Jericho Brown, un talentueux poète afro-américain gay vient de recevoir le prix Pulitzer 2O2O de poésie. Son recueil de poésie, The New Testament, est une lecture très personnelle des textes bibliques, inspirée de sa triple identité : chrétien, noir et gay.

Dans son psaume 150 (Psalm 150), que je reproduis ci-dessous, il compare l’amour à une célébration qui est bien plus qu’un acte sexuel et il interpelle Dieu à la fois pour lui offrir cet amour qui fait vivre et pour lui signifier ce combat permanent entre la honte d’être gay et le sentiment de la vie ressentie à travers cet amour. Et le combat continue, jamais terminé, qui voudrait tirer vers le bas, alors que la vie – à travers l’amour vécu et partagé – résiste encore !

Jericho Brown – Psalm 150


Some folks fool themselves into believing,
But I know what I know once, at the height
Of hopeless touching, my man and I hold
Our breaths, certain we can stop time or maybe

Eliminate it from our lives, which are shorter
Since we learned to make love for each other
Rather than doing it to each other. As for praise
And worship, I prefer the latter. Only memory

Makes us kneel, silent and still. Hear me?
Thunder scares. Lightning lets us see. Then,
Heads covered, we wait for rain. Dear Lord,
Let me watch for his arrival and hang my head

And shake it like a man who’s lost and lived.
Something keeps trying, but I’m not killed yet.

 

Certaines personnes se trompent dans leur croyance,
Mais je sais au moins ce que je sais, au plus fort
D’un contact sans espoir, quand mon homme et moi retenons
Nos respirations, certains de pouvoir arrêter le temps ou peut-être

De le supprimer de nos vies, qui sont plus courtes
Depuis qu’on a appris à se faire l’amour
Plutôt que de le faire l’un à l’autre. Comme une louange
Et une célébration, je préfère cette dernière. Son seul souvenir

Nous fait nous agenouiller, silencieux et immobiles. Tu m’entends?
Le tonnerre fait peur. Les éclairs nous permettent de voir. Alors,
Les têtes couvertes, nous attendons la pluie. Cher Seigneur,
Laisse-moi assister à ton arrivée et la tête basse

La secouer comme un homme qui est perdu et a vécu.
Quelque chose continue de m’éprouver, mais je ne suis pas encore fini.

Jericho Brown, “Psalm 150” from The New Testament.
Copyright © 2014 by Jericho Brown. Reprinted by permission of Copper Canyon Press.
Source: The New Testament (Copper Canyon Press, 2014)

Dans le fichier ci-dessous, James Brown lit lui-même “Psalm 150” :

One Thought on “La célébration de l’amour (Psaume 150)

  1. David on 7 mai 2020 at 9 h 53 min said:

    Je ne connaissais pas ce poète, moi qui lis beaucoup la poésie et qui en écris. Merci pour ce partage, une découverte donc. Le poème publié est très fort. Oui, l’acte d’amour est une célébration, un poème, une danse. Toute œuvre d’art n’est que tentative d’expression, à la fois approfondissement et élancement de ce que nous sommes. Nous sommes une humble expression de Dieu, et magnifique en même temps. Un psaume parle de nous comme des prodiges devant le Créateur, des êtres étonnants. C’est notre force dans la vulnérabilité, notre grandeur dans la petitesse… et l’amour est cette petite fleur au milieu de tout cela.

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