« Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais,
et elles me suivent.
(…)
Personne ne les arrachera de ma main.»
(Jean 10, 26-27)

Voilà, c’est clair.
S’il se trouve
que tu as rencontré ce Jésus,
que tu le suis
d’un coeur sincère
et que tu te prends à l’aimer
comme il t’aime,
peu importe que tu sois gay
ou pas.
Lui, il te connaît
et ne te lâchera pas.

N’écoute pas
tous ces aigris et envieux,
ces donneurs de leçons,
ces bien-pensants
qui disent et agissent
à la place de Dieu
comme s’ils étaient seuls
à pouvoir comprendre
la parole de Dieu.

Ils ont des oreilles
et n’entendent pas,
ils se pavanent
comme représentants de Dieu
alors qu’ils ne sont
que des sépulcres blanchis.

Si tu as rencontré Jésus
et fait l’expérience
d’être aimé de lui,
écoute bien cette parole
et fais la tienne
jusqu’au plus profond
de tes cellules:

Tu es aimé de Dieu,
il te connait,
il ne te lâchera pas.
Le rencontrer en Jésus
c’est le rencontrer pour de vrai
et pour toujours.

C’est fou, non ?
Même ça, Jésus doit le préciser :
« Le Père et moi,
nous sommes UN.»
Des fois que des petits malins
chercheraient à dire
que Jésus pourrait se tromper.
Ou bien qu’on l’a mal compris
et que Dieu est différent
de ce qu’on pense.

Oui, mais voilà.
Jésus connaît ceux qu’il a touché,
ceux en qui il a éveillé l’espérance
et le désir de vivre en paix et en vérité,
et il ne les lâchera pas.

Parole de Jésus !

Z – 11/5/2025

illustration : The Naked Pastor

Une fois de plus
je me suis perdu

Je me suis mis à ma table
pour écrire
Un enchevêtrement de mots
avait frayé son chemin en moi
-était-ce dans mon esprit, mon cœur ou ailleurs –
et je voulais le coucher
avant de le perdre

Et puis, j’ai ouvert l’ordinateur
j’ai répondu à un tel
regardé autre chose
partagé une image
lu un poème

Quand je suis revenu à moi
j’avais perdu le fil
de mon existence

Pius rien à dire
plus rien à écrire
Le vide

L’instant d’avant, pourtant,
j’étais relié
à moi-même.

Comme se perd facilement
cette connexion au vivant en soi
qui est pourtant
la seule chose
qui compte

Je veux
– y arriverai-je ? –
revenir à moi
à ce lien
immortel
et universel
qui me relie
à toi, à tous, à moi
à toi, poète

Cet endroit inviolable
où l’on peut se rencontrer.

Z- 10/05/2025

Photo : d’agence sûrement, trouvée sur ce site : https://www.beaconhospital.ie/

Je n’en finis pas
d’explorer
la poésie de
Ash
Le lire
et le relire
me sentir
vivant
à travers
ses cris
ses pleurs
ses maux
ses mots
ses émotions
Ses cris
de souffrance
de misère
de galère
de révolte
et d’amour
Et d’amour
Et d’amour
Un homme
Un garçon
devenu homme
qui m’apprend
l’humanité

Je suis qui moi
avec mes larmes
de riche
qui a peur
de pas être aimé
alors
que j’ai tout
sauf le courage
d’être

Je vois Ash
Je lis Ash
la vie de Ash
l’abandon
le rejet
la rue
la misère
les galères
le racisme
et cette putain
d’envie de vivre
qui prend aux tripes
même
quand c’est un cri
même
quand ça fait mal
même
quand
ça fait se rejeter
Par peur de s’abimer
probablement

Enfin
c’est ce que je me dis
pour m’expliquer
que Ash
un jour
n’a plus voulu de moi
Je dirai un jour
je crois
combien c’est ma faute
combien j’étais bête
combien j’étais nul
– vraiment ! –
et combien je l’aime encore
peut-être aussi
sans jamais
l’avoir rencontré.

