J’étouffe dans la ville.
Trop de faux-semblants et d’apparences,
trop de masques parfois inconscients.

J’aspire à être vrai,
Je voudrais ôter tout vêtement,
toute apparence, tout masque,
moi aussi.

Me retrouver nu comme un ver,
sans crainte du ridicule,
Oui, nu comme un ver,
Et vivre
une expérience de révélation,
d’explosion et de vie et de joie.

Je suis vivant, je suis vivant!
Tous les faux-semblants n’ont pas pu m’atteindre.
Je suis vivant,
nu mais vivant !

 

Zabulon

Photo : Sculpture de Anthony Groomley à Hong Kong

langue

[source photo: http://www.taringa.net ]

 

Cette photo, c’est exactement ce que j’ai vu ce jour là.

 

J’étais dans  un train de retour de Lisieux,

je revenais de pèlerinage,

et je lisais “Histoire d’une âme”

– Ca ne s’invente pas ! –

 

Le train était un tortillard qui se traînait

et s’arrêtait en différentes gares.

Il était archibondé, mais il restait encore une place assise

juste en face moi.

A un arrêt, un jeune homme est monté.

Blond , élancé, traits fins,

jeans délavé et ouvert au dessus des genoux.

Il s’est avancé et est venu s’asseoir en face de moi.

 

Je l’ai regardé s’asseoir,

en le dévisageant.

Oui, je l’ai trouvé beau.

 

Je ne me lassais pas de le regarder.

Quelque chose me le rendait proche.

Je sentais qu’il avait souffert

et qu’il était maintenant apaisé,

qu’il avait fait des choix

et qu’il ignorait encore

à quel point il était aimé.

 

Je crois qu’en le regardant ainsi,

je l’aimais.

En tout  cas, un amour

qui n’était pas de moi

me traversait

et allait jusqu’à lui.

 

J’avais arrêté de lire,

je le regardais.

Je dévisageais ses traits , son corps,

Oui, je le trouvais beau.

 

Bien sûr , nos regards se sont croisés.

A plusieurs reprises.

Il ne pouvait pas ne pas sentir

que je le dévisageais.

Mais dans ce train bondé,

tout se passait en silence,

dans une apparente indifférence.

 

A un moment,

balancé par le mouvement du train,

il s’est endormi.

Ses paupières se sont affaissées,

son souffle s’est fait moins rapide.

Il dormait.

Et il était beau.

 

Je le regardai maintenant

sans détourner les yeux,

Je sentais un lien avec lui

mais indéfinissable.

 

Je crois que j’ai prié pour lui.

Je crois que j’ai remercié Dieu

pour son existence.

 

Les minutes ont passé.

Plusieurs dizaines de minutes.

Sur un sursaut, il s’est réveillé,

les joues empourprées d’un afflux de sang soudain,

la bouche pâteuse de s’être asséchée ,

les yeux dans les nuages

mais qui s’ouvrent directement sur moi.

 

Nous nous regardons.

Droit dans les yeux,

doucement.

 

Je sais au fond de moi que c’est étrange

de soutenir ainsi le regard d’un inconnu;

mais je n’en éprouve pas de gêne.

Je sens confusément que cela me  trouble

mais je ne peux pas détourner le regard

car il y a quelque chose de plus puissant.

 

Il baisse les yeux, s’étire, se reprend.

Puis, son regard s’offre à nouveau à moi.

Je le contemple.

Oui, il est beau,

mais pas seulement d’une beauté physique.

Son être est beau, je le sens, je le sais.

je suis subjugué par plus puissant que moi.

 

C’est à c e moment-là,

qu’en soutenant mon regard fixement,

sans agressivité, avec beaucoup de douceur,

il entrouvre les lèvres,

il sort sa langue,

la passe sur ses lèvres,

la tend vers moi.

 

Je soutiens son regard,

je reçois son hommage.

Quelque chose en moi éveille du désir,

mais je sais que ce n’est pas ce que je porte en ce moment.

Je lui souris.

Et c’est moi qui baisse le regard,

et plonge vers mon livre

que je n’arrive pas à lire,

tandis que je prends enfin conscience

que je suis troublé.

