Je te lis,
et je sens tes mots
comme s’ils étaient des battements brisés
qui frappent doucement contre ma poitrine.
Quel courage de dire : « Je suis fatigué »,
alors que le monde attend que tu restes debout,
le dos droit et l’âme silencieuse.
Quel courage d’avouer que tu souffres,
que feindre la force t’use
la peau et le cœur.
Je ne sais pas comment guérir ce que tu portes en toi,
mais je peux rester à tes côtés,
dans ce coin où les larmes
n’ont pas besoin d’autorisation,
où il n’est pas nécessaire d’expliquer
pourquoi ça fait mal.
Parfois, être fort, ce n’est pas résister,
c’est s’autoriser à tomber un instant,
fermer les yeux et dire :
« Je n’en peux plus »,
sans culpabilité.
Sans peur.
Sans se cacher.
Tu n’es pas moins important parce que tu es brisé.
Tu n’es pas moins important parce que tu te sens vide.
Tu es humain…
et cela est aussi immense
que la mer qui t’étouffe en ce moment.
Laisse-toi embrasser par le silence.
Par ce poème.
Par ceux qui, sans le savoir, ont également
ressenti ce même poids.
Tu n’es pas seul, même si le monde semble si loin.
Respire.
Je suis là.
Et si tes mots s’éteignent,
je te prête les miens jusqu’à ce que
les tiens décident de revenir.
Manuel Ignacio
Source texte : Manuel Ignacio
Source image : Vigil (2022) par Justin Liam O’Brien (américain, né en 1991)