Ash,
quand je te lis
quand je vois ta vie
tes cris, tes larmes, tes amours
mais aussi
tes combats
contre l’injustice, l’irrespect, l’indifférence
ta jeunesse insolente
et ta liberté
que tu nous balances à la figure
pour secouer tous les conformismes
et créer à nouveau
le monde
Ahhhh tes jugements parfois
si proches d’une explosion
et que tu retiens
comme pour rester
humain

Comment tu fais
ami
pour transformer
en bon
tout le mal
qu’on t’a fait ?
Cette putain de résilience
si magnifique
et si désarmée…

Ash
quand je te lis
quand je vois ta vie
ce que tu en fais
ce que tu en dis
ce que tu nous offres
je m’émerveille
de l’humanité.

– Vous qui passez et le connaissez,
dites-lui bien qu’il doit continuer,
qu’il doit puiser encore et encore
dans ce puits sans fond
d’où jaillissent
les cris,
la vie
la poésie.

Tu nous réveilles, poète,
tu nous réveilles.
Ash
Merci !

Z- 9/5/2025

Photo : Timur Simakov. Un ami commun, en quelque sorte.

Figurez-vous qu’un des articles les plus lus de ce blog et ceci d’une manière continue depuis sa publication est celui qui est intitulé : les eunuques de naissance.

Cela n’est pas sans m’interroger et je me décide donc de compléter un peu ce sujet avec quelques données historiques et exégétiques.

Dans le Nouveau Testament

D’abord, notons que ce thème est marginal dans le Nouveau Testament : le terme enouchos que l’on traduit en français par eunuque n’apparaît que dans 6 versets, dont 5 se trouvent dans les Actes des Apôtres ( c’est l’épisode de Philippe rencontrant le surintendant de la reine d’Ethiopie), texte par excellence composé à destination de la population de culture grecque. Cela met d’autant en valeur la citation que l’on trouve dans l’évangile de Mathieu selon laquelle il y a différentes sortes d’eunuques (Mat 19, 12) qui est justement le texte que je commentais précédemment.

Deuxièmement, il va être très utile de relever que dans le Nouveau Testament, à aucun moment, la désignation d’eunuque est péjorative. Dans les actes des apôtres, l’appellation d’eunuque semble juste factuelle et dans la bouche de Jésus, selon Mathieu, elle est – semble-t-il – l’occasion d’un enseignement sur la capacité et la volonté d’engendrer une descendance.

Dans la culture grecque

Or, ce n’était pas le cas dans la culture grecque. Certains historiens relèvent que l’appellation d’eunuque était souvent utilisée pour désigner les perses et plus généralement les populations d’Asie qui, dans leur raffinement et leurs marques de politesse, semblaient moins virils aux grecs. La mention des eunuques sert alors souvent à désigner des personnes efféminées, peut-être même avec une connotation sexuelle : celle d’avoir une position passive dans une relation entre hommes. Ce qui, au passage, n’est même pas une condamnation de l’homosexualité mais, par comparaison avec eux, les très virils grecs (mon œil, hein !), serait plutôt la critique à peine voilée de la personnalité faible de ces autres, venus d’orient, avec leur culture qui pourrait nous concurrencer.

Dans la culture grecque, la désignation d’eunuque semble même être clairement une métaphore des personnes passives dans la relation sexuelle entre hommes. Dans la seule pièce de théâtre grecque qui mentionne des eunuques, Les Archaniens, ils sont désignés comme des eunuques accompagnant une délégation perse mais l’on s’aperçoit que ce sont en fait deux grecs connus qui se sont déguisés en eunuques. La comédie se moque notamment de l’un d’entre eux qui s’affiche avec une barbe de singe (donc en une apparence très masculinisée) alors qu’il a un « chaleureux cul rasé ». La moquerie ne porte pas sur la pratique sexuelle mais sur le travestissement.

