Paradoxe.
Il y a parfois en nous une fragilité et une résistance
et elles semblent s’exercer sur le même objet.

Fragilité des premiers instants,
blessure du non accueil, de l’abandon ou de la maltraitance,
blessure de ne pas être vu, ou reconnu, ou aimé,
blessure du sourire non rendu au moment où il te fait vivre,
blessure de l’existence – à quoi je sers, qu’est-ce que je fais là ?
blessure d’avoir à faire plaisir, se conformer, pour survivre.
Oubli de soi. Juste besoin de survivre.
Blessure du narcissisme premier.
Fragilité qui se réveillera avec les grandes contrariétés de la vie,
avec le risque de retomber dans l’instinct de survie, le repli sur soi
le désir vain de plaire, d’une confirmation extérieure,
et même l’attente d’un sauveur, d’une solution « magique »,
la peur panique et inconsciente de ne pas survivre
que certains appellent – abusivement – victimisation,
et qui est en fait un appel à l’aide:
“Au secours, sauvez-moi, je ne sais pas me débrouiller seul,
Je n’ai pas appris à avoir confiance en mes pas.”
Blessure du narcissisme premier.

Résistance.
Résistance qui serait fierté si elle n’était pas aveuglement.
Résistance d’avoir survécu en lâchant ce qu’il y avait à lâcher pour survivre
sans jamais perdre la conscience inconsciente d’un être violenté et différent,
résistance enfouie dans les profondeurs du non-verbal – Je suis. Je veux vivre.
résistance à croire qu’on peut être aimé – qu’est-ce que ça cache ?
résistance face à toute contrainte quand bien même ce serait pour mon bien,
résistance – je ne me donne pas, j’ai déjà lâché tout ce que j’avais à lâcher.
résistance face à tout ce qui peut être ressenti comme un danger.
Bravade, panache, force, pour les uns ou les autres.
Seulement, l’instinct de survie.
Résistance enfouie, résistance de la blessure.
Résistance.

Double paradoxe.
S’identifier au monde externe et en attendre sa bénédiction,,. pour survivre
et, au fond, dénier toute valeur à cette contrainte originelle.
Souhaiter vivre et avancer en confiance, chercher l’authenticité jusqu’à la nudité même,
et se heurter ou être retenu par cette réticence première qui dit : attention, danger !

Que faire ?
Que faire quand ça résiste,
Que ça résiste malgré soi ?

Déjà, tu sais
que ça résiste, c’est bien.

Maintenant, dialoguons.

Qui résiste ?
Quelle partie de toi résiste ?

Quand tu résistes comme ça, sans discernement,
que protèges-tu ?
Quelle peur as-tu ?
Et…de quoi as-tu besoin ?
De quoi as-tu besoin qui ferait
que tu ne résisterais pas ?

Tu résistes, tu es fort, et c’est bien.
Grands dieux ! grâce à toi, j’ai survécu !
Tu m’as protégé, maintenu intègre.
Mais tu résistes, tu es fort et c’est souvent inconfortable, inadapté.
Tu résistes sans savoir à quoi tu résistes
et tu m’empêches d’avancer vers de bonnes choses
pour toi… pour moi.

Je ne peux pas avancer sans toi, c’est trop clair
et pourtant je dois avancer.
J’ai besoin de ta force,
sans elle, je suis si fragile que je peine à avancer.

Là, tu es malheureux et seul
dans la tour d’ivoire que tu t’es créée
et moi je suis seul et malheureux
dans la quête d’ouverture que je ne peux réaliser.

Je te propose un deal.
Faisons chemin ensemble.
Ouvre-toi, laisse-moi m’ouvrir.
Je te protégerai, nous marcherons ensemble,
Ta force sera la bienvenue.

Finalement,
il faut juste ouvrir les portes et les fenêtres et la grille du jardin
de notre maison,
mais elle est solide, notre maison, tu as vu comme elle est solide ?

Veux-tu bien que nous nous déployons
dans une maison ensoleillée où l’air, les odeurs circulent,
où l’on peut accueillir à notre convenance les amis, les rencontres.
Vivre dans une maison ensoleillée,
tu le mérites, je le mérite.

S’il te plaît, faisons ça.

Z – 9/3/2017

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P.S. J’ai hésité à poster ce texte. D’abord parce que c’est intime, et qu’on donne dans le psycho. Ensuite, parce que cela semble sans rapport avec la question de l’homosexualité et la vie spirituelle. Sur ce deuxième point, il se pourrait pourtant qu’il y ait des liens que je ne vois pas encore. Et puis, j’ai la chance d’avoir les mots qui me viennent facilement,peut-être ces mots-là rejoindront l’un ou l’autre qui les cherchaient sans le savoir?
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Source photo : cuatro

adaptation

“Face à l’agression, il existe deux stratégies dans la nature : l’animal fuit, alors que le végétal s’adapte car il a le temps pour lui. L’arbre représente pour moi la permanence, la tradition, la solidarité et la générosité,  qui sont des valeurs végétales. N’oublions pas qu’un grain de maïs possède un ADN dix fois plus complexe que celui d’un primate. Sa richesse génétique lui permet de tenir contre vents et marées.”

 

Olivier BLEYS, auteur de “Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes“.