hospitalité

 

Tous les hommes qui se présentent
seront reçus comme le Christ,
car lui-même dira :
j’ai été votre hôte et vous m’avez reçu ;
et à tous on rendra les égards qui s’imposent,
surtout aux proches dans la foi et aux pèlerins.

Lorsqu’un hôte aura été annoncé,
le supérieur et les frères iront au devant de lui
avec tout le dévouement de la charité.
Ils commenceront par prier ensemble
puis ils se donneront le baiser de paix. (…)

L’abbé versera l’eau sur les mains des hôtes
et, avec la communauté entière,
il leur lavera les pieds. (…)

C’est surtout en accueillant les pauvres et les pèlerins
qu’on montrera un soin particulier,
parce qu’en eux on reçoit davantage le Christ ;
car, pour les riches, la crainte qu’ils inspirent
porte d’elle même à les honorer.

 

– Règle de saint Benoît, 53 –

 

 

Source photo : Roman Khodorov

combat-pour-la-justice

Et le combat pour la justice ?

“Dans les Écritures chrétiennes, il y a moins de dix versets qui parlent de l’activité sexuelle de même sexe, sur plus de 31000 versets au total dans la Bible. En revanche, il y a des centaines de versets sur le soin des pauvres et des opprimés, et des centaines d’autres sur la façon d’utiliser ses biens et de l’argent. Certains fidèles chrétiens croient que nous devrions nous concentrer sur les questions de la pauvreté, la libération et la bonne gérance, plus que sur les questions de sexualité.”

Emmy Quegler,
Pasteur de l’Eglise Luthérienne

Source : queergrace.com

savoir-lire-la-Bible

 

Juste un petit mot pour rassurer…

Le relatif silence sur ce blog n’est pas signe que je n’ai plus rien  à exprimer, c’est plutôt l’inverse !  Il y a tellement de choses et ça tourbillonne tellement dans tous les sens que je ne sais plus par quel fil attraper les idées ou sensations et les partager ici.

En off, quelques confidences, dialogues, expériences de vie… viennent  à la fois me troubler, me nourrir et me grandir et je ne sais plus ce que je dois ou peux partager pour ne pas verser dans le trop intime.

En même temps, la souffrance que j’entends chez certains entre leur appartenance religieuse et le constat de leur homosexualité me touche profondément. L’ignorance des textes sacrés, la transmission continue d’interprétations plus que  limitées, alors que pourtant tout le matériau exégétique et théologique existe, me laissent songeur.  Est-ce que je dois passer du temps à synthétiser ces approches et m’en faire l’écho ici pour que ceux qui ont besoin de ces fondements les trouvent ici ?

Être chrétien et gay…

Il y a une chose que j’aimerais faire mais je ne sais pas si elle est très appropriée. C’est tordre le cou à cette vieille idée qu’être gay et être chrétien seraient incompatibles.  Et dans la foulée, l’idée que l’homosexualité serait un péché et serait interdite par la Bible.

D’ailleurs, l’argument même selon lequel la Bible serait homophobe m’énerve au plus haut point, autant quand il s’agit de dire «  tiens –vous voyez, c’est interdit ! péché ! ksss kss kss !  dehors les  homos» que quand il s’agit de polémiquer de la sorte : «  ah vous voyez bien que les religions sont contre les gays et que ce sont elles qui nourrissent la haine et la division entre les gens et entre les peuples. »

Ca m’énerve parce que c’est d’une stupidité sans nom !   Si on arrive avec une idée même inconsciente de ce qu’on cherche, on finira toujours par le trouver dans la Bible, ça n’est pas très compliqué. D’où la stupidité à prendre à la lettre un verset isolé et à vouloir l’appliquer bêtement sans réfléchir !

Le simple fait que la mention de l’homosexualité (et d’ailleurs de toute préoccupation sexuelle), ne  soit franchement pas la préoccupation majeure de la Bible est déjà un indice sérieux du côté obsessionnel  que déploient certains à vouloir démontrer ceci ou cela.

Savoir lire la Bible

Il faut donc lire la Bible mais pas n’importe comment. Il faut  notamment savoir distinguer l’essentiel  de l’accessoire. Il faut lire la Bible et il faut la méditer aussi.

Une bonne méthode, me semble-t-il, est  de l’aborder sans avoir aucune intention spécifique sur ce qu’on souhaite y trouver tout en étant capable de remettre un évènement dans son contexte, le relier à d’autres  du même type et pour lesquels le texte apporte d’autres nuances.

Cette neutralité scientifique dans la première approche d’un texte à étudier n’est pas si facile qu’il y paraît. On a tous des espoirs secrets d’être confirmés en ce ceci ou cela. Ce serait si terrible si la Bible, Dieu lui-même donc, venait à nous contredire, ☺.