Bien sûr, l’étymologie du mot eunuque, littéralement le gardien du lit, semble désigner ceux qui ne présentent aucun danger pour les femmes puisqu’ils ont été castrés. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont impuissants, confusion souvent faite ! Ils peuvent avoir des érections et des coïts, même si leur libido est  de fait, très réduite. L’important surtout, c’est qu’ils ne pourront pas engendrer d’enfant. Ce qui m’a fait supposer que Jésus, parlant d’eunuques dès la naissance désigne possiblement des personnes qui n’auront pas d’enfant parce qu’une relation hétérosexuelle ne les intéresse pas. Pas besoin de la main des hommes pour les castrer, pas besoin d‘en faire un choix de vie. On ne choisit pas de devenir homosexuel, on l’est. Quel que soit le moment on l’on découvre ou accepte qu’on l’est. Pourquoi pas, dès lors, ne pas dire que c’est “de naissance” dans une société où on laisserait les personnes librement découvrir leur orientation sexuelle sans les forcer à se conformer à une norme hétérosexuelle ?

Par extension, les eunuques sont considérés comme des personnes de confiance, fidèles et désintéressés puisque dépourvus de cette passion sexuelle. Au fond, pas sûr que ce soit vrai. Ce sont des hommes comme les autres qui peuvent s’enivrer avec le goût du pouvoir et de l’argent. Sauf que, souvent ce sont aussi d’anciens esclaves qui ont été affranchis au regard de leur fidélité et des services rendus.

Ce qui est intéressant aussi, en considérant les écrits historiques, notamment ceux d’Hérodote, c’est que les eunuques ont été considérés par les grecs à la fois comme “rien” et “protégés des dieux”. Rien, parce que castrés, amputés de leur qualité d’hommes, et pas femmes non plus. Protégés des dieux, parce que ce sacrifice extrême, ignoble même, de leur virilité, ne peut qu’attirer châtiment s’il n’y a pas compensation.

Si, forts de ces considérations, nous revenons aux occurrences du Nouveau Testament, il devient très fécond de voir que les rédacteurs bibliques ne jugent pas l’eunuque pour rien et qu’à lui aussi est ouverte l’offre de salut. Tu n’es pas rien, tu es un homme, avec ton histoire certes, mais aimé et attendu par Dieu.

Dans la culture romaine

Maintenant si l’on regarde la culture romaine, il semble que la religion antique s’en mêle un peu puisque seuls des hommes castrés pouvaient être prêtres de certains temples et qu’on a pu trouver des rites un peu sanguinaires par lesquels des hommes s’émasculaient en public et des femmes se coupaient les seins.

Ces rites pseudo magiques sont interdits en 81 avant Jésus-Christ avec nombre de sévices corporels : castration et circoncision (sauf pour les juifs précise Wikipédia) mais aussi l’avortement. Mais malgré l’interdiction la pratique continuera pendant plusieurs siècles. Elle concerne surtout les esclaves achetés sur le marché dont certains aspirent à la liberté grâce à leurs compétences. Diverses et variées. Fonctionnaires, précepteurs, esclaves sexuels des matrones romaines (et probablement des praticiens aussi). Ce qui peut donner source à toutes sortes d’abus puisque cela commence par du commerce d’esclaves : il semble que des enfants de la région de la Mer Noire aient été capturés, réduits en esclavage, émasculés et vendus comme de bons serviteurs qui seront fidèles.

Ces pratiques ne semblent pas concerner l’univers biblique. En tout cas, il n’en parle pas. Et le plus plausible est que, jusqu’à la destruction du Temple en 70 après JC, la région était davantage sous l’influence de la culture grecque que de la culture romaine.

Dans la culture hébraïque, la circoncision

Pour savoir ce qu’il en est de la culture juive, il faut regarder l’Ancien Testament. Le terme hébreu pour désigner les eunuques est cariyc. On ne le trouve que dans 41 versets, ce qui est très peu. Il est en général traduit pas les mots : chambellan, intendant, officier, eunuque. Ils sont en général les serviteurs fidèles de souverains étrangers, exécutant consciencieusement leurs ordres que ceux-ci soient en faveur ou en défaveur du peuple hébreu.

Là encore, comme dans le Nouveau Testament, aucune connotation morale à ce sujet. Il y a des eunuques, ce sont les serviteurs ou les officiers de souverains étrangers. Ils exécutent leurs ordres. C’est ainsi.

