Lorsque (les fils de Jessé) arrivèrent et que Samuel aperçut Eliab, il se dit : “Sûrement, c’est lui le messie, lui qui recevra l’onction du Seigneur!” Mais le Seigneur dit à Samuel : “Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le coeur.” (1 Sam 16, 6-7)

Le regard divin est libre de tous les déterminismes, pensées toutes faites ou habitudes solidement établies. La leçon vaut pour tous les temps et tous les hommes désireux de le suivre.(…) Le critère du choix de l’élu ne se fondera jamais sur “l’apparence” – fût-elle séduisante – mais bien sur la qualité du coeur.

Encore faut-il ne pas se méprendre sur ce que représente l’organe cordial dans la pensée biblique. Plus que la vie affective, le coeur est le centre de l’être, le lieu où l’homme dialogue avec lui-même et avec Dieu. C’est là et en cette présence que s’opèrent ses choix décisifs. En quelque sorte, Dieu regarde avant tout le lieu dans lequel Il célèbrera ses noces avec l’homme ! une chambre nuptiale qui doit être large et ouverte, dénuée d’a-priori, de raisonnements et de mentalisations en tout genre – fussent-elles les plus saintes.

Frère Irénée, moine à Chevretogne
La Vie, 23 mars 2017

Source photo: Photo prise par Thomas Knight

© Olivier Föllmi via AFTER

 

Question du journaliste : Qu’avez-vous appris sur vous et sur l’homme en jouant tant de rôles différents depuis soixante ans ?

J’ai appris que « je » est un autre. A travers ces personnages que l’on emprunte, on se soigne, mais on apprend aussi beaucoup sur ce qu’est le frère. On comprend la phrase, si difficile à mettre en pratique : « Aimez-vous les uns les autres. » J’ai beaucoup réfléchi et j’ai compris que chaque être humain était une espèce de pièce unique, dans laquelle Dieu est présent, même si  on ne fait pas appel à lui. Chaque être est une création de  Dieu. J’ai appris à considérer avec beaucoup d’amour et de soin tous les humains, quels qu’ils soient. J’ai appris à aider et surtout à ne pas juger. Il y a des gens bien partout.

Michael Londsale, extrait d’un  interview publié dans Causeur n° 24 – mai 2015

 

 

Source photo : © Olivier Föllmi, Min Nan Thu, via After et yellowkorner