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« Vous ne savez pas ce que vous demandez. »
(Mc 10, 38)

Si on va trop vite à la lecture de l’Evangile du jour (Mc 10, 35-45), on risque de ne retenir qu’une certaine indignation face à la demande audacieuse des fils de Zébédée, Jacques et Jean, compagnons de la première heure ou, encore, de s’attarder sur le développement (théologique – donc postérieur ?) de la réponse de Jésus  et s’attarder soit sur l’annonce du détachement et de la souffrance, soit sur l’annonce du service.

Dans l’accueil de ce texte d’aujourd’hui, ce qui me frappe , c’est cette réponse de Jésus : “Vous ne savez pas ce que vous demandez.” C’est vrai, quoi, quelle mouche a bien pu piquer les deux frangins pour qu’il fasse une telle demande de privilège au risque de se couper des autres apôtres ? Probablement, ont-ils réfléchi, prié, médité avant d’oser une telle demande et s’estiment-ils en droit ou en capacité de la faire.  Compagnonner avec Jésus, ressentir des émotions ou même des intuitions spirituelles fortes , et hop, voilà-t-y pas qu’on se croit méritant, déjà arrivé, presque arrivé, si près d’arriver… Allez, Seigneur, dis-le nous que tu nous réserves une place !

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Maintenant, je prends juste cette phrase de Jésus. Parce que ce sont ses premiers mots, sa première réponse. Et qu’il n’y a aucune raison à se précipiter pour connaître la suite de la réponse. Jésus les a peut-être prononcé doucement, ces mots. Lentement peut-être. Et tous les points de suspension qu’il y avait peut-être derrière et dont  le texte ne peut rendre compte. Oui, laissons résonner un peu cette phrase, à la manière de la méthode des Focolari qui consiste à méditer un verset, longuement, lentement, aussi peu inspirant et ardu qu’il soit.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Ca sonne un peu comme dans cet autre passage de l’Evangile : «  À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent à des gamins assis sur la place, qui s’interpellent en disant : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré.» (Lc 7, 31-32).  Personnellement, je n’arrive pas à imaginer une once de colère dans ce doux reproche fait par Jésus.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Toujours cette projection de soi-même dans un ailleurs, fût-il beau.Projection de soi pour être heureux plus tard, et pour “avoir” quelque chose alors qu’il s’agit simplement d’être. Jacques, Jean, fils de Zébédée, compagnons de de la première heure, me connaissez-vous encore si peu ? Tout ce que Je suis, vous l’êtes aussi si vous renoncez à paraître et à avoir, la clef est en vous. Tiens, ça me rappelle aussi la réponse faite à Philippe quand celui-ci lui dit en gros : “allez Jésus, quoi, montre-nous le Père et cela suffira!” (Jn 14,8) La réponse de Jésus est du même style : “Quoi, Philippe, si longtemps que tu es avec moi et tu n’as toujours pas compris ?”

