SOLDATS

 

 Gagnée ou perdue, toute guerre se réduit à une défaite de l’homme.

Robert Sabatier,

Le livre de la déraison souriante (1991)

11 novembre,

commémoration de  l’armistice de la “Grande Guerre,

4 ans d’horreur, de souffrance , de boucherie, 

à cause de la rivalité, l’amertume, l’esprit de vengeance des hommes et des peuples frères.

Toi moi Lui

 

TOI, MOI, LUI

 

Moi, Toi, Eux

Moi, Toi, Nous

Moi, Toi, Lui.

 

Toi, Moi, Eux,

Toi, Moi, Nous,

Toi, Moi, Lui

 

Eux, Nous, Moi

Eux, Nous, Toi,

Eux, Nous, Lui

 

Lui, Eux, Nous,

Lui, Nous, Eux,

Lui, Toi et Moi.

 

Lui, Lui, Lui…

Lui, Toi, Moi, Nous, Eux

Lui.

 

Zabulon

[à laisser retentir en soi, en silence
comme une méditation, une prière, une rencontre.
Lui, c’est Le Seigneur Jésus.]

dans-les-bras

Tu me tenais dans tes bras
Et je goûtais ton amitié.
Oh que c’était bon,
Être présents l’un à l’autre,
Se donner et partager
La chaleur de la vie.

A l’époque, je ne savais même pas que l’homosexualité existait.
Oh bien sûr, cela existait en théorie.
Mais pas pour moi, pas pour nous.
Nous étions « normaux »,
Seulement deux amis,
Avec une tendresse sublimée
Qui nous ravissait.
Mon ami,
Si tu avais posé ta main sur moi,
Ou moi la mienne sur toi,
Nous aurions été troublés.
Tellement troublés,
Honteux, coupables, victimes à la fois
De quelque chose qui nous dépassait
Et qui semblait tellement inavouable,
Insupportable.

Nous étions amis.
La chaleur de nos corps
Quand nous étions épaule contre épaule,
Quand nos corps se frôlaient,
quand nous nous adossions l’un à l’autre
Quand nos mains effleuraient l’autre
Nous suffisait.

Je ne savais pas.
Je ne savais pas que bien des années plus tard
La sensualité s’éveillerait,
Et que je me souviendrais
Ces moments comme autant de moments ratés
De partager l’amour dont nous avions besoin.

Comme si nos cœurs suffisaient…
Nos têtes, nos corps ont besoin de cet amour.

Mon ami mon ami,
Tu es parti, ou je suis parti,
Je ne sais plus très bien.
Cela fait si longtemps.

Je le sais aujourd’hui,
Je t’aimais

 

Zabulon

vieux-couple

 

FAISONS UN MARCHE,

J’AIMERAIS COMPTER SUR VOUS…

Faisons un marché

Mon amie
vous savez
que vous pouvez compter
sur moi
non jusqu’à deux
ou jusqu’à dix
mais compter
sur moi

si un jour
vous remarquez
que je vous regarde dans les yeux
et qu’un manque d’amour
vous reconnaissez dans les miens
ne sortez pas vos fusils
ne pensez pas que je suis fou
malgré ce manque
ou peut-être à cause de lui
vous pouvez compter
sur moi

si d’autres fois
vous me trouvez
maussade sans force
ne pensez pas quel paresseux
même là vous pouvez compter
sur moi

mais faisons un marché
j’aimerais compter
sur vous
c’est tellement agréable
de savoir que vous existez
on se sent vivant
et quand je dis ça
je veux dire compter
même si c’est jusqu’à deux
même si c’est jusqu’à cinq
non pour que vous veniez
vous précipiter à mes côtés
mais pour être sûr
de science certaine
que vous savez que vous pouvez
compter sur moi.

  Mario Benedetti

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hagamos un trato

 

Compañera
usted sabe
puede contar
conmigo
no hasta dos
o hasta diez
sino contar
conmigo

si alguna vez
advierte
que la miro a los ojos
y una veta de amor
reconoce en los míos
no alerte sus fusiles
ni piense qué delirio
a pesar de la veta
o tal vez porque existe
usted puede contar
conmigo

si otras veces
me encuentra
huraño sin motivo
no piense qué flojera
igual puede contar
conmigo

pero hagamos un trato
yo quisiera contar
con usted

es tan lindo
saber que usted existe
uno se siente vivo
y cuando digo esto
quiero decir contar
aunque sea hasta dos
aunque sea hasta cinco
no ya para que acuda
presurosa en mi auxilio
sino para saber
a ciencia cierta
que usted sabe que puede
contar conmigo

Mario Benedetti

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AU PREMIER REGARD….

Ce film  brésilien réalisé par Daniel Ribeiro, et  sorti discrètement en France durant l’été, vient d’être choisi officiellement par le Brésil pour le représenter aux Oscars 2015 et concourir dans la série “Meilleurs films étrangers”.

Le titre original “Hoje Eu Quero Voltar Sozinho” veut dire “Aujourd’hui, je veux rentrer seul”. Le film raconte l’apprentissage de la vie par un adolescent aveugle qui découvre son homosexualité. Mais comment savoir si l’autre en se moque pas de nous quand on n’y voit rien ?

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Bien sûr, c’est un film sur l’adolescence, et à certains égards faits pour des ados,  ce qui explique l’accueil mitigé des critiques en France. Mais c’est un film qui montre très justement qu’on ne choisit pas son orientation sexuelle. Le jeune héros n’a choisi ni d’être aveugle, ni d’être homosexuel. Il veut seulement vivre.

N’est-ce pas notre cas aussi ?

Mais ce n’est pas que de ce regard du coeur, vu par les yeux et le coeur d’un jeune aveugle,  dont parle ce film.  Il y a le regard de l’amie commune qui s’extasie et raconte ce qu’elle voit.

Il y a aussi et surtout le regard de celui qui  peut poser les yeux sur l’autre en toute simplicité, , sans avoir à tourner les yeux … Un regard vrai sur l’autre et sur soi-même, un regard qui voit au delà de l’apparence… Avec ce regard , comment ne pas tomber amoureux de l’autre ?

 

 

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