pecheurs-grau

“Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur,
il passa un vêtement,
car il n’avait rien sur lui,
et il se jeta à l’eau.”

(Jn 21, 7)

Simon-Pierre, c’est le patron des naturistes, en quelque sorte. Cool ! Il a repris ses activités de pêcheur, et ça le dérange pas d’être nu  au milieu de ses compères, et d’une manière très naturelle puisqu’il est en train de travailler.

Mais voilà, sur le rivage, y’a un homme qui les interpelle. Et quelqu’un dit “C’est le Seigneur!”

Et tout à coup, voilà une scène curieuse : il passe un vêtement  et se jette à l’eau. Est-ce que d’habitude on ne fait pas le contraire? On enlève ses vêtements pour se jeter à l’eau?

Bon, on peut imaginer qu’il a anticipé qu’il allait sortir de l’eau et paraître devant le Seigneur, et donc il y va avec ses vêtements. Cette explication tient la route mais nous avons appris à nous méfier des explications trop faciles, qui apparaissent comme des voiles d’interprétation culturelle. N’allons donc pas trop vite.

Prenons le temps de la scène initiale. Pierre est sans vêtements en train de travailler, scène apparemment banale et quotidienne.  Ca ne choque visiblement personne autour de lui et  on ne sait d’ailleurs rien de l’habillement des autres. Plusieurs autres. Pierre est-il seul à être nu?  D’autres le sont-ils ? ou à moitié dénudés?  certains se rhabillent-ils ensuite pendant le temps où la barque revient ? Certains reviennent-ils nus? On n’en sait rien tant le focus est posé sur Pierre. Mais se poser ces questions permet de ne pas rétrécir trop vite le champ des possibles.

Une question m’est posée concernant la nudité des pêcheurs de Tibériade. Doit-on imaginer une nudité totale ou portaient-ils des pièces de tissu comme caleçon ou cache-sexe?

Notons tout d’abord que cela ne change rien au fond de mon commentaire. La réception de cette péricope parle clairement de nudité et est souvent interprétée dans le sens d’une condamnation morale. Or, que ce soit une nudité totale ou partielle, rien ne permet de soutenir cette condamnation.

Nudité totale ou pas ? Certains prétendent que les hommes juifs auraient eu des sortes de pagne pour cacher leur sexe. Pourquoi pas ? Mais ce n’est écrit nulle part. Alors, n’est-ce pas une interprétation rigoriste et moralisante postérieure qui veut absolument affubler les hommes de cache-sexe? Bref, il ne suffit pas d’affirmer, il faut prouver.

Si on s’en tient au texte grec de ce passage d’Evangile, littéralement il dit : Et Simon Pierre, dès qu’il eut entendu que c’était le Seigneur, mit son vêtement et sa ceinture, car il était nu (gymnos). Il n’y a pas d’équivoque possible, le mot gymnos parle de nudité. Qu’il y ait un morceau de tissu ou pas, Pierre est décrit comme étant nu. Quant au mot vêtement, ependutes, il s’agit de la seule occurrence biblique, ce qui fait que les spécialistes interprètent ce mot comme désignant un vêtement de travail qui serait spécifique aux pêcheurs pour se couvrir. Ependutes vient en effet du verbe ependuomai (mettre dessus) qu’on trouve aussi en 2 Co 5,2 : Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir (ependuomai) notre domicile céleste. Le passage 2 Co 5, 1-4 est assez complexe mais il n’y a pas de doute sur le fait que l’idée est de revêtir une nudité.

Du point de vue de la rive, c’est-à dire de cet inconnu qui hèle les passagers de la barque, cela ne semble pas poser problème puisqu’il leur adresse la parole sans  se formaliser un instant qu’un des pêcheurs, au moins, soit nu. La pointe de ce cette péricope n’est donc pas sur la nudité.

Mais alors pourquoi Pierre semble-t-il se rhabiller en toute hâte quand il entend “c’est le Seigneur“?

