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Est-il possible de percer le mystère de Matthew McCo­nau­ghey ?

Cet acteur a plusieurs vies.  Sportif et beau gosse au succès instantané dans des comédies romantiques, il coupe court au cinéma et, sac au dos, il part bourlinguer deux ans en Amérique Latine. Quand il revient, il a changé et prend des rôles avec plus d’épaisseur humaine.

Est-ce un signe ? Ce renouveau commence en 2011, avec La Défense Lincoln,  dans le quel il joue le rôle d’un avocat désabusé qui décide de reprendre sa carrière en main dans une affaire de meurtre.  Il enchaîne divers films dont le succès doit à ses prestations de héros tourmenté , comme dans  le remarquable Mud de Jeff Nichols.

Dans une interview à Télérama,Jeff Nichols lui rend un très bel hommage, le comparant même à Paul Newman :

 

Télérama :Le rôle de Mud était-il écrit pour Matthew McGonaughey ?
Jeff  Nichols: Oui, dès que j’ai eu l’idée du film, il y a quinze ans. Matthew m’avait impressionné dans Lone Star, de John Sayles, où il incarne un shérif légendaire. Un véritable mythe mais au passé trouble, comme le personnage de Mud. Matthew me rappelle Paul Newman, mon acteur préféré : dès que vous les découvrez sur l’écran, vous avez envie de devenir leur ami. Vous me direz que c’est une qualité que partagent nombre d’acteurs de sitcoms (rires). Mais Newman et McConaughey sont, eux, très doués pour incarner des héros ambigus, voire vicieux, sans que l’on cesse d’être attirés par eux.

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Bref, il enchaîne les succès et  les collaborations avec les plus grands. Meilleur acteur dans un un second rôle dans la comédie policière Bernie,  apparition dans Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese, où il interprète un trader déjanté et mentor du personnage incarné par Leonardo DiCaprio.

En 2013, il perd environ vingt kilos pour incarner un cow-boy texan séropositif qui se bat à la fois pour la dignité des personnes séropositives et pour sa survie dans le film Dallas Buyers Club. Il remporte plusieurs prix pour son interprétation dans ce film dont celui du meilleur acteur lors du Huitième Festival International de Rome, le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique ainsiq ue l’Oscar du meilleur acteur.

 

Actuellement, dans Interstellar, de Christophe Nolan (réalisateur de Inception et de Batman), sorti en 2014 en France, il change encore de registre (nous voici en science-fiction) et il allie les deux personnages : le héros mature et sexy. Il est devenu sauveur du monde, mais pas à n’importe quel prix. Car au delà du réalisme du film ( oui, oui, réalisme puisque c’est un film de science-fiction qui tient compte des dernières découvertes), il pose également des questions éthiques, celles que l’on retrouve, génération après génération, suscitées par les appétits de l’humanité.

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Dire que je ne connaissais que de loin, ce Matthew. C’est Télérama qui m’a intrigué avec sa drôle de photo et sa manière de critiquer toujours acidulée qui est en même temps signe qu’il y a quelque chose à voir par là.

Ce que j’aime, chez cet acteur, c’est qu’il ne se prend pas la tête. Il assume à la fois le choix de ses rôles de héros tourmentés et l’entretien de sa plastique, ce qui montre qu’il n’a pas tant changé que ça depuis le début de sa arrière et surtout ce qui le rend profondément humain.  Dans un entretien à Gala, Matthew McConaughey dévoile comment il prend soin de son apparence physique :

 

Au programme, une routine presque comme celle de toutes les hommes. «Ma routine est assez basique: je prends ma douche le soir, j’aime me passer à l’eau le matin pour me rafraî­chir, précise-t-il. Je n’aime pas les gels, j’uti­lise du savon Ceta­phil. Je me nettoie le visage avec des produits Jurlique, et leur crème au calen­dula riche est parfaite pour la nuit. Si je dois me lever et filer, j’ap­plique une crème Kiehl’s SPF15 pour homme qui contient du menthol. Le soir, je termine avec un serum.» En véri­table midi­nette, Matthew a craqué pour le produit que toutes les incon­di­tion­nelles de la peau nette s’ar­rachent: la brosse Clari­so­nic. Une brosse de nettoyage expert large­ment adou­bée par notre beau-gosse. «J’ai un Clari­so­nic depuis huit ans. C’est un outil super avant les soirées. Parfois je l’ou­blie, mais j’aime l’em­me­ner avec moi en voyage. Il enlève les peaux mortes, estompe les ridules. Sinon, je ne fais pas beau­coup de peeling.»

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Ca ne le rend que plus attachant. Car que ce soit dans Lincoln, Mud, ou Interstellar, sa manière d’interpréter ses rôles ne s’en ressent pas. Aucune pédanterie chez cet homme, mais du talent ! Je n’en reviens pas de le découvrir si tard !

 

Zabulon

 

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AU PREMIER REGARD….