 

Quand, quelques minutes plus tard,je relève les yeux,

il regarde ailleurs.

Je ne croiserai plus ses yeux bleus, profonds et limpides.

 

A ce moment, je comprends

que ce ne sont pas ses yeux qui sont profonds et limpides.

c’est son âme, c’est son être.

Et, Dieu sait pourquoi,

il m’a été donné d’en être le témoin, ou l’acteur même si je ne sais pas comment.

 

Au terminus,

nous nous frôlons lorsque nous nous levons.

Chacun reste sur sa réserve.

Nous ne prononçons aucun mot.

Nous récupérons nos bagages, descendons.

Je l’aperçois remonter le quai à grandes enjambées,

devant moi, à portée d’un mot, d’un geste.

Un instant, je pense le suivre, le héler, je ne sais quoi..

mais, eh pour quoi faire ? quoi dire ?

 

Alors je le laisse aller.

 

Je ne sais pas qui est ce garçon.

Je ne sais pas ce que nous sommes venus nous donner,

l’un à l’autre, en ce court moment.

 

Je reste avec  ce trouble en moi qui m’inquiète…

La peur d’un désir non contrôlé,

la sexualité qui s’éveille.

 

Et avec ce sentiment de beauté.

Comme un cadeau qui m’est fait ,

un cadeau inaccessible,

une promesse pour demain

ou pour après.

 

Cette beauté, Seigneur,

cette harmonie des coeurs,

ce lien entre nous,

au delà de toute convenance,

au delà de toute limite,

Oui, il me construit,

oui , il m’éblouit,

oui je le reçois comme une promesse de bonheur

à vivre ensemble.

 

Quand, comment, je ne sais pas.

Toi, tu sais ,mon Dieu.

Et même sil reste en mon coeur

comme une trace d’inachevé,

cela dévoile comme une promesse d’amour infini.

Pas encore et déjà là.

 

Blessure et Beauté à la fois.

Beauté tellement belle,

que je ne peux dire que merci.

 

Zabulon

 

 

 

 

 

 

 

 

Merci loquito
Merci Loquito !

 

Alors voilà, c’est décidé ?

Tu fermes bientôt ce blog – anotherdaylight.wordpress.com – après ces quelques années de compagnonnage ?

Chaque jour un article,

chaque jour une photo,

chaque jour un message,

des messages,

à laisser retentir

dans son âme,

son être,

son corps.

 

Car c’est de la beauté que tu nous as offert

pendant toutes ces années.

Beauté qui pour les uns nous a éveillés,

réconfortés,

apprivoisés,

nourris,

confortés,

dans cette dimension de notre être

à la fois sensuelle et sexuée,

qui se cherche dans la rencontre de l’autre,

du tout Autre.

 

Dimension divine de l’autre

qui nous éveille à nous même :

Nous sommes faits pour vivre ensemble.

 

Pages d’amitié

de fraternité,

de sensualité

et de tendresse aussi.

Pages compliquées parfois,

non pas tant dans le message

que dans la réception à en faire.

 

Tu nous as donné à voir tant de beauté !

Elle te traverse,

elle vient de toi,

même si elle n’est pas de toi.

Elle réveille notre propre beauté intérieure.

Elle nous révèle à nous -même.

 

C’est l’autre qui nous révèle à nous-même,

c’est nous qui le révélons à lui-même.

 

La beauté est relation,

elle est communion,

elle est toujours offerte

comme une promesse

qui ne peut s’éteindre

et qui dit sans cesse :

Tu es fait pour l’Amour,

tu es fait pour être aimé

et aimer.

Tu es fait de l’ Amour.

Tu es Amour.

 

Merci, Loquito,

d’avoir été ce passeur

de transparence

qui libère,

éveille,

et révèle.

 

Si tu viens en pays de Zabulon,

peut-être y ressentiras le vent qui se lève ?

Tu sais, ce souffle frais qui annonce des aurores,

lorsque une lumière surgit dans la vallée des ombres.

La lumière du renouveau.

 

“Pas la moindre lueur pour celui qui sera dans l’angoisse. Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi.” (Isaïe 8, 23 – 9,1)