Oui… quand il entend “c’est le Seigneur!

Il y a un après  et un avant. Et le déclencheur, c’est cette parole “c’est le Seigneur“.

Or, nous sommes maintenant après la Résurrection.  A la parole “c’est le Seigneur“, Pierre répond  avec une sorte d’immédiateté : il revêt son vêtement et se jette à l’eau.  Personnellement, ça me rappelle les premiers temps de la saga Jésus quand il parcourt les bords du lac de Tibériade  et qu’il appelle ses premiers disciples. Sauf que, là, il s’en est passé des choses depuis. Et, en plus, il est mort et Ressuscité, celui qui les appelait et qu’ils ont suivi. Alors, il n’est plus besoin d’un appel direct : “toi, suis -moi”.  La seule parole “c’est le Seigneur” et Pierre sait ce qu’il a à faire. Il répond. C’est là qu’il doit aller.

Dans l’intention de l’évangéliste, il se pourrait bien que la mention de sa nudité et du vêtement soit au service du même sens. Vérifions.

Nous sommes après la Résurrection. L ‘Apôtre Paul nous dira dans ses épîtres combien cette expérience de la mort et la Résurrection du Seigneur est fondatrice d’un monde nouveau dans lequel ceux qui y sont appelés, et répondent à cet appel, passent du statut de vieil homme à homme nouveau, avec les habits qui vont avec.

Il me semble que l’accent du texte n’est donc pas de fustiger ou condamner la nudité de Pierre qui serait honteuse. L’inconnu du rivage ne dit rien à ce propos, ni au moment où il interpelle les ouvriers dans la barque ni au moment où il prend le repas et discourt avec Pierre. Par contre, il y a une sorte d’insistance sur le fait de revêtir le vêtement au moment où l’on va rejoindre le Seigneur qui, un jour du temps, nous avait appelé et à qui on avait répondu. Tenue de service obligée, en quelque sorte. Et encore plus maintenant qu’il est Ressuscité.  Le vieil homme est mort, l’homme nouveau est né. C’est au service du Ressuscité que Pierre accourt.

Pas inintéressant de remarquer que quelques versets plus tard, sous couvert d’une histoire de ceinture que d’autres vont serrer à la place de l’intéressé pour le mener où il ne voudrait peut-être pas aller, on a comme une suite de cette affaire de vêtement.

Suivre le Christ Ressuscité, ce n’est pas compter sur ses propres forces, c’est s’en remettre à Lui. C’est revêtir les habits lumineux de la Résurrection, déjà entrevus lors de la Transfiguration. Cela est cohérent avec la promesse de la paix du Christ à l’humanité. Avant la Résurrection, Jésus parle d’une paix qu’il va donner à ses disciples et qui n’est pas celle du monde (Jn 14,27), c’est-à-dire qui n’est pas celle qui est connue des hommes en s’appuyant sur leurs propres forces. Après la Résurrection, il apparaît aux douze avec ces premiers mots “La Paix soit avec vous!” (Jn 20, 19.21)

Bref, il y a un avant et un après. Un avant et un après la mort et la résurrection du Christ. Et désormais, un avant et après la rencontre du Christ pour chaque homme et femme de l’histoire.

La nudité de Pierre n’est donc pas laide ni malsaine. Il est en travail quand même, ce brave homme ! Il essaie de gagner sa vie. Mais ses propres forces ne suffiront plus désormais, s’il veut suivre la Voie du Ressuscité. Alors revêtir ce vêtement qui sera bientôt serré d’une ceinture qu’il ne maîtrise pas, c’est une manière de dire au Seigneur qu’il est prêt.