Ce film  brésilien réalisé par Daniel Ribeiro, et  sorti discrètement en France durant l’été, vient d’être choisi officiellement par le Brésil pour le représenter aux Oscars 2015 et concourir dans la série “Meilleurs films étrangers”.

Le titre original “Hoje Eu Quero Voltar Sozinho” veut dire “Aujourd’hui, je veux rentrer seul”. Le film raconte l’apprentissage de la vie par un adolescent aveugle qui découvre son homosexualité. Mais comment savoir si l’autre en se moque pas de nous quand on n’y voit rien ?

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Bien sûr, c’est un film sur l’adolescence, et à certains égards faits pour des ados,  ce qui explique l’accueil mitigé des critiques en France. Mais c’est un film qui montre très justement qu’on ne choisit pas son orientation sexuelle. Le jeune héros n’a choisi ni d’être aveugle, ni d’être homosexuel. Il veut seulement vivre.

N’est-ce pas notre cas aussi ?

Mais ce n’est pas que de ce regard du coeur, vu par les yeux et le coeur d’un jeune aveugle,  dont parle ce film.  Il y a le regard de l’amie commune qui s’extasie et raconte ce qu’elle voit.

Il y a aussi et surtout le regard de celui qui  peut poser les yeux sur l’autre en toute simplicité, , sans avoir à tourner les yeux … Un regard vrai sur l’autre et sur soi-même, un regard qui voit au delà de l’apparence… Avec ce regard , comment ne pas tomber amoureux de l’autre ?

 

 

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Télérama : Vous avez quand même écopé d’un étiquetage de cinéaste gay… Et obtenu la Queer Palm à Cannes, pour Laurence Anyways.

Xavier Dolan : Que de tels prix existent me dégoûte. Quel progrès y-a-t-il à décerner des récompenses aussi ghettoïsantes, aussi ostracisantes, qui clament que les films tournés par des gays sont des films gays ? On divise avec ces catégories. On fragmente le monde en petites communautés étanches. La Queer Palm, je ne suis pas allé la chercher. Ils veulent toujours me la remettre. Jamais !

 

>>>>> Telérama 3373 du 03/09/2014

 


Mommy, le dernier film de Xavier Dolan, en compétition officielle à Cannes.

Telerama :Mommy met en scène un jeune adolescent hyperactif, dangereux, y compris pour lui-même. Est-ce un autoportrait ?
Je me projette dans tous mes personnages, à chaque film. Là, ce ne sont pas les conditions réelles de l’adolescence que j’ai vécue – ma mère est fonctionnaire de l’Education nationale, mon père, saltimbanque ; on n’était ni riches ni pauvres. Mais il s’agit bien de la colère, de la très grande violence que je porte en moi. Et que j’ai réussi, heureusement, ces dernières années, à canaliser à travers le cinéma.

A 19 ans, vous faites un coming out médiatique dans votre premier film. Etait-ce un défi ?
Pas du tout. Dans la vie, j’avais fait mon coming out à 16 ans… Dans une école de la banlieue de Montréal où les élèves étaient, pour le coup, incroyablement tolérants et amicaux : je suis devenu populaire à cette occasion, même si j’avais eu, bien sûr, auparavant, mon lot de soirées à me torturer à ce sujet ! Je suis conscient que c’est assez rare, que j’ai été privilégié. Mais, ensuite, je n’ai jamais pensé que les gens pourraient me rejeter à cause de mon homosexualité, encore moins à l’occasion de mon premier film. Ce n’est pas un thème de mon cinéma. Idem pour la transsexualité dans Laurence Anyways, qui traite plutôt de l’amour impossible entre deux personnes profondément différentes l’une de l’autre.

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Complément du 7 octobre 2013.
Voir aussi l’interview de Xavier Nolan sur Europe 1 suite à la dernière manifestation des gens contre le “mariage pour tous”. Vraiment, ce Xavier Nolan, c’est un gars bien !

La colère de Xavier Nolan sur Europe 1 (cliquer ici)
“Quand vous parlez de choix entre un camp ou l’autre, on parle quand même du choix entre le camp des gens qui peuvent vivre librement, s’aimer, se déclarer leur amour, dans une société moderne, ouverte sur l’autre et l’autre camp, qui décide d’ostraciser les libertés individuelles les plus fondamentales des gens, qui ont le droit de s’aimer”. Fustigeant la position des opposants au mariage gay, le réalisateur a asséné : “tout ça au nom de principes spirituels ordonnés par des religions qui sont conçues pour l’entraide, la tendresse, l’amour, toutes ces notions qui sont bafouées par ces démonstrations de haine et d’intolérance”.

“C’est la France qui est en retard”. Le Québécois s’est aussi étonné du retard de la France sur ces questions. “C’est pour moi scandaleux qu’en France, vous donniez une tribune, au nom de la libre expression, à ces gens”, a déclaré Xavier Dolan avant de s’interrompre, visiblement très ému. “Le Québec n’a pas une civilisation d’avance, c’est une civilisation qui est dans son temps”, a martelé le réalisateur de Laurence Anyways. “La vôtre est en retard, c’est ça le problème”.