Dure journée, dure période devrais-je dire. Ca fait des mois, des année que l’orage couve et que je ne trouve pas le courage de partir d’un boulot dans lequel je suis maltraité et peu considéré. Un boulot dans une institution ecclésiale, bien sûr ; on est maso ou on l’est pas. Bon, peu importe. C’est mon choix aussi, même si c’est en partie alimentaire et par peur de ne pas pouvoir assurer mes fins de mois.

Encore une brimade, une de plus. Comme c’est la rentrée et que je reviens complètement démotivé, j’en ai gros sur la patate. Alors, j’ai l’idée d’appeler mon ami et collègue X**.

X.** on n’a pas fait les quatre cent coups ensemble mais on se complète (professionnellement) merveilleusement bien. Avec lui, nous avons monté des projets extraordinaires, des projets pour lesquels on nous disait : “non, vous êtes fous, n‘importe quoi, vous n’y arriverez pas”. En général, je suis celui qui a les idées : je vois le projet, mieux, je vois le résultat, je vois même le chemin à parcourir pour y arriver. Mais curieusement je ne sais pas emprunter ce chemin tout seul, je trébuche, je me fais peur, j’abandonne. C’est là qu’X** intervient. Lui, il a les pieds sur terre et une confiance en moi et dans le projet qui m’impressionnent. Il y croit à ces projets, et il a un don pour la logistique incroyable. Alors, ils prennent forme, on se motive l’un l’autre, faut voire com‘ ! Et ça marche !

X** et moi, par les revers d’une des nombreuses réorganisations, on ne travaille plus ensemble. On fait ce qu’on peut chacun dans notre coin. C’est moins brillant que quand on était ensemble mais on fait ce qu’on peut. On tient la maison, quoi.

Alors, comme je me sentais triste et abandonné – tellement marre de ce manque de reconnaissance, de ce manque de respect même : on te paye pour faire un boulot, on t’empêche de le faire et on te reproche qu’il soit pas fait comme ci ou comme ça, entreprise schizophrène ! – j’ai appelé mon ami et collègue X**.

Je n’ai pas encore dit que X** il a une qualité d’écoute extraordinaire dont il n’est même pas conscient. Il n’a pas étudié chez Rogers ou Salomé. X** quand il écoute, il est tellement là, que même derrière son silence on sent sa présence, sa confiance en toi, sa bienveillance, son amitié. Ca fait tellement, tellement de bien.

Je me suis lâché, je lui ai raconté. Ce sentiment de pas être à ma place, ces humiliations incessantes dans lesquelles je vis, ces remontrances de ma hiérarchie qui fait semblant de ne pas comprendre et me demande de m’investir plus, comme si c’était de ma faute et qu’un investissement supplémentaire pouvait arrêter ce mobbying qu’ils sont tous inconsciemment et de bonne foi en train de pratiquer.

J’ai pris congé en le remerciant d’être là, je devais retourner à mon travail qui inclut beaucoup de relationnel. Il m’a dit : « Oui fais ça, qui sait, tu vas peut-être faire une belle rencontre ? »

Et c’est çà qui c’est passé. Oui c’est ça qui c’est passé.

J’ai rencontré des gens heureux de me rencontrer. Des anciens, des nouveaux. Et puis quelques professionnels qui m’ont dit leur envie de travailler avec moi. Avaient-ils saisi ma détresse, mon désarroi ? Ils m’ont encouragé à travailler avec ceux qui me faisaient confiance, avec eux, et à laisser tomber ceux qui n’avaient pas envie et me le faisaient sentir.

Et j’avoue, ça m’a touché.

J’ai les larmes aux yeux en écrivant ce texte. Y’a donc encore des gens qui sont humains sur cette terre ? Putain, que ça fait plaisir. Putain que ça réconforte et que ça console. Pardon pour les gros mots, j’écris tout cru, comme je suis en ce moment.

A travers le tas d’emmerdes que j’ai en ce moment, il y en encore quelques personnes qui me font confiance et qui attendent de travailler avec moi.

Voilà, voilà, voilà, c’est ça la justice.

Je vous emmerde tous ceux qui me jugez, qui me faites du mal, qui faites vos commères, alors que vous ne me connaissez pas.

Et oui, je suis hypersensible, et oui j’en ai marre de jouer l’enfant sur-adapté, et oui je ne me laisserai plus faire.

Merci X**.

Z- 5 sept 2022

source photo : Paddy Mitchell