N’est ce pas l’esprit de tout ce passage? La précipitation de Pierre quand il entend “c’est le Seigneur” , comme si revenu à ses tâches quotidiennes il était en attente du jour du Seigneur pour lui.  La réaction immédiate de Pierre, au service, quand le Seigneur demande d’apporter des poissons. Et finalement toute la teneur de ce dialogue intime entre Pierre et son Seigneur.  Il est prêt, il se croit prêt. Il est, en tout cas, animé d’un grand désir de servir le Seigneur. Alors oui, il peut être peiné, et même désemparé, quand le Seigneur peut lui demander avec insistance s’il est vraiment prêt,  s’il l’aime vraiment, totalement et sans conditions.

Alors, Pierre peut faire la réponse qui compte :

« Seigneur, toi, tu sais tout :
tu sais bien que je t’aime. » (Jn 21,17)

Tu connais tout de moi. Tu connais ma nudité, tu connais ma fragilité, tu connais mes limites. Sans toi, rien n’est possible Seigneur. Mais mon désir, mon attente de toi, si forts, si immenses, dans ce pauvre corps que tu connais, ça aussi Seigneur tu le sais. Tu sais bien que je t’aime.

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Post Scriptum pour ne pas oublier la question qui m’a été un jour posée : la nudité est-elle une bonne nouvelle?

Ce beau texte ne permet pas de condamner la nudité comme, parfois, on a voulu le faire.  Encore une fois, la nudité de Pierre n’est ici pas honteuse, elle est naturelle et même socialement admise. Y compris, semble-t-il par le Seigneur.

D’un point de vue symbolique, cette nudité semble même nécessaire. Il faut se dévêtir des vieux habits du monde passé pour revêtir les habits resplendissants du Ressuscité ou, à tout le moins, ceux du service du Ressuscité. Cela passe par le fait de se dévêtir et apparaître en vérité et en simplicité. Pas de tricherie possible, pas de honte non plus.

Cela semble bien être le sens que l’on retrouve  dans certaines pratiques baptismales qui ont perduré jusqu’au Moyen Âge, par lesquelles on perdait ses habits au moment de descendre dans la cuve baptismale que l’on traversait, nu, avant d’être revêtu d’un nouvel habit, blanc, au sortir de la cuve.

Ce texte ne permet ni de condamner ni de magnifier la nudité. Elle est juste notre condition naturelle, première réappropriation de soi à faire, peut-être, pour pouvoir réellement se désapproprier.

Z. 9/4/2016

 

 

Source photo : pêcheur du Grau-du-Roi

moine-thai

“Pour peu que quelqu’un vienne à la recherche, je sors le regarder. Il ne me reconnaît pas. Je mets alors toutes sortes de vêtements, qui font naître chez l’apprenti des interprétations; et à tout coup il se laisse prendre à mes paroles et à mes phrases.

Ô amertume ! ces tondus aveugles, ces hommes qui n’ont pas l’œil s’emparent des vêtements que j’ai mis pour me voir bleu, jaune, rouge, blanc. Et si je les enlève pour aborder des domaines purs, voilà les apprentis qui aspirent aussitôt à la pureté; et si j’enlève encore ce vêtement de pureté, les voilà tout perdus, et frappés de stupeur. Ils se mettent à courir comme fous, disant que je suis nu! Je leur dis alors : “Le reconnaissez-vous enfin, l’homme en moi qui met les vêtements?” Et soudain ils tournent la tête, et voilà qu’ils me connaissent.”

 

Lin-Tsi

Entretiens de Lin-tsi, p. 140-141, traduits du chinois et commentés par P. Démiéville, Paris, Fayard, coll. ” L’Espace intérieur “, 1972.

manteau

 

L’aveugle jeta son manteau,
bondit et courut vers Jésus.

