Quand tu es parti
j’ai serré les poings
j’ai serré les fesses
j’ai serré mon coeur
j’ai dit Je serai fort
Je t’attendraiCe n’était pas vrai
je n’étais pas fort
je me suis enfermé
dans le personnage
de quelqu’un de fort
jusqu’à me mentirC’est toi
qui me rendais fort
Sans toi
je surjoue l’homme fortMais je savais que tu reviendrais
Tu me l’avais promis
Alors je t’attendais
et je pleurais parfois
secrètement
en pensant à toiAlors ok pour souffrir un peu
si c’est le prix à payer
pour te retrouver
pour exploser de joie
et sentir à nouveau
mon coeur se dilater
aux dimensions de l’infini
quand on se retrouvera
Je t’attendaisTu n’es pas parti
On nous a séparés
Ça semblait logique
qu’elle était vraie
notre promesse
de nous retrouver
Je t’attendais.Tu n’es jamais revenu.
Z- 2 août 2025
Source image : Kirill Karpenko et Devon Broughton photographiés par Alfoso Anton Cornelis
Il s’en est allé.
Juste après le jour de Pâques.
Rejoindre son maître et Seigneur.
Au revoir, pape François.
Merci pour tout ce que tu as apporté
même si, aux yeux de certains,
ce n’était pas suffisant.
On mesurera plus tard
combien toi, l’homme d’un autre siècle,
pétri parfois de principes anciens,
tu as tourné les chrétiens vers l’avenir.
Combien de changements
culturels, politiques, sociétaux
en ces dernières années.
Combien de défis technnologiques
et éthiques.
Combien d’enjeux spirituels,
notamment celui
de la fidélité
à l’Esprit de ce Jésus
qui a pris les chemins d’humanité
pour visiter les périphéries
de nos sociétés,
ces lieux où l’on relègue
les laissés pour compte,
les pas intéressants,
les pas profitables,
les pas puissants,
les manipulables à souhait,
la chair à canon économique
la chair à mafia,
la chair à tous les conflits guerriers…
Au revoir pape François,
homme de transition,
homme de passage,
homme d’avenir.
Que la traversée
te soit belle
et féconde.
Z- 21/04/2025
Pourquoi je ne vais pas très bien
Vous voulez savoir pourquoi, souvent le soir
Je sens grandir mon désespoir.
Vous dire ce qui me fait pleurer
J’avais un ami
Et il est parti
Quand plus rien n’allait, c’est lui que j’appelais
Et toujours il savait trouver
Les mots justes qu’il fallait pour me consoler
Et pour me faire tout oublier
Quand il était auprès de moi, je savais
Que rien ne pouvait m’arriver
J’avais un ami
Et il est partiOn s’était connu tous les deux quand on avait à peine dix ans
Sa maison était juste à côté de la maison de mes parents
On ne s’était jamais, jamais, jamais vraiment séparés depuis
Mais aujourd’hui, je me retrouve bien trop seule car il est parti
Mon triste secret, je vais vous le confier,
Vous dire ce qui me fait pleurer
J’avais un ami
Et il est parti
Vous vous demandez pourquoi j’ai du chagrin
Pourquoi je ne vais pas très bien
Vous voulez savoir pourquoi, souvent le soir
Je sens grandir mon désespoir
Mon triste secret, je vais vous le confier,
Vous dire ce qui me fait pleurer
J’avais un ami
Et il est parti
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[source photo: http://www.taringa.net ]
Cette photo, c’est exactement ce que j’ai vu ce jour là.
J’étais dans un train de retour de Lisieux,
je revenais de pèlerinage,
et je lisais “Histoire d’une âme”
– Ca ne s’invente pas ! –
Le train était un tortillard qui se traînait
et s’arrêtait en différentes gares.
Il était archibondé, mais il restait encore une place assise
juste en face moi.
A un arrêt, un jeune homme est monté.
Blond , élancé, traits fins,
jeans délavé et ouvert au dessus des genoux.
Il s’est avancé et est venu s’asseoir en face de moi.
Je l’ai regardé s’asseoir,
en le dévisageant.
Oui, je l’ai trouvé beau.
Je ne me lassais pas de le regarder.
Quelque chose me le rendait proche.
Je sentais qu’il avait souffert
et qu’il était maintenant apaisé,
qu’il avait fait des choix
et qu’il ignorait encore
à quel point il était aimé.