Prenons un exemple. J’aimerais prouver que la Bible n’est pas homophobe. Je peux trouver très rapidement un certain nombre d’arguments en ce  sens, mais avant cela, je dois me poser et me demander : y a-t-il des raisons de penser que la Bible soit homophobe ? Et je dois admettre que oui.  Certes on y parle peu de l’homosexualité mais quand on en parle, ce n’est pas vraiment pour la mettre en valeur ni la regarder comme neutre.

Mais passons à la deuxième partie de la méthode et regardons les textes concernés : suis-je sûr de  bien comprendre ce qui est dit dans les épisodes récriminés : Sodome et Gomorrhe, la qualification d’abomination en Lévitique, ou la condamnation par Saint-Paul… ?  A chaque fois ce qui semble visé ce n’est pas l’orientation homosexuelle en tant que telle mais le fait qu’il puisse y avoir un abus : trahison de l’accueil, exploitation du faible par le fort, prostitution sacrée, recherche idolâtrique du plaisir sans respect pour la personne.

Même le terme “abomination” pose question. C’est une très mauvaise traduction du mot hébreu  toeva qui signifie “tabou”. Dans la revue juive Tenoua, le linguiste Joël Hoffman, relève que  ce n’est pas le mot crime, ni perversion, ni même péché, qui est employé  mais le mot tabou.  C’est-à-dire, précise-t-il « un acte inapproprié en raison des normes sociales et non un mal absolu. »  Bref, tout cela est bien relatif quand même, surtout quand il s’agit d’un interdit au milieu de dizaines d’autres dont celui par exemple de ne pas porter un vêtement qui serait tissé de deux espèces de fil différentes.

Alors, que ceux qui veulent voir un interdit absolu de l’homosexualité  en s’appuyant sur le Lévitique se déshabillent très vite,  sans oublier leurs sous-vêtements tissés de coton et élastomère ou autres produits mélangés !

 


Nota Bene :  Vous avez bien relevé que le mot hébreu mal traduit en français par abomination ne veut pas non plus dire péché? Il existe un mot en hébreu pour désigner le péché… (voir ici)  et il n’est pas employé pour l’homosexualité. N’en déplaise à ceux qui répètent bêtement des idées reçues sans aller les vérifier  et contribuent, ainsi, à troubler ou faire peur à des jeunes gens chrétiens qui découvrent leur homosexualité.

Victor Sidoni by Renato Gama

Ne te plaira-t-il pas, Seigneur Jésus,
de me donner ta vie comme tu m’as donné ta conception?
Car non seulement ma conception est impure,
mais la mort est perverse, la vie dangereuse,
et après la mort, reste une mort plus grave, la seconde mort.

Non seulement, répond-il, je te donnerai ma conception,
mais aussi ma vie,
et ma vie à ses différents âges :
la petite enfance, l’enfance, l’adolescence, la jeunesse ;
j’y ajouterai ma mort et ma résurrection, mon ascension
et l’envoi de l’Esprit saint.

Ainsi ma conception purifiera la tienne,
ma vie éclairera la tienne,
ma mort détruira la tienne,
ma résurrection précédera la tienne,
mon ascension préparera la tienne,
tandis qu’en suite, l’Esprit viendra en aide à ta faiblesse.

Alors tu verras clairement la voie où marcher,
la prudence avec laquelle marcher,
la demeure vers laquelle marcher.

Dans ma vie, tu connaîtras ton chemin :
de même que j’ai gardé indéfectiblement les sentiers
de la pauvreté et de l’obéissance,
de l’humilité et de la patience,
de la charité et de la miséricorde,
toi, à ton tout, tu suivras mes traces
sans dévier ni à droite ni à gauche.

Dans ma mort, je te donnerai ma justice,
je briserai le joug de ta captivité,
je combattrai tes ennemis,
ceux qui sont sur ta route ou à ses abords,
afin qu’ils cessent désormais de te nuire.

Saint Bernard,
Deuxième sermon pour la Pentecôte, § 5

bieber-revelation

« Dieu a trouvé bon de révéler en moi son Fils, pour que je l’annonce parmi les nations » (Ga 1, 15-16)

Quelle curieuse formule emploie Saint Paul pour parler de sa conversion : “Dieu a trouvé bon de révéler en moi son Fils”. Il ne parle pas d’apparition extérieure ou de vision mais de révélation. Verbe apocalipto, en grec : révéler, dévoiler, comme dans Apocalypse (dévoilement).

En moi. Révéler en moi.

Le Christ se révèle en moi….

Il y a à penser, à méditer, à recevoir, là.
Suis-je bien à l’écoute du Christ qui se révèle en moi?

S’il y est, y suis-je?
Il y est. Y suis-je ?

Z – 7 juin 2016