vieux-couple

 

FAISONS UN MARCHE,

J’AIMERAIS COMPTER SUR VOUS…

Faisons un marché

Mon amie
vous savez
que vous pouvez compter
sur moi
non jusqu’à deux
ou jusqu’à dix
mais compter
sur moi

si un jour
vous remarquez
que je vous regarde dans les yeux
et qu’un manque d’amour
vous reconnaissez dans les miens
ne sortez pas vos fusils
ne pensez pas que je suis fou
malgré ce manque
ou peut-être à cause de lui
vous pouvez compter
sur moi

si d’autres fois
vous me trouvez
maussade sans force
ne pensez pas quel paresseux
même là vous pouvez compter
sur moi

mais faisons un marché
j’aimerais compter
sur vous
c’est tellement agréable
de savoir que vous existez
on se sent vivant
et quand je dis ça
je veux dire compter
même si c’est jusqu’à deux
même si c’est jusqu’à cinq
non pour que vous veniez
vous précipiter à mes côtés
mais pour être sûr
de science certaine
que vous savez que vous pouvez
compter sur moi.

  Mario Benedetti

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hagamos un trato

 

Compañera
usted sabe
puede contar
conmigo
no hasta dos
o hasta diez
sino contar
conmigo

si alguna vez
advierte
que la miro a los ojos
y una veta de amor
reconoce en los míos
no alerte sus fusiles
ni piense qué delirio
a pesar de la veta
o tal vez porque existe
usted puede contar
conmigo

si otras veces
me encuentra
huraño sin motivo
no piense qué flojera
igual puede contar
conmigo

pero hagamos un trato
yo quisiera contar
con usted

es tan lindo
saber que usted existe
uno se siente vivo
y cuando digo esto
quiero decir contar
aunque sea hasta dos
aunque sea hasta cinco
no ya para que acuda
presurosa en mi auxilio
sino para saber
a ciencia cierta
que usted sabe que puede
contar conmigo

Mario Benedetti

beauté de l'amour

Peu m’importe que tu sois garçon ou fille,

Ce qui compte dans la rencontre,

c’est que nos êtres frémissent ensemble,

Se reconnaissent,

Se  rejoignent.

C’est au-delà du corps, du genre et du sexe.

C’est au delà et cela passe

par par le corps, le genre et le sexe.

Mais c’est plus essentiel et existentiel encore :

Tu es là

Et cela me révèle à moi-même.

Ta beauté

Vient m’éclairer ma beauté,

Et pour peu que tu t’éveilles à ta beauté

En ayant perçu la mienne,

Alors,

Quoi qu’il en soit des apparences,

Nous touchons quelque chose

De plus intense et éternel

Même si c’est subtil, fugace, et incertain.

Une sorte de rocher  dans l’océan,

dont la surface ne se donne à voir qu’au gré du mouvement des vagues,

Quelque chose de sûr mais souvent caché,

Imperceptible

Au-delà de l’apparence.

Quand tu éveilles en moi cette beauté

Parce que je la découvre, émerveillé, en toi,

C’est bien plus grand que nous,

Ca nous dépasse totalement.

Nous sommes reliés l’un à l’autre

Dans une beauté indicible,

Mais elle nous relie encore plus au Tout Autre.

C’est ça l’amour,

C’est ça l’amour.

ZABULON