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Vous êtes encore à l’extérieur de vous-même et, du coup, vous demandez des choses qui ne ne sont pas ajustées, pas conformes à la vérité, à votre vérité, la vérité de votre être.  C’est la seule chose qui compte: se retrouver soi-même, se reconnecter profondément à la Source de la Vie qui sourd au fond de soi. Vous croyez la voir  (l’avoir ?) parce que vous la percevez en moi et en goûtez le rayonnement, mais c’est du lieu de votre propre source dont il s’agit, car c’est la même mais elle est en vous.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Mon chemin n’est pas votre chemin. Ou plutôt, s’il l’est, c’est qu’il a une valeur intrinsèque que vous ne percevez pas. Pour qu’il soit votre chemin, il vous faut faire les choix que je fais, celui d’Être complètement disponible à mon Père. Ce choix ne se passe pas à la surface de vous-même, il ne s’installe pas par l’effort et le vouloir. Il s’accueille de l’intérieur. Vous savez, comme quand on se sent aimé et que ça fait chaud à l’intérieur au point qu’on ne sait plus si on se sent aimé ou si on se sait aimé, tellement c’est pareil, parce que c’est là, à l’intérieur, et que ce qui vient de l’extérieur n’est qu’un réveil, un rappel et une confirmation de ce qui était déjà là ainsi qu’une invitation à le laisser grandir en soi.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Une seule chose est nécessaire, comme dans l’Evangile annoncé au jeune riche (Mc 10,17-22) : puisque tu as tout et que ça ne suffit pas, vends tout, donne aux pauvres et suis moi. Sois libre, sois disponible !  Revenir. revenir à soi. Cela semble l’essentiel, sans jeu de mots: essentiel car retour à l’Essentiel.  Qui a pensé que revenir, c’est ce qu’on traduit maladroitement par “se convertir”?  La conversion, μετάνοια métanoïa en grec, indique un renversement, un changement de pensée, un retour de soi-même (à ne pas confondre avec la métamorphose qui serait une transformation de soi).   Se convertir, du latin converto, c’est littéralement, se retourner, arrêter  la marche dans une direction illusoire,  se retourner pour se retrouver, revenir.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Pourquoi je parle tout à coup de conversion? Je n’aime pas ce mot d’ailleurs qui aujourd’hui est fortement connoté négativement, soit parce qu’on l’a traduit souvent avec le mot “repentance”, au risque d’induire une culpabilisation excessive et injustifiée (au sens  qu’on ne la justifiait pas !) soit, parce que projeté sur les autres, il exprime le désir de les voir se retourner vers nous, au mépris de la violence qu’il y a  dans une telle démarche de vouloir pour l’autre ce qu’il doit être. Non, se convertir, ce n’est pas ça. C’est revenir. C’est oser se reconnecter avec son être profond et ressentir qu’il n’y a que là qu’on est bien et qu’on peut être homme ou femme de bien. Oser revenir.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Bon, c’est le moment que je le dise…  Le mot qu’on a traduit par “se convertir”, en hébreu, est ShOUB, et son sens originel est justement “revenir”, ou “se retourner pour revenir sur ses pas”. Comme par exemple dans le psaume 79,4 : “Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés !”  Tiens, puisqu’on est dans les psaumes, je ne peux pas m’empêcher de continuer. Au suivant, le psaume 80, on découvre :  « Ah ! Si mon peuple m’écoutait, Israël, s’il allait sur mes chemins !” et au 81 : ” sans savoir, sans comprendre,  ils vont au milieu des ténèbres : les fondements de la terre en sont ébranlés.  Je l’ai dit : Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous ! Pourtant, vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez ! »

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Je l’ai dit, vous êtes des dieux. Dieu n’a pu vous créer, à son image et selon sa ressemblance, sans que vous soyez marqués de son origine divine. D’où vient qu’au lieu de revenir à cette parcelle de divinité en vous, vous soyez toujours en train de courir après une réalisation de vous éphémère, illusoire et impossible  à l’extérieur de vous ? Revenez, oui, revenez, chacun de vous, mon peuple, revenez à vous.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Jacques, Jean, et nous tous qui ressemblons aux fils de Zébédée, nous côtoyons le Maître, cherchant à happer quelque chose de sa présence, de sa puissance ou de son aura. Quelle perte de temps ! Il me semble que j’entends Jésus me dire que le Royaume des cieux n’est pas loin, qu’il ne consiste pas à faire ou à avoir, mais à vivre de sa vie et que sa vie est profondément centrée, équilibrée, connectée, en Dieu, à l’intérieur, à la Source dont il se reçoit. Alors oui, le Royaume n’est pas si loin pour peu qu’on veuille bien revenir, et pas autre chose.

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Et si vous écoutiez, vous sauriez. Car ce n’est pas la première fois que Jésus parle ainsi.  Et après tout ce détour par l’idée de  se retourner et de revenir, il m’apparaît qu’une autre phrase de Jésus  traduit cette invitation à revenir  à Soi, traduite par ” Convertissez-vous  car le Royaume des cieux est tout proche” (Mt 4, 17) et souvent mal comprise  comme s’il fallait “faire” quelque chose, manifestation d’un “convertir” pour mériter le Royaume des Cieux, là où Jésus nous dit simplement  :   “Retournez-vous : vous êtes tout proche de vivre en l’Être de Dieu.”