De là, on peut conclure ,s’il en était besoin, que cette pratique d’émasculer d’autres hommes quand bien même ce serait des ennemis, ne fait pas partie de la culture juive et chrétienne.

Elle existe à l’étranger. Dont acte. Sans que ce soit un sujet pour les auteurs bibliques.

Alors quel effroi face au comportement d’Origène, un des premiers théologiens chrétiens, qui, pour ne pas succomber à ses pulsions sexuelles, décide de se castrer lui-même, appliquant à la lettre (ah quelle plaie, le fondamentalisme !) la parole de Marc 9, 42-45 selon laquelle il faut couper (apokopto) ce qui te conduit au péché : la main, le pied, l’œil… Pourquoi pas les testicules ?

Tardivement, hélas trop tard, Origène reconnaîtra avoir commis une terrible erreur d’interprétation. Comment Dieu pourrait-il demander de s’amputer d’une partie de son humanité ? Jésus, qui ressuscite dans sa chair, assume l’intégralité de notre humanité. Ne coupe pas la partie de toi qui te conduit à pécher, convertis-la : retourne-la vers le bien.

Dans l’univers hébraïque, une seule mutilation est permise sur soi et les siens et c’est la circoncision (muwl, couper), l’acte de se découvrir devant Dieu, de ne rien lui cacher. Dans son intimité même, là où se manifeste sa puissance sexuelle mais aussi sa vulnérabilité d’être de désir, rien ne doit échapper à l’alliance. Couper le prépuce (arel), c’est apparaître vraiment nu, vulnérable, tel qu’on est, devant Dieu. La racine arel qui désigne l’incirconcis porte l’idée de regarder ou de dévoiler. L’incirconcis (arel – littéralement : celui qui a un prépuce) est donc celui qui ne se dévoile pas, qui ne dit pas tout, qui ne montre pas tout et avec qui les relations sont complexes. Parce qu’il n’est pas droit et n’avance pas en vérité.

C’est le même mot, arel, que Moïse emploie quand il objecte qu’il ne saura pas parler aux égyptiens parce qu’il n’a pas la parole facile (arel). Parole pas facile, pas fluide, pas spontanée, pas suffisamment « connectée » à ce qu’il sait être vrai. Parole recouverte, pas dévoilée, pas transparente.

Moïse dit en présence du Seigneur : « Je n’ai pas la parole facile (arel). Comment Pharaon m’écouterait-il ? » (Ex 6 ;30)

En gros : je perds mes moyens devant Pharaon, ma parole est comme voilée,  couverte d’un prépuce. Comment faire ? Et la réponse de Dieu sera : eh bien tu vas parler à Aaron, avec qui tu as l’air de bien communiquer, de parler en vérité, et c’est lui qui répètera tes paroles à pharaon.

Ici, l’emploi du mot arel, qui d’habitude porte le sens d’être voilé, caché, et est devenu le nom commun pour dire incirconcis ou prépuce, sert à signifier un empêchement de faire.

Voilà pourquoi en Gn 15, la circoncision est un signe de l’alliance. Il n’est pas pour Dieu, il est pour les hommes. Cette alliance conclue, il faudra l’accueillir sans duplicité, sans honte et sans cachotteries pour quelle puisse se déployer. Mais comme le signe physique peut-être lui-même détourné ou trompeur, ce qui va devenir encore plus important ce ne sera pas la circoncision physique mais celle du cœur (Dt 10,16 ; Dt 30, 6 ; Jr 4,4 ; Jr 9,25) : arrêter les petits calculs humains et avancer en vérité vers le Seigneur.

Peut-être est-ce dans le livre du Deutéronome que le sens de la circoncision est le plus clair :

Le Seigneur ton Dieu te circoncira (muwl) le cœur, à toi et à ta descendance, pour que tu aimes le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, afin de vivre (Dt 30, 6)

Les mots les plus importants : de TOUT ton cœur, de TOUTE ton âme… afin de VIVRE.