(Marc  10,50)

 

Il jeta son manteau…

‘Himation’. C’est le mot grec que la traduction liturgique a pudiquement traduit par  « manteau ». Voilà un terme qui est employé 59 fois dans le Nouveau Testament, et  qui est traduit la plupart du temps par le mot vêtement, au singulier ou au pluriel. ‘Himation’ est notamment employé pour désigner le vêtement de Jésus dans l’épisode où une femme touche son “vêtement”,  mais également lors de la Transfiguration quand ils deviennent  « resplendissants », ou lorsque qu’on le  dépouille avant la crucifixion.

himation

Certains avancent que le mot ‘himation’ serait un dérivé de ‘ennumi’ (mettre dessus). Cet argument ne suffit pas à traduire le mot himation par manteau car tout vêtement est mis par-dessus le corps. Il n’est d’ailleurs jamais traduit de la sorte dans ses autres emplois, sauf en Mt 5,40 parce que dans le même verset un autre mot désigne la tunique portée sur le corps : ‘chiton‘: si on veut prendre ta tunique ( ton habit de dessous), donne ton vêtement en plus (ton habit de dessus) – à quoi pourrait-il donc servir de plus !  – Il existe d’autres mots grecs pour désigner un vêtement qui serait mis par-dessus les autres, un manteau. Ces termes sont également connus des évangélistes : par exemple, ‘chlamus’ (Mt 27) pour désigner le vêtement dont on recouvre Jésus lors de la Passion, ou en 2Ti 4, 13, le mot ‘phelones’  employé par saint Paul pour désigner le précieux manteau de voyage qu’il  aimerait récupérer.

Mais on trouve également le mot  ‘himastimos’, qui pourrait avoir la même racine, ‘himatizo’, recouvrir, se vêtir, et désigne une tunique qui touche  et recouvre directement la peau.

 

himation2

Bref, si l’aveugle jeta son vêtement, il était nu.  A moins qu’on imagine qu’il porte encore un caleçon sous sa tunique, ce qui n’était pas l’usage du temps, comme attesté en d’autres endroits de l’Evangile. D’autant que nous n’avons pas, là, affaire à un notable distingué dans ses vêtements et parures.

 

Bref, si l’aveugle jeta son vêtement, il était nu.
C’est nu qu’il bondit vers le Seigneur.

 

Dans sa nudité, il bondit,
Dans sa nudité, il court vers Jésus,
Dans sa nudité, il se reconnaît aveugle
Dans sa nudité, il demande à voir.

 

Avant cela, il est habillé socialement
Par son handicap, par son métier de mendiant,
Par le regard que lui renvoient les autres,
y compris celui des apôtres,
Par le regard qu’il a sur lui-même, sans doute,
puisqu’il n’a pas, de prime abord,
l’énergie de bondir de lui-même vers Jésus…

Mais si le Maître appelle,
si enfin la vérité peut se faire
et que justice nous soit rendue,
alors il faut aller, bondir,
nu, comme on est.
Quelle importance ?

 

Seigneur, tu me connais.
Je n‘ai rien à cacher,
Tu sais tout de mes aveuglements,
De mes handicaps,
De la vérité  sur moi-même
que je ne connais pas
ou que je n’accepte pas encore,
Je n’ai rien à cacher

Si tu me dis : viens,
J’accours.

 

Nu.
Tel que je suis.

 

Nu,
Tel que tu m’as créé.
Nu tel que tu m’aimes.

Tel que tu me libères,
tel que tu me restaures
dans la dignité

Foin de ces apparats
et de tous ces faux habits.

Nu
Devant toi,
aucune importance.

Appelle-moi, Seigneur.

 

 

Z – 25 oct 2015

Jay-Khan-Nacht

NACKT by Jay Khan

NOUS SOMMES NUS !

Du kleidest dich in deinem Wohlstand, Versteckst dich im Klischee
Vous vous drapez magnifiquement dans votre opulence,
Vous représentez le stéréotype parfait de la prospérité
Du klammerst dich voll stolz an Treibsand in einem goldenen See
Les sables mouvants ne peuvent vous avaler, vous nagez déjà dans un océan d’or.
Du kaufst dir täglich neue Masken und hoffst das keiner fragt
Vous vous achetez un nouveau masque chaque jour et vous espérez  que personne ne va vous demander
wie dein Gesicht dahinter aussiehst, weil du es nicht kapierst
quel est vraiment votre visage derrière, car vous ne comprenez pas :
WIR SIND NACKT
NOUS SOMMES NUS !