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Μετανοεῖτε: ἤγγικεν γὰρ ἡ βασιλεία τῶν οὐρανῶν. Metanoeiteēngiken gar  basileia tōn ouranōn.

Metanoeite est : “Revenez, faites retour.”
ēngiken est  : “Il est tout proche“, au point que l’on touche déjà cette réalité, d’où parfois la  traduction anglaise “il est à portée de mains“.
gar exprime un lien d’évidence qu’on peut traduire par car, parce que, ou en effet, et que les anglais traduisent par indeed. On pourrait se risquer à le traduire ici par vraiment ou évidement. Ou simplement par OUI.
est l’article défini,féminin,  c’est donc celui-là/celle-là, pas un(e) autre !
basileia est le terme employé pour royaume, mot ô combien mal compris : un royaume, c’est un territoire, mais aussi un pouvoir, une autorité, une gouvernance, l’exercice de cette autorité. Comme il est doux que ce mot soit féminin.
tōn  est la marque du génitif masculin pluriel (complément de nom)
ouranōn est souvent traduit par les cieux, il y a dans  ce mot l’idée à la fois d’une élévation (vers le ciel) et d’un accès à des mondes, pas forcément immédiatement accessibles, qu’ils soient visibles et invisibles. C’est aussi le monde de la vérité,  de ce qui ne nous est pas (encore) connu.

Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

Donc, oui, vous ne savez pas ce que vous demandez quand vous demandez l’exercice d’un pouvoir sur les choses ou les êtres, même pour me faire plaisir, même pour être en accord avec Dieu. Ca ne marche pas comme ça.

Revenez, plutôt à vous-même, car, oui, il est là, tout proche à portée  de mains – Ah que les anthropomorphismes sont piégeants !  Elle est là, toute proche, déjà là, là Présence de Dieu, l’Être qui vous porte et porte les univers.  Il est là, l’Être et l’Etant, toujours disponible. Pourquoi le chercher ailleurs ?

“Vous ne savez pas ce que vous demandez.”

*”Revenez, oui, elle est là, toute proche, la Présence de Dieu.”

 

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Zabulon – 18/10/2015

Source image :  Oscar & Moisés sur hairflips.net

frere-de-Jesus

 

Régulièrement, revient en débat  la question des frères de Jésus.

Jésus a-t-il eu des frères de sang ?

La réponse de ceux qui veulent tenir l’origine divine du Christ et la virginité de Marie est évidemment que ce n’est pas possible. C’est la position actuelle de l’Eglise Catholique : ” Jésus , eût-il des frères ? Non, bien sûr que non ! C’était des cousins, ou une parenté élargie, comme il est d’usage au Proche-Orient.”  L’Eglise orthodoxe admet, quant à elle que Jésus aurait peut-être eu des demi-frères, issus d’un premier mariage de Joseph,  mais n’explique pas alors pourquoi dans la fratrie , Jésus – qui ne serait pas  alors le premier enfant – serait héritier du trône de David, et accessoirement pourquoi on accomplit pour lui au Temple les rites réservés au premier-né.  Peut-être Joseph veut-il faire plaisir à sa jeune épouse, pourrait-on imaginer, mais au mépris des usages et rites du temps ? Curieux.

Jésus, a-t-il eu des frères de sang ?

Les textes canoniques, comme les apocryphes (qui ne sont pas déniés de toute valeur), comme la documentation historique existant par ailleurs pour cette époque, parlent d’ adolphos,ce qui désigne en grec, sans aucun doute possible, des frères de sang. Les textes du Nouveau Testament savent très bien faire la différence entre  le frère, le cousin, l’ami, l’apôtre, le disciple. Seuls certains, et toujours les mêmes,  sont désignés sous l’appellation “frère de Jésus”.

Jésus a-t-il eu des frères ?

