– Pourquoi ne pas publier
Une anthologie de vos poèmes ?

Une anthologie de mes poèmes…
Ah oui, carrément ?

Hum, comment dire ?
Des années de ma première inspiration,
la plus sauvage et la plus stimulante
à la mode d’un Rimbaud adolescent de la fin du XXè
(moins flamboyant quand même),
il ne reste rien.

J’ai tout jeté, déchiré, renié,
comme verbiage inutile,
un jour
de colère ou de désespoir
je ne sais plus.
Il ne reste rien
si ce n’est un recueil de textes
rendus publics par mégarde,
pour rendre service,
parce que j’étais jeune.

Ou bien, est-ce un oubli de ma mémoire défaillante
et des traces subsistent-elles mélangées
à d’autres papiers sans intérêt ?

Parfois, c’est étrange,
j’ai quelques réminiscences
de certains de ces textes de jeunesse disparus.
Il faut croire qu’ils m’habitent
encore.

Mais alors
Les réécrire ?
Oh! non.
Non, non, non, non, non.
Ce ne sont plus que quelques effluves
de temps révolus

Même si c’est le même sang
qui coule dans les mêmes veines,
je trouve qu’il y a quelque chose d’impudique
à revenir à des émotions qui, certes, m’ont construit
mais dont, aussi, je me suis grandement affranchi.

Et puis, depuis, j’ai écrit tellement de fadaises,
empêtré que j’étais
dans une existence inauthentique
que cette partie-là n‘a aucun intérêt.

Des effluves, vous dis-je,
des effluves d’instants passés.
Seuls m’intéressent
les moments présents.

Z- 13 mai 2025

Illustration : Joan Saez (agence Traffic Models) photographié par Ferran Casanova

« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais,
et elles me suivent.
(…)
Personne ne les arrachera de ma main.»
(Jean 10, 26-27)

Voilà, c’est clair.
S’il se trouve
que tu as rencontré ce Jésus,
que tu le suis
d’un coeur sincère
et que tu te prends à l’aimer
comme il t’aime,
peu importe que tu sois gay
ou pas.
Lui, il te connaît
et ne te lâchera pas.

N’écoute pas
tous ces aigris et envieux,
ces donneurs de leçons,
ces bien-pensants
qui disent et agissent
à la place de Dieu
comme s’ils étaient seuls
à pouvoir comprendre
la parole de Dieu.

Ils ont des oreilles
et n’entendent pas,
ils se pavanent
comme représentants de Dieu
alors qu’ils ne sont
que des sépulcres blanchis.

Si tu as rencontré Jésus
et fait l’expérience
d’être aimé de lui,
écoute bien cette parole
et fais la tienne
jusqu’au plus profond
de tes cellules:

Tu es aimé de Dieu,
il te connait,
il ne te lâchera pas.
Le rencontrer en Jésus
c’est le rencontrer pour de vrai
et pour toujours.

C’est fou, non ?
Même ça, Jésus doit le préciser :
« Le Père et moi,
nous sommes UN.»
Des fois que des petits malins
chercheraient à dire
que Jésus pourrait se tromper.
Ou bien qu’on l’a mal compris
et que Dieu est différent
de ce qu’on pense.

Oui, mais voilà.
Jésus connaît ceux qu’il a touché,
ceux en qui il a éveillé l’espérance
et le désir de vivre en paix et en vérité,
et il ne les lâchera pas.

Parole de Jésus !

Z – 11/5/2025

illustration : The Naked Pastor

Une fois de plus
je me suis perdu

Je me suis mis à ma table
pour écrire
Un enchevêtrement de mots
avait frayé son chemin en moi
-était-ce dans mon esprit, mon cœur ou ailleurs –
et je voulais le coucher
avant de le perdre

Et puis, j’ai ouvert l’ordinateur
j’ai répondu à un tel
regardé autre chose
partagé une image
lu un poème

Quand je suis revenu à moi
j’avais perdu le fil
de mon existence

Pius rien à dire
plus rien à écrire
Le vide

L’instant d’avant, pourtant,
j’étais relié
à moi-même.

Comme se perd facilement
cette connexion au vivant en soi
qui est pourtant
la seule chose
qui compte

Je veux
– y arriverai-je ? –
revenir à moi
à ce lien
immortel
et universel
qui me relie
à toi, à tous, à moi
à toi, poète

Cet endroit inviolable
où l’on peut se rencontrer.

Z- 10/05/2025

Photo : d’agence sûrement, trouvée sur ce site : https://www.beaconhospital.ie/

Je n’en finis pas
d’explorer
la poésie de
Ash
Le lire
et le relire
me sentir
vivant
à travers
ses cris
ses pleurs
ses maux
ses mots
ses émotions
Ses cris
de souffrance
de misère
de galère
de révolte
et d’amour
Et d’amour
Et d’amour
Un homme
Un garçon
devenu homme
qui m’apprend
l’humanité

Je suis qui moi
avec mes larmes
de riche
qui a peur
de pas être aimé
alors
que j’ai tout
sauf le courage
d’être

Je vois Ash
Je lis Ash
la vie de Ash
l’abandon
le rejet
la rue
la misère
les galères
le racisme
et cette putain
d’envie de vivre
qui prend aux tripes
même
quand c’est un cri
même
quand ça fait mal
même
quand
ça fait se rejeter
Par peur de s’abimer
probablement

Enfin
c’est ce que je me dis
pour m’expliquer
que Ash
un jour
n’a plus voulu de moi
Je dirai un jour
je crois
combien c’est ma faute
combien j’étais bête
combien j’étais nul
– vraiment ! –
et combien je l’aime encore
peut-être aussi
sans jamais
l’avoir rencontré.