Unter unserem Namen fließt das gleiche Blut (WIR SIND NACKT)
Derrière nos noms différents, coule le même sang (NOUS SOMMES NUS)
Tief in uns vergraben hab ein Bißchen Mut (WIR SIND NACKT)
Au fond de chacun d’entre nous, il y a un peu de valeur (NOUS SOMMES NUS)
Unter deinem Kragen gibt’s kein arm und reich (WIR SIND NACKT)
En dessous du cou, il n’y a pas de riche ou de pauvre (NOUS SOMMES NUS)
Denn hinter ihren Farben sind alle Menschen gleich (WIR SIND NACKT)
Parce que, au delà de leur couleur, les êtres humains sont tous égaux (NOUS SOMMES NUS)

Jay-Khan-Nacht-2

Du fürchtest dich vor allem Fremden, zeigst keinen dein Gesicht
Vous avez peur de l’étranger, vous ne montrez jamais votre véritable moi
Du warst noch nie in anderen Ländern, Traust deinen Freunden nicht
Vous n’êtes jamais allé dans un autre pays, vous ne faites confiance même pas à vos amis
Du hältst das Meer deiner Gefühle in aber tiefer Macht
Vos émotions sont profondes comme la mer mais vous les gardez en bouteille,
avec encore plus de fureur,[que la mer]
und verkneifst dir jede Regung weil du es nicht kapierst
Et vous ne vous autorisez pas à ressentir une seule émotion, car vous ne comprenez pas :
WIR SIND NACKT
NOUS SOMMES NUS

Unter unserem Namen fließt das gleiche Blut (WIR SIND NACKT)
Derrière nos noms différents, coule le même sang (NOUS SOMMES NUS)
Tief in uns vergraben hab ein Bißchen Mut (WIR SIND NACKT)
Au fond de chacun d’entre nous, il y a un peu de valeur (NOUS SOMMES NUS)
Unter deinem Kragen gibt’s kein arm und reich (WIR SIND NACKT)
En dessous du cou, il n’y a pas de riche ou de pauvre (NOUS SOMMES NUS)
Denn hinter ihren Farben sind alle Menschen gleich (WIR SIND NACKT)
Parce que, au delà de leur couleur, les êtres humains sont tous égaux (NOUS SOMMES NUS)

Irgendwo ist Licht
Il y a quelque part une lumière
ein heller Fleck im Licht
Une lueur d’espoir dans la lumière
öffnet eine Tür
Une porte qui s’ouvre
ein neuer Weg für dich
une autre façon de faire pour vous
du wartest Stundent auf irgendjemand der dich am Kragen packt
Mais vous attendez encore qu’il y ait quelqu’un qui vous saisisse par le collet
der dich schüttelt bis du atmest has du es jetzt kapiert???
et vous secoue pour vous réveiller, est-ce que vous comprenez maintenant ?
WIR SIND NACKT
NOUS SOMMES NUS

Unter unserem Namen fließt das gleiche Blut (WIR SIND NACKT)
Derrière nos noms différents, coule le même sang (NOUS SOMMES NUS)
Tief in uns vergraben hab ein Bißchen Mut (WIR SIND NACKT)
Au fond de chacun d’entre nous, il y a un peu de valeur (NOUS SOMMES NUS)
Unter deinem Kragen gibt’s kein arm und reich (WIR SIND NACKT)
En dessous du cou, il n’y a pas de riche ou de pauvre (NOUS SOMMES NUS)
Denn hinter ihren Farben sind alle Menschen gleich (WIR SIND NACKT)
Parce que, au delà de leur couleur, les êtres humains sont tous égaux (NOUS SOMMES NUS)

jay-khan-nackt-und-kahl-hier