avant Jésus-Christ. Il est pratiqué par les pêcheurs sous forme de rituels religieux et protecteurs, il est également pratiqué par de nombreuses corporations professionnelles. Il est la plupart du temps un signe d’appartenance à un clan, signe de reconnaissance aussi indélébile qui d’une certaine manière marque à la fois l’attachement fort et la servitude que cela entraîne…On n’est pas libre de changer de camp.

Avec l’introduction du bouddhisme chinois, le tatouage est devenu décrié, réservé aux criminels et donc voulu comme infâmant… sauf pour ceux qui trouvaient une fierté à exposer leur esprit frondeur.

Avec l’ère Horeki (1751-1764), le tatouage se généralise dans les couches populaires. Les motifs représentent les arts traditionnels japonais, les histoires et mythes populaires (le bandit d’honneur, par exemple), mais aussi des motifs animaliers divers (dragon, phénix, tigre, carpe…) ou folkloriques.

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Au départ pratiqué sur le dos, il a été étendu sur l’ensemble du corps, signe d’appartenance totale à un clan ou une corporation. Aujourd’hui encore, 70 % des yakuzas sont tatoués. Le tatouage est également très répandu dans les milieux de la prostitution car perçus comme accentuant la sensualité du corps.

Yakuza-Full-Body-Tattoos

Les tatouages japonais ont une autre particularité : ils expriment la force et le courage. Pas seulement par les motifs représentés, mais surtout par la technique employée (irezumi), entièrement à la main, par des aiguilles infiltrées sous la peau pour installer les pigments. C’est dire si un homme qui a le corps entièrement tatoué affiche force et courage et inspire respect ou frayeur.

Signe de reconnaissance, signe d’appartenance, signe de puissance.

Symboles et rites, quand tu nous tiens !

Traditional Japanese tattoo

 

Pour en savoir plus sur l’exposition au musée des arts premiers (quai Branly, Paris) c’est par ici :

www.quaibranly.fr