Oui, semble-t-il. Jacques, Jude,  autres frères et deux soeurs,
personnages importants de la communauté naissante  (ou déjà née du vivant de Jésus) à Jérusalem.

Jacques, frère du Seigneur, sera le premier évêque de Jérusalem. A lui se réfèrent les premiers chrétiens. Paul, mais aussi Pierre, respectent son autorité. Les premiers mots de la seule lettre écrite sous son nom sont les suivants : ” De  la part de Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. J’adresse mes salutations à l’ensemble du peuple de Dieu dispersé dans le monde entier.“(dans la version ZeBible, ou dans la nouvelle traduction liturgique : “JACQUES, SERVITEUR DE DIEU et du Seigneur Jésus Christ, aux douze tribus de la Diaspora, salut !“)

Jésus a-t-il eu des frères ?

Il eût des amis aussi.

Des gens privilégiés qui le connurent et partagèrent son intimité.
Parmi ceux-ci, certains paraissent plus proches encore.
Pierre, Jacques (autre Jacques) et Jean,
témoins privilégiés de certaines révélations,
dont la Transfiguration,
ce qui laisse penser que Jésus
a donné des enseignements particuliers
à quelques-uns.

Et puis, il y a aussi Didyme, Thomas, le jumeau.

Thomas, le disciple fidèle mais qui ne comprend rien,
à qui il faut tout expliquer en détail,
celui qui doit voir pour croire,
toucher pour savoir,
goûter pour reconnaître,
et enfin savourer la Présence.

Certains, ceux qu’on affuble aujourd’hui avec dédain
du nom de gnostiques, y ont vu l’image du double, du miroir.

Thomas est l’archétype de l’homme qui est appelé à croire,
de l’homme appelé à s’abandonner à l’Esprit du Seigneur
et à se laisser modeler pour devenir tel le Seigneur lui-même.

Thomas, c’est cet âne bâté d’humain,
si lent à voir, si lent à croire,
invité à devenir tel le Christ lui-même,
à se laisser façonner par l’Esprit de Jésus vivant
au point que s’imprime en lui le visage et le message de Jésus
et que l’on ne puisse plus les distinguer.

Thomas, ce jumeau, ce double, c’est toi, c’est moi,
c’est toute l’humanité.

Frères, amis, jumeau…

Jésus eût-il des frères ?

Toi, ami, il t’invite à devenir son frère.

Zabulon

 

frères-de-Jésus

 & & &

Pour en savoir plus sur Jacques le Juste, frère de Jésus, voir l’excellent livre de Simon Claude Mimouni,  Jacques le juste, frère de Jésus de Nazareth, ouvrage très documenté mais qui pourra paraître assez ardu aux non spécialistes. Bien que convaincant, ce n’est pas forcément le dernier mot sur la question. La question des frères de Jésus est également agitée par Françoise Chandernagor qui publie un roman, Vie de Jude, frère de Jésus, appuyé sur une forte documentation historique, sur Jude, autre “frère du Seigneur”, à qui elle fait raconter fictivement les évènements. Pour illustrer que le débat est loin d’être clos, voir la réaction de Renaud Silly, dominicain toulousain, dans un article publié sur le site du Figaro, intitulé “Jésus, avait-il des frères ?” L’auteur réfute que Jésus ait pu avoir des frères de sang au motif principal que l’on ne comprendrait pas alors pourquoi Jésus confie Jean à sa mère, et Marie à Jean, avec ces paroles : “Femme, voici ton fils ” et au disciple (qu’il aimait) : “Voici ta mère“.

