Où est la maison de l’ami ?
(titre persan : Adresse)

C’était l’aube, lorsque le cavalier demanda :
« Où est la maison de l’ami ? »

Le ciel fit une pause.
Le passant confia le rameau de lumière
qu’il tenait aux lèvres
à l’obscurité du sable.
Il montra du doigt un peuplier et dit :

« Un peu avant l’arbre,
il y a une venelle
plus verte que le rêve de Dieu,
où l’amour est aussi bleu
que les plumes de la sincérité.
Tu vas au bout de la ruelle
qui se trouve derrière la maturité,
puis tu tournes vers la fleur de la solitude.
A deux pas de la fleur,
tu t’arrêtes au pied de la fontaine éternelle
des mythes de la terre,
et tu es envahi par une peur transparente.
Tu entends un froissement
dans l’intimité fluide de l’espace :
Tu vois un enfant
perché sur un grand pin
pour attraper un poussin
dans le nid de la lumière,
tu lui demandes :
« Où est la maison de l’ami ?
»

Sohrab Sepehri, poète persan (1928-1980),
Où est la maison de l’ami ? Lettres Persanes, 2005

Source photo : Paysans au Pendjab (www.terraeco.net).

Trois amis

C’EST QUOI POUR TOI UN VERITABLE AMI ?

[Question posée par le magazine La Vie, à des jeunes de 8 à 15 ans, pour réaliser son dossier du mois d’août sur l’amitié]

Ferdinand (11 ans)
“C’est facile : un vrai ami, c’est quelqu’un qui est capable de partager mes peines et mes joies sans m’abandonner. Si tu te tapes la honte et qu’il reste, c’est un véritable ami. C’est pas facile d’être un bon ami ! Il faut de la gentillesse, de la générosité. Mais il faut pas non plus chercher un ami parfait parce que personne n’est parfait.”

Source : La Vie n° 3701-2702, du 4 au 17 août 2016

Je-pars-au-combat

Je pars au combat.

Soutiens-moi,
Je t’en prie,
De ton silence,
De ta présence,
De ton absence.

Je pars combattre.

Tu sais,
Le bon combat.
Celui contre moi-même.
Contre ma dépendance,
Contre ce qui m’enchaîne,
Contre ce qui m’oppresse.

Je pars combattre
Pour être libre et disponible.

C’est toi qui m’as donné la force
De partir au combat.

Tu es un ami extraordinaire.

Je ne sais pas si tu m’attends,
Mais je voudrais pouvoir dire :
Je ne reviendrai
Que lorsque j’aurai gagné.
Je ne sais pas si je vais gagner.
Je ne sais pas.

Tu es si fort, toi.
Malgré ta jeunesse.
Tu es si fort,
M’attendras–tu
M’espèreras-tu ?
Tu as tant d’autres choses
A vivre.

Pourtant, je le ferai.
Je pars au combat.

C’est pour toi,
C’est pour moi.

C’est pour moi.

C’est à cause de toi,
Parce que tu es un ami exigeant.

Et que même si tu es absent
Lorsque je reviendrai,

Ta présence si ténue est un cadeau précieux.

Z – 11 mai 2016

Source photo : Blake Griffin, joueur américain de basket-ball.

je-veux-des-amis

Je veux des amis, je veux des amis !
C’est un cri qui monte en moi…
Je veux des amis , je veux des amis !
Je veux des gens qui m’aiment,
Qui m’aiment vraiment

Des gens qui s’en fichent si je suis jeune ou vieux,
Si je suis moche ou beau,
Si j’ai tel ou tel défaut,
Si je suis complet ou incomplet,
Si je suis gay ou hétéro ou les 2,
Si je suis autre chose qu’eux…

Des gens qui m‘accueillent, qui me reçoivent,
Qui m’aiment tel que je suis,
Qui reconnaissent en moi
Un frère d’humanité
Avec son lot de boulets, chaînes et blessures,
Mais qui veux tellement vivre.

En vérité,
A la mesure où je sais avoir besoin de ces amis,
Je sais pouvoir leur offrir autant,
Mais ce n’est même pas le problème
Tant la question n’est pas de réaliser
du donnant donnant.

Je veux des amis, je veux des amis,
J’ai tant besoin d’aimer et être aimé,
Je veux des amis, des amis !
Pas d’enjeu, pas de rivalité, pas d’incompréhensions.

Juste être moi,
Aimer comme je suis
Etre aimé comme je suis
Patiemment
Si patiemment…
Et généreusement.

Je ne suis pas venu sur cette terre pour vivre seul,
Je ne suis pas venu pour ne pas y laisser ma trace d’amour
Où sont les amis, les amis,
Les gens qui aiment vraiment ?

Quelque chose que je suis en train de percevoir,
Comprendre
Désirer :
L’accueil,
L’hospitalité,
Qui te rend disponible à l’autre,
Te le rend humain et ami,
Fait de toi un frère humain.

Dans ma Bible,
Il y a cette hospitalité
Accordée si naturellement à celui qui vient
Et qui se révèle envoyé du Seigneur
« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur »

Où sont les amis, où sont les amis ?
Je ne veux pas être seul
Oh quelle misère d’être seul
Quand notre vocation est de vivre
Une communion d’amour…

Z.

Source photo : Alex Lange and a friend

Bieber-Il-faut-l-ami

“Il faut l’ami” dit Aristote. Cette nécessité est liée à notre finitude. “Qu’en est-il lorsqu’on n’a pas d’ami?” La question m’a été posée hier soir après la séance. Ne pas avoir d’ami est l’une des tragédies de l’existence. L’ami est celui qui par sa parole, par son regard ou par sa seule présence et sa seule existence, vous libère – vous ouvre en confiance à ce que vous êtes. Personne d’autre que l’ami ne peut faire cela pour vous. Il est irremplaçable. C’est pourquoi Aristote dit que la philia [amitié] est la chose la plus nécessaire pour mener une vie pleinement humaine.”

Hadrien France-Lanord,
S’ouvrir en l’amitié, Editions du Grand Est, 2010, p. 77.