Je crois qu’en le regardant ainsi,
je l’aimais.
En tout cas, un amour
qui n’était pas de moi
me traversait
et allait jusqu’à lui.
J’avais arrêté de lire,
je le regardais.
Je dévisageais ses traits , son corps,
Oui, je le trouvais beau.
Bien sûr , nos regards se sont croisés.
A plusieurs reprises.
Il ne pouvait pas ne pas sentir
que je le dévisageais.
Mais dans ce train bondé,
tout se passait en silence,
dans une apparente indifférence.
A un moment,
balancé par le mouvement du train,
il s’est endormi.
Ses paupières se sont affaissées,
son souffle s’est fait moins rapide.
Il dormait.
Et il était beau.
Je le regardai maintenant
sans détourner les yeux,
Je sentais un lien avec lui
mais indéfinissable.
Je crois que j’ai prié pour lui.
Je crois que j’ai remercié Dieu
pour son existence.
Les minutes ont passé.
Plusieurs dizaines de minutes.
Sur un sursaut, il s’est réveillé,
les joues empourprées d’un afflux de sang soudain,
la bouche pâteuse de s’être asséchée ,
les yeux dans les nuages
mais qui s’ouvrent directement sur moi.
Nous nous regardons.
Droit dans les yeux,
doucement.
Je sais au fond de moi que c’est étrange
de soutenir ainsi le regard d’un inconnu;
mais je n’en éprouve pas de gêne.
Je sens confusément que cela me trouble
mais je ne peux pas détourner le regard
car il y a quelque chose de plus puissant.
Il baisse les yeux, s’étire, se reprend.
Puis, son regard s’offre à nouveau à moi.
Je le contemple.
Oui, il est beau,
mais pas seulement d’une beauté physique.
Son être est beau, je le sens, je le sais.
je suis subjugué par plus puissant que moi.
C’est à c e moment-là,
qu’en soutenant mon regard fixement,
sans agressivité, avec beaucoup de douceur,
il entrouvre les lèvres,
il sort sa langue,
la passe sur ses lèvres,
la tend vers moi.
Je soutiens son regard,
je reçois son hommage.
Quelque chose en moi éveille du désir,
mais je sais que ce n’est pas ce que je porte en ce moment.
Je lui souris.
Et c’est moi qui baisse le regard,
et plonge vers mon livre
que je n’arrive pas à lire,
tandis que je prends enfin conscience
que je suis troublé.
Quand, quelques minutes plus tard,je relève les yeux,
il regarde ailleurs.
Je ne croiserai plus ses yeux bleus, profonds et limpides.
A ce moment, je comprends
que ce ne sont pas ses yeux qui sont profonds et limpides.
c’est son âme, c’est son être.
Et, Dieu sait pourquoi,
il m’a été donné d’en être le témoin, ou l’acteur même si je ne sais pas comment.
Au terminus,
nous nous frôlons lorsque nous nous levons.
Chacun reste sur sa réserve.
Nous ne prononçons aucun mot.
Nous récupérons nos bagages, descendons.
Je l’aperçois remonter le quai à grandes enjambées,
devant moi, à portée d’un mot, d’un geste.
Un instant, je pense le suivre, le héler, je ne sais quoi..
mais, eh pour quoi faire ? quoi dire ?
Alors je le laisse aller.
Je ne sais pas qui est ce garçon.
Je ne sais pas ce que nous sommes venus nous donner,
l’un à l’autre, en ce court moment.
Je reste avec ce trouble en moi qui m’inquiète…
La peur d’un désir non contrôlé,
la sexualité qui s’éveille.
Et avec ce sentiment de beauté.
Comme un cadeau qui m’est fait ,
un cadeau inaccessible,
une promesse pour demain
ou pour après.
Cette beauté, Seigneur,
cette harmonie des coeurs,
ce lien entre nous,
au delà de toute convenance,
au delà de toute limite,
Oui, il me construit,
oui , il m’éblouit,
oui je le reçois comme une promesse de bonheur
à vivre ensemble.
Quand, comment, je ne sais pas.
Toi, tu sais ,mon Dieu.
Et même sil reste en mon coeur
comme une trace d’inachevé,
cela dévoile comme une promesse d’amour infini.
Pas encore et déjà là.
Blessure et Beauté à la fois.
Beauté tellement belle,
que je ne peux dire que merci.
Zabulon