En lisant l’ouvrage  de Mimouni, qui ne s’attarde pas à cet argument, il est vrai, on comprend néanmoins qu’il peut être balayé ou à tout le moins discuté aisément, l’Evangile de Jean ayant été écrit plus tardivement que les traditions qui parlent des frères du Seigneur, à un moment où le débat sur l’origine divine du Seigneur était déjà lancé et créait certains clivages dans la communauté des premiers disciples. Car, derrière l’écrit, c’est l’intention qu’il faut chercher : si elle est réelle, pourquoi nier l’existence de la fratrie de Jésus si ce n’est pour valoriser son essence divine, essence qui serait dévalorisée par une famille humaine ( sperme et sang sont considérés alors comme des souillures). Si elle n’est pas réelle, pourquoi donc la soutenir sinon pour insister sur la valeur historique de Jésus , son incarnation  et son rattachement au peuple juif. Les deux intentions sont nobles et pas forcément contradictoires.

Bref, le débat n’est pas clos…

Mimouni-Jacques-le-juste Chandernagor-Vie-de-Jude


Chris Garneau - La plus belle

“Ce soir, je serai la plus belle,
pour aller danser…”

Ca commence doucement.
Je connais cette chanson.
Ca fait bizarre.

Cette voix d’homme qui chante ces paroles:
“ce soir, je serai la plus belle”…
Non, ça ne se fait pas,
c’est choquant !

Quelque chose en moi se révolte.
Non, ça ne se fait pas !

Et pourtant, il y a quelque chose dans cette voix,
quelque chose de touchant.

Alors, je ferme les yeux.
Et j’écoute.
” Ce soir, serai la plus be-el-el-el-le…”
Je me laisse emporter
par cette voix si profonde,
et je me souviens.

Je l’ai chantée, fredonnée,
cette chanson.
Elle voulait dire quelque chose
pour moi.
Alors,
aujourd’hui encore…


La plus belle pour aller danser par Chris Garneau.

 

Je me souviens
mes murmures d’amour
vers toi mon Seigneur,
que mon âme a rêvé être la plus belle
pour aller danser
avec toi mon Seigneur,
mon Roi,
mon Prince,
mon Amour.

Tu peux me donner le souffle
qui manque à ma vie
dans un premier cri de bonheur.

Ce soir, je serai la plus tendre
quand tu me diras – diras ! _
tous les mots que je veux entendre
murmurer par toi, par Toi !

J’écoute et j’entends mon bien-aimé qui m’appelle.

“Le voici, il vient !
Sautant par dessus les montagnes,
bondissant par dessus les collines,
mon bien-aimé est comme une gazelle
ou le petit d’ne biche.
Le voici, il s’arrête derrière le mur,
et il regarde par la fenêtre,
il m’épie par le treillis.
Mon bien-aimé chante et me dit :

Debout, toi ma compagne,
ma belle, viens-t-en
car l’hiver est passé...”

(Ct, 2, 8-10)

Oh oui ce soir, je veux être la plus belle,
pour aller danser.
Tu viens me chercher, n’est-ce pas,
mon bonheur, ma vie,
mon roi ?

Je sais
que ce sont des amours éternelles,
il faut que je sois la plus belle,
la plus belle pour aller danser…

Puis-je oser ?

Oh si tu veux ce soir cueillir
le printemps de mes jours
et l’amour en mon coeur…

Zabulon

no where

« Pays de Zabulon et pays de Nephtali,
route de la mer et pays au-delà du Jourdain,
Galilée des nations ! »

(Mt 4,15)

On entend assez peu parler de Zabulon et Nephtali , sauf dans les citations bien connues d’Isaïe qui sont citées dans les Evangiles du temps de Noël. Allez, allez, voici une petite étude rapide pour faire le point sur ce pays et ces gens de Zabulon dont ce blog se réclame.

– Où est le pays de Zabulon ?
Qui est Zabulon ?
– Pourquoi Zabulon ?

Ca vous va ?… c’est parti !

1°) Où est le pays de Zabulon ?

Le pays de Zabulon est situé en Galilée, au nord d’Israël. La Galilée est une province du nord de la Palestine , créée pour des raisons administratives. Elle regroupe les territoires accordés à 4 tribus d’Israël : Asher, Zabulon, Nephtali et Issachar Le nom « Galilée » vient du mot hébreu gālīl (« district »).