Ash,
quand je te lis
quand je vois ta vie
tes cris, tes larmes, tes amours
mais aussi
tes combats
contre l’injustice, l’irrespect, l’indifférence
ta jeunesse insolente
et ta liberté
que tu nous balances à la figure
pour secouer tous les conformismes
et créer à nouveau
le monde
Ahhhh tes jugements parfois
si proches d’une explosion
et que tu retiens
comme pour rester
humain

Comment tu fais
ami
pour transformer
en bon
tout le mal
qu’on t’a fait ?
Cette putain de résilience
si magnifique
et si désarmée…

Ash
quand je te lis
quand je vois ta vie
ce que tu en fais
ce que tu en dis
ce que tu nous offres
je m’émerveille
de l’humanité.

– Vous qui passez et le connaissez,
dites-lui bien qu’il doit continuer,
qu’il doit puiser encore et encore
dans ce puits sans fond
d’où jaillissent
les cris,
la vie
la poésie.

Tu nous réveilles, poète,
tu nous réveilles.
Ash
Merci !

Z- 9/5/2025

Photo : Timur Simakov. Un ami commun, en quelque sorte.

J’étais un jeune homme parfait.
Bien sûr, j’avais des défauts,
j’en connaissais un certain nombre,
mais j’étais suffisamment bien éduqué
pour exercer un contrôle sur moi.
J’étais, aux yeux de tous,
un jeune homme parfait.
Un peu à mes yeux aussi.

Il y avait bien cependant
cette sensibilité
à la présence
de certains autres jeunes hommes,
cette appétence à l’amitié
qui était manière
de se rapprocher et à s’attacher
même sans retour,
secrètement.

Cette sensibilité
qui me faisait goûter
une main serrée,
une accolade,
un souffle,
un frôlement,
un temps partagé,
privilégié.

Mais chut ! Ce n’est que passager.
Ca ne peut être que passager.
Je suis un garçon bien
sous tous rapports.

Je suis chrétien, je suis gentil, je suis serviable.
Un modèle d’intelligence et de gentillesse.
Le gendre parfait.
À moins que ce ne soit un futur curé.

Un gars bien.
Si bien. Trop bien.

Personne ne m’a forcé
à être ainsi.
Je me suis fait tout seul
d’une certaine manière.

Mais Dieu ! Que j’étais malheureux !
Que j’étais seul !

Quelle misère de se battre contre soi
à maîtriser ses affects, ses pulsions,
sa sensibilité,
à me contorsionner
intérieurement,
à être autre que ce que je suis.

Être bien.
Être irréprochable.
Aux yeux de la société
et à mes propres yeux.

Ne pas écouter
que je suis attiré par les garçons
et que là, tel ou tel
que j’appelle ami,
j’en serais en fait
si facilement amoureux.
À moins que je ne le sois déjà ?

Mais chut… Pourquoi dire ça ?
Ce n’est qu’un passage,
ce n’est que transitoire.
Forcément c’est transitoire.
Probablement, c’est dû
à cette foutue adolescence
qui n’en finit pas !

Chut… je suis un gars bien.
Je veux être un gars bien.
Je veux qu’on m’aime
parce que je suis un gars bien.

Par quel artifice
me suis-je convaincu
que ce n’était pas bien
d’aimer les garçons
et de crucifier
mon être réel
pour me conformer
à ce modèle
de chrétien parfait
qui se contrôle
et contrôle tout ?

Parfois, je pense à ce jeune homme
dont on dit qu’il avait de grands biens
et qui appliquait tous les préceptes
qu’on lui avait enseignés.
Il les appliquait, oui.
Un gars bien, celui-là aussi.
Un gars bien,
prisonnier des usages et des convenances
incapable de se libérer de sa peur
au moment où il rencontre l’amour
qui l’invite à quitter tout ça
pour le suivre vraiment.
….– S’exposer vraiment
……tel que je suis,
……sans masque, sans protection ?
……Ca je ne je puis.
Tristesse.

Je veux pas, je veux plus,
être un gars bien.
Juste être moi.
Oser
être moi.

Je t’en veux,
société des hommes,
de m’avoir laissé croire
que je ne pouvais pas être aimé
tel que je suis,
de m’avoir laisser croire
qu’aimer des garçons c’était mal
et que je pourrais aller en enfer pour ça !

Je t’en veux
de ne pas m’avoir accompagné
sur ce chemin,
de ne pas m’avoir accompagné
avec douceur,
pour que je découvre
que je n’ai rien à faire d’autre
qu’accueillir l’être que je suis
avec émerveillement
et reconnaissance
pour être un gars bien.

Il m’aura fallu des années,
des dizaines d’années
pour pouvoir répondre
à cette simple question,
un jour,
posée dans un groupe de prières
et qui m’était personnellement adressée :
« Que veux -tu que je fasse pour toi ? »

– Seigneur,
…..laisse-moi juste être moi.
…..Que je sois libéré des entraves
…..qui m’empêchent d’accéder à qui je suis
…..et de suivre cet élan de vie
…..que toi-même tu suis si parfaitement,
…..l’élan d’être soi,
…..le bonheur d’être soi
…..sans avoir à répondre
…..à quiconque
…..sinon à celui qui,
…..sans attendre de retour,
…..a fait de moi
…..un gars bien,
…..un gars bien,
…..un gars bien.

…..Un gars bien.

Zabulon – 23 mars 2025

Source Photo : Instagram de Filip Hrivnak