TOUTE humanité. Même amputée, émasculée, handicapée.
Car l’essentiel n’est pas là.

TOUTE HUMANITÉ.

Voilà donc que, je n’ai rien à ajouter à mon précédent texte sur le sujet. Si l’eunuque est une métaphore servant à désigner des personnes à orientation homosexuelle, il n’y a aucune condamnation formulée dans les textes qui en parlent.

C’est simple.

 

Z – 1er mai 2025

source photo : peuvre de Philip Gladstone studio

complément sur les eunuques dans la culture grecque : un article intéressant téléchargeable en pdf ici

Etonnante coïncidence. Avoir enterré le pape François hier, samedi, et recevoir ce jour, dimanche du temps pascal, ce texte des Actes des Apôtres :

Tous les croyants, d’un même cœur,
se tenaient sous le portique de Salomon.
Personne d’autre n’osait se joindre à eux ;
cependant tout le peuple faisait leur éloge ;
de plus en plus, des foules d’hommes et de femmes,
en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur.
On allait jusqu’à sortir les malades sur les places,
en les mettant sur des civières et des brancards :
ainsi, au passage de Pierre,
son ombre couvrirait l’un ou l’autre.

(Act,5,12b-15)

L’ombre bienfaisante de saint Pierre…. Il ne faudrait pas y interpréter une volonté de légitimer l’institution qui serait bonne quoi qu’elle fasse. L’actualité récente qui met au jour nombre d’abus réalisés au sein de l’institution suffit à en témoigner.

Pauvre Pierre. Si lent à croire, si résistant parfois, si têtu et si attachant en même temps quand il est acculé à choisir entre celui qui bouleverse sa vie et toutes ses objections, assez sages finalement, fruits de son expérience et du principe de réalité. Oui mais… Si, ultimement, il faut choisir entre le bien et ta peur que ça t’attire des ennuis, que ce soit difficile, que tu sois critiqué, malmené, tu fais quoi ? Tu me choisis toujours, brave Pierre, dis ?

Ben oui !

Comment faire autrement ? Tu es le bien absolu, tu as bouleversé ma vie. Tu es passé le long du lac, tu m’as appelé, je t’ai reconnu. Je me suis attaché à toi. Oh oui, comme je suis attaché à toi ! Je ne puis plus me passer de toi. Tu es le bien. Tu es la vie. Tu es l’avenir. Ne pas te choisir, c’est mourir.

Te choisir. Encore et encore. Et maintenant que tu es parti, me laisser envahir par ton Esprit, l’Esprit qui te fait vivre et qui est le bien absolu.

Et voilà qu’avec tes amis, nous ne formons plus qu’uns au point que les autres hésitent à nous approcher. Et voilà que tu produis en nous ce que tu réalisais devant nous durant ton existence terrestre.

Le bien est contagieux. Une fois que nous l’avons accueilli sans réserves, il se déploie sans encombres.

Le bien est guérisseur.

Le bien est restaurateur d’humanité.

Le bien est contagieux.

Quand bien même il ne serait qu’un ombre sur notre vie,
il est puissance de vie
qui aide à se relever.

Une ombre, certes.
Skia, en grec.
Une ombre, un reflet, une esquisse.
Pas vraiment complètement le Bien absolu
Mais déjà sa lumière bienfaisante projetée sur nous,
la préfiguration d’un plus grand bien encore à venir (col 2,17).
Ce n’est plus l’ombre de la mort (Lc 1, 79),
C’est l’ombre sous laquelle on peut se réfugier et profiter de la fraîcheur (Mc 4,32).

Alors je me demande : m’est-il arrivé d’expérimenter que le bien est contagieux ?

M’est-il arrivé d’expérimenter que malgré moi, sans y penser, ma présence, mes paroles, mes actes fassent du bien à autrui ? Il me semble bien connaître un peu cette expérience, en avoir eu des échos, des témoignages parfois. Comme un peu tout le monde, non ? Mystère insondable de l’amour qui se déploie sans bruit et force à l’humilité puisqu’il s’est fait comme sans moi volontaire mais à travers moi.

Si j’explore plus loin encore ce fil, je vois que c’est à chaque fois que j’approche l’authenticité que cela provoque des changements dans l’autre. Quand il n’y a pas de masques, pas de rôles. Juste quand j’arrive, un peu, à être moi et que ce moi, humain, ayant baissé les armes de la séduction ou de la justification, accepte juste d’être ce qu’il est. Alors, un autre humain, parfois, se sent touché, se sent rejoint et cela lui fait du bien. Il est comme invité lui aussi à se déployer, libéré des regards, oppressions ou conditionnements qui l’entravaient. Invité à son tour à être lui-même. Et c’est bien.

L’ombre du bien…

Me viennent, de manière un peu incongrue, les accents nostalgiques de la chanson de Bourvil dans son interprétation du bal perdu et cette envolée, subtile, discrète, lumineuse du dernier refrain, malheureusement si triste parce que dite au passé : « et c’était bien… »

Le bien, ce qui fait du bien, se reconnaît instantanément. Comment ne pas le choisir ? Et s’il vient à disparaître, il peut provoquer cette nostalgie émouvante qui dévoile des sentiments authentiques. Nostalgie de l’amour perdu, ou bien de la sécurité, de l’assurance ou de toute autre composante essentielle au déploiement humain. Bref, nostalgie du bien perdu, nostalgie si souvent évoquée dans la Bible, de l’alliance perdue, de la terre et de l’unité du peuple. Désir de revenir, encore et encore à ce qui était bien. Sauf que la foi chrétienne nous invite à ne considérer le passé que comme promesse continue du temps de Dieu, elle nous invite à nous porter vers le présent et l’avenir. Eternel présent de Dieu.

Alors quittons justement la nostalgie et passons au présent. Bien que ma réflexion ici soit générale, je voudrais m’adresser spécifiquement aux personnes homosensibles qui sont encore en lutte avec cette dimension de leur être comme si ce n’était pas sûr…que ce soit bien. Il n’y a pas d’autre moyen d’accéder à soi-même que de s’accueillir tel qu’on est. Il est un moment où il faut découvrir que ce ne sont pas aux autres de dire qui nous sommes, quels que soient ces autres : famille, amis, clans, société et quelles que soient leurs références à un passé qui aurait été mieux qu’aujourd’hui. Je ne peux pas être en lutte avec moi-même, avec une partie constitutive de moi-même, et pouvoir me déployer de manière unifiée. Et ça, ça se passe aujourd’hui.

Cette découverte se fait parfois, pour certains, dans la rébellion, la revendication, la provocation. Pourquoi pas ? Mais alors le combat intérieur n’est pas terminé. Elle peut aussi se faire aussi dans la discrétion d’une acceptation interne, dans une conscience intègre qui, affranchie des obligations de rendre compte, n’a pas besoin de se justifier.

Toute parole juste de Jésus alors même qu’il ne rencontre pas les personnes concernées (le fils de la veuve, le serviteur aimé du centurion), le bout du manteau de Jésus, l’ombre de Pierre… tout est performatif du moment que c’est habité d’une intention droite et juste portée par un bien authentique.

Toi qui es gay et te crois éloigné de Dieu ou condamné par lui pour cette raison, s’il te plaît, passe sous l’ombre de Pierre et de ses amis, cette ombre éclatante de lumière qui configure ton humanité sans aucun jugement.

Tu es tel que tu es, tu es un humain. Il n’y a rien en toi qui puisses repousser Dieu. Il y a juste d’autres humains qui sont loin d’avoir compris à quel point le Christ assume toute humanité et qui voudraient te configurer comme ci ou comme ça. Sous l’ombre de Pierre, qui est je le redis la projection du bien – lumière éclatante reçue du Christ, il n’y a pas de jugement. Tu fais partie de l’humanité intégralement.

L’ombre de Pierre…

Merveilleuse ombre qui vient annihiler l’ombre de la mort.

Le bien qui guérit de toute maladie.

Le bien en action.

Z – 27/4/2025

source photo : everydayhealth.com