Les 12 tribus d’Israël correspondent aux 12 enfants de Jacob et la répartition géographique à l’entrée en Canaan sous la conduite de Josué. La Terre Promise est alors confiée aux représentants de ces douze tribus à l’exception de la tribu de Lévi qui n’a pas de territoire propre car elle est affectée au service divin sur l’ensemble de la Terre Promise, et à l’exception aussi la tribu de Joseph qui reçoit deux territoires pour ses fils Manassé et Ephraïm.

12 tribus d'Israël

« Terre de Zabulon, terre de Nephtali, chemin de la mer…”

Quant à ses délimitations, cela a probablement varié dans l’histoire et encore aujourd’hui reste assez confus. Plusieurs passages bibliques semblent attester qu’à une époque le pays de Zabulon devait s’étendre de Tibériade à la côte méditerranéennes (Gn 49,13 ; Josué 19, 10). Durant l’ère grecque, l’existence d’une ville nommée Zabulon andrôn, à proximité de Ptolémaïde (St Jean D’acre) plaide également en ce sens, même si la ville semble avoir d’abord appartenu à la tribu d’Asher. Elle atteste en tout cas d’une certaine richesse de la tribu de Zabulon, probablement renforcée par les relations commerciales rendues possibles tant par mer que par terre. La mention andrôn indique qu’elle est très peuplée. La ville a été détruite par l’armée romaine de Celtius lors de la « guerre des Juifs ». Certains auteurs pensent que le pays de Zabulon s’étendait le long de la vallée de Jézréel jusqu’aux monts Carmel.

En fait, sur l’ensemble des citations bibliques de lieux, seuls 19 peuvent être attestés comme étant du pays de Zabulon. La tribu de Zabulon a été une des premières déportées dans l’histoire et son pays saccagé au point qu’il est difficile aujourd’hui de connaître les limites exactes du pays de Zabulon.

« Terre de Zabulon, terre de Nephtali, carrefour des nations…”

Les soubresauts de l’histoire ont fait varier les frontières et dans la répartition la plus récente le pays de Zabulon est niché au milieu du territoires des trois tribus amies : Asher, Nephtali et Issachar. Isaïe et les Evangélistes citent ensemble le pays de Zabulon et de Nephtali. Cela correspond bien à leur histoire commune dans les succès comme dans les épreuves, tant ces tribus se sont montrées réellement alliées. Cela illustre peut-être aussi que quelle qu’en soit la cause ou l’accord une partie du pays de Zabulon aurait été concédée à Nephtali.

Le pays de Zabulon fait donc partie de la Galilée, plus exactement de la basse Galilée. Dans cette région on trouve le mont Thabor dont la tradition talmudique dit que ce fut le seul mont épargné par le déluge, lieu également où la tradition chrétienne situe l’Ascension du Christ même si le nom n’est pas indiqué dans les Evangiles. Mais après sa Résurrection, Jésus convie ses disciples en Galilée, leur apparaît sur le lac de Tibériade, et disparaît à leur yeux après s’être élevé de la montagne où Jésus leur (aux onze disciples) avait ordonné de se rendre (Mt 18,16). Une autre tradition évoque le mont Hermon, plus au nord, à la frontière du Liban. (« Viens du Liban, ma fiancée… »)

A l’époque de Jésus on y trouve surtout une petite bourgade du nom de Nazareth, et non loin de là une autre nommée Bethléem, dont certains ont cru qu’il s’agissait de la ville de la naissance du Christ. Sans être écartée complètement (il y a toujours de nouvelles découvertes et hypothèses), il est peu probable que ce soit le Bethléem de la nativité, qui est clairement indiqué dans les Ecritures comme étant Bethléem de Judée (Juda) et non de Galilée ou de Zabulon. La ville de Ruth et Booz, la ville de Jessé, la ville de David, c’est Béthléem en Judée, près d’H2bron et Jérusalem.

“De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ?”

Au temps historique de Jésus, et depuis de nombreuses décennies, on ne parle plus depuis longtemps ni du pays ni de la tribu de Zabulon. Les dernières fouilles archéologiques semblent attester que Nazareth est une bourgade simple et agricole abritant une dizaine de familles.

Voici quelques extraits d’un article très intéressant du Dr James Fleming à propos de Nazareth :

« Nazareth était un village petit et insignifiant à l’époque de Jésus. Bien qu’on puisse attester sa création dans les années 600 à 900 avant notre ère, il était trop petit pour être inclus dans la liste des lieux d’habitation de la tribu de Zabulon (Josué 19: 10-16), qui mentionne douze villes et six villages. Nazareth n’est pas non plus citée parmi les 45 villes de la Galilée mentionnées par Josèphe, et son nom est absent des 63 villes de Galilée mentionnées dans le Talmud. Il semble que les mots de Nathanaël de Cana, “Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth? » (Jean 1,47), caractérisent bien l’apparente insignifiance de ce site. Il est inutile de dire que le peuple de Judée n’avait jamais entendu parler de Nazareth. »

Jésus de “nulle part” (nowhere)

L’auteur continue :

« A partir de cela, nous comprenons mieux pourquoi Ponce Pilate décore la croix avec le signe “Jésus de Nazareth, roi des Juifs» (Jean 19,19). Cela signifie que le « roi des Juifs » est de « nulle part » (nowhere). Le premier nom de « nazaréens » donné aux chrétiens pourrait très bien être un surnom péjoratif donné par les habitants de Judée aux disciples de Jésus (Matthieu 26,71, Actes 6, 38). En Galilée, Jésus est connu comme “Jésus de Nazareth” (Matthieu 21,11, Marc 14,67) – mais pour ceux qui ne sont pas de Galilée, ce nom n’avait aucun sens. Pour expliquer où se trouvait Nazareth, les Galiléens avaient pour habitude de dire que le village était près de Gat-Hefer (la ville natale de Jonas, 2R 14,25), qui pouvait être vue de Nazareth. »

galilee-01Quelle ironie, n’est-ce pas que le Sauveur vienne d’un pays perdu, celui d’une tribu quasi disparue et oubliée, pire d’un bled paumé d’où il n’y a rien à attendre ?

Isaïe avait vu juste, longtemps, longtemps avant sa naissance. Assez longtemps pour que personne ne s’en souvienne.

C’est de nulle part qu’il va surgir, de là où on ne l’attend pas, de là où il n’y a rien à attendre, là où l’amour de Dieu pour son peuple peut germiner sans bruit et sans risque de récupération.

Les notables et savants de Judée n’attendaient vraiment plus rien de ce coin perdu de Galilée qui pourtant avait rendu service loyalement à tout Israël.

Une autre fois, je vous en parlerai. La tribu de Zabulon, ce n’était pas n’importe qui. Dieu est fidèle à ceux qui le servent. Et de rien, il fait toutes choses. Il y a le temps de l’endormissement et celui du réveil.

Je ne sais pas si le pays de Zabulon allait jusqu’au Liban. Mais si l’on se pose un instant à Jérusalem, mère des nations… je le vois bien venir le fiancé, de la direction du Liban, du pays de Zabulon, de ce trou perdu où tranquillement il est éduqué à l’amour humain dans une famille qui accueille inconditionnellement l’amour et les promesses de Dieu. Amour et promesse, car c’est tout un.

« Ah filles de la capitale, au nom des gazelles en liberté,
Je vous le demande instamment : n’éveillez pas l’amour,
Ne le provoquez pas avant qu’il y consente !
» (Ct 2, 7)

« Viens avec moi, ma promise,
Quitte les monts du Liban et viens avec moi ;
Descends des sommets de l’Amana, du Senir et de l’Hermon.
Fuis ces repaires de lions, ces montagnes pour panthères.
Par un seul de tes regards tu me fais battre le cœur,
Petite sœur, ma promise,
Par un seul mouvement de ton cou gracieux.
Comme ton amour me ravit, petite sœur, ma promise !
Je le trouve plus enivrant que le vin,
Et ton huile parfumée m’enchante
Plus que tous les baumes odorants.
»
(Ct 3,8-10)

